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Feb 19, 2007 00:00
ROME, Lundi 19 février 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le discours que le pape Benoît XVI a prononcé au cours de l’audience qu’il a accordée samedi 17 février aux participants à la rencontre (15-17 février) des nonces apostoliques et représentants pontificaux des pays d’Amérique latine en préparation à la Ve Conférence générale de l'épiscopat latino-américain convoquée et présidée par le secrétaire d’Etat, le cardinal Tarcisio Bertone, à laquelle ont également participé plusieurs représentants de la curie romaine. La Ve Conférence générale de l’épiscopat latino-américain aura lieu du 13 au 31 mai.
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Vénérés frères,
Je suis très heureux de vous accueillir, au terme de votre réunion en préparation à la Ve Conférence générale de l'épiscopat latino-américain. J'adresse à chacun mon salut cordial, en commençant par Monsieur le cardinal Tarcisio Bertone, mon secrétaire d'Etat, que je remercie des paroles à travers lesquelles il s'est fait l'interprète des sentiments communs. Je remercie Messieurs les cardinaux présidents du CELAM, ainsi que les responsables des dicastères de la curie romaine, qui ont offert leur contribution à vos travaux. Je saisis en particulier cette occasion pour vous renouveler, à vous, nonces apostoliques présents, ainsi qu'à tous les représentants pontificaux, l'expression de ma reconnaissance pour l'important service ecclésial que vous accomplissez, souvent au prix de nombreuses difficultés, dues à l'éloignement de votre patrie d'origine, aux fréquents déplacements et parfois aux tensions sociopolitiques présentes dans les lieux où vous œuvrez. Dans le déroulement de votre délicate fonction, qui est certainement toujours animée d'un profond esprit de foi, que chacun de vous se sente accompagné par l'estime, l'affection et la prière du pape.
Chaque nonce apostolique est appelé à consolider les liens de communion entre les Eglises particulières et le successeur de Pierre. C'est à lui qu'est confiée la responsabilité de promouvoir, avec les pasteurs et tout le peuple de Dieu, le dialogue et la collaboration avec la société civile pour réaliser le bien commun. Les Représentants pontificaux sont la présence du pape, qui se fait proche à travers eux de tous ceux qu'il ne peut rencontrer en personne et, en particulier, de tous ceux qui vivent dans des conditions de difficulté et de souffrance. Chers frères, votre ministère est un ministère de communion ecclésiale et votre service est un service à la paix et à la concorde dans l'Eglise et entre les peuples. Soyez toujours conscients de l'importance de la grandeur et de la beauté de votre mission et efforcez-vous sans vous lasser de la réaliser avec un dévouement généreux.
La Providence divine vous a appelés, vous tous ici présents, à accomplir votre service en Amérique latine, définie par le bien-aimé Jean-Paul II — qui l'a visitée à plusieurs reprises — « continent de l'espérance », comme cela a déjà été dit. Si Dieu le veut, j'aurai la joie de prendre personnellement contact avec la réalité de ces pays en étant présent, s'il plaît à Dieu, à l'ouverture de la Ve Conférence générale de l'épiscopat latino-américain, à Aparecida, au Brésil, au mois de mai prochain. Dans un certain sens, cette assemblée résume et se place dans le sillage des conférences générales précédentes, tandis qu'elle s'enrichit des nombreux dons « post-conciliaires » du Magistère pontifical — je pense en particulier à l'exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in America — comme également des fruits du chemin synodal de l'Eglise catholique. On se propose de définir les grandes priorités et de susciter un élan renouvelé à la mission de l'Eglise au service des peuples latino-américains dans les situations concrètes du début de ce XXIe siècle. Cette synthèse renvoie à la tradition de la catholicité, qui, grâce à une extraordinaire épopée missionnaire, s'est faite présente et a marqué de son empreinte la structure culturelle qui caractérise jusqu'à aujourd'hui l'identité latino-américaine. Telle est la vocation originelle — comme le disait mon regretté prédécesseur Jean-Paul II à Saint-Domingue —, « de peuples que la géographie elle-même, la foi chrétienne, la langue et la culture ont unis définitivement dans le cheminement de l'histoire » (Discours d'ouverture de la IVe Conférence générale de l'Episcopat latino-américain, 12 octobre 1992, n. 15; cf. Osservatore Romano en Langue Française n. 42 du 20 octobre 1992).
Précisément à partir du thème de cette importante réunion : « Discípulos y misioneros de Jesucristo para que nuestros pueblos en Él tengan vida » (Disciples et missionnaires de Jésus Christ, pour que notre peuple ait la vie en Lui), vous aussi, ces jours-ci, vous avez eu l'occasion de souligner certains défis que l'Eglise rencontre dans votre vaste milieu latino-américain, inséré dans les dynamiques mondiales et toujours plus conditionné par les effets de la mondialisation. Face à ce défi, les nations qui le composent cherchent de diverses façons à affirmer leur identité et leur poids sur le chemin historique du monde d'aujourd'hui ; elles s'efforcent souvent, au prix de nombreuses difficultés, de consolider la paix intérieure de leur nation. Se sentant « sœurs », elles visent à devenir également une communauté, unie dans la paix et dans le développement culturel et économique. L'Eglise, signe et instrument d'unité pour tout le genre humain (cf. Lumen gentium, n. 1), se trouve naturellement en accord avec toutes les aspirations légitimes des peuples à une plus grande harmonie et coopération, et apporte la contribution qui lui est propre, c'est-à-dire celle de l'Evangile. Elle souhaite que dans les pays latino-américains où les Chartes constitutionnelles se limitent à « accorder » la liberté de croyance et de culte, mais ne « reconnaissent » pas encore la liberté religieuse, on puisse définir au plus tôt les relations réciproques fondées sur les principes d'autonomie et de saine et respectueuse collaboration. Cela permettra à la communauté ecclésiale de développer toutes ses potentialités au bénéfice de la société et de toute personne humaine, créée à l'image de Dieu. Une correcte formulation juridique de ces relations ne pourra pas manquer de tenir compte du rôle historique, spirituel, culturel et social joué par l'Eglise catholique en Amérique latine.
Ce rôle continue d'être fondamental, notamment grâce à l'heureuse fusion entre l'antique et riche sensibilité des peuples autochtones et le christianisme et la culture moderne. Certains milieux, nous le savons, dénoncent une opposition entre la richesse et la profondeur des cultures pré-colombiennes et la foi chrétienne, présentée comme une imposition extérieure ou une aliénation pour les peuples d'Amérique latine. En vérité, la rencontre entre ces cultures et la foi dans le Christ fut une réponse attendue intérieurement par ces cultures. Cette rencontre ne doit donc pas être niée, mais approfondie, car elle a créé la véritable identité des peuples d'Amérique latine. En effet, l'Eglise catholique est l'institution qui jouit du plus grand crédit auprès des populations latino-américaines. Elle est active dans la vie des peuples, estimée en vertu du travail qu'elle accomplit dans les domaines de l'éducation, de la santé et de la solidarité à l'égard des personnes dans le besoin. L'aide aux pauvres et la lutte contre la pauvreté sont et demeurent une priorité fondamentale dans la vie des Eglises en Amérique latine. L'Eglise est également active dans les interventions de médiation qui lui sont souvent demandées à l'occasion de conflits internes. Une présence aussi forte doit toutefois tenir compte aujourd'hui, entre autres, du prosélytisme des sectes et de l'influence croissante du sécularisme h édoniste post-moderne. Nous devons sérieusement réfléchir sur les causes de l'attraction des sectes pour trouver la réponse juste. Face aux défis du moment historique actuel, nos communautés son appelées à renforcer leur adhésion au Christ pour témoigner d'une foi mûre et pleine de joie et — en dépit de tous les problèmes — les potentialités sont véritablement immenses. Et tout aussi immenses sont les potentiels spirituels auxquels peut puiser l'Amérique latine, où les mystères de la foi sont célébrés avec une dévotion fervente et où la confiance en l'avenir est alimentée par la croissance des vocations sacerdotales et religieuses. Il est naturellement nécessaire d'accompagner avec une grande attention les jeunes sur le chemin de la vocation, et d'aider les prêtres, les religieux et les religieuses à persévérer dans leur vocation. Un immense potentiel missionnaire et évangélisateur est également offert par les jeunes, qui constituent plus des deux tiers de la population, tandis que la famille demeure « une caractéristique primordiale de la culture latino-américaine », comme l'a dit mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II lors de la rencontre de Puebla, au Mexique, en janvier 1979 (cf. Osservatore Romano en Langue Française n. 8 du 20 février 1979).
Une attention prioritaire doit être accordée à la famille, qui montre des signes de faiblesse sous les pressions de lobbies capables d'influencer de façon négative les processus législatifs. Les divorces et les unions libres sont en augmentation, tandis que l'adultère est considéré avec une tolérance injustifiable. Il faut répéter que le mariage et la famille trouvent leur fondement dans le noyau le plus intime de la vérité sur l'homme et sur son destin ; ce n'est que sur le roc de l'amour conjugal, fidèle et stable, entre un homme et une femme, que peut s'édifier une communauté digne de l'être humain. Je souhaiterais aborder d'autres thèmes religieux et sociaux sur lesquels vous avez eu l'occasion de réfléchir. Je me limite à citer le phénomène des migrations, étroitement lié à la famille ; l'importance de l'école et l'attention aux valeurs et à la conscience, en vue de former des laïcs mûrs, capables d'offrir une contribution qualifiée à la vie sociale et civile ; l'éducation des jeunes avec des programmes de vocation adaptés qui accompagnent de façon particulière les séminaristes et les aspirants à la vie consacrée sur leur chemin de formation ; l'engagement en vue d'informer de façon adéquate l'opinion publique sur les grandes questions éthiques selon les principes du Magistère de l'Eglise, et une présence efficace dans le domaine des moyens de communication, également pour répondre aux défis des sectes. Les mouvements ecclésiaux constituent certainement une ressource précieuse pour l'apostolat, mais il faut toujours les aider à demeurer fidèles à l'Evangile et à l'enseignement de l'Eglise, même lorsqu'ils œuvrent dans le domaine social et politique. En particulier, je ressens le devoir de répéter qu'il n'appartient pas aux ecclésiastiques de prendre la tête d'associations sociales ou politiques, mais à des laïcs mûrs et préparés professionnellement.
Chers frères, en ces jours, vous avez réfléchi et dialogué ensemble ; vous avez surtout prié ensemble. Nous demandons au Seigneur, par l'intercession de Marie, que les fruits de votre réunion et de la prochaine Conférence générale de l'épiscopat latino-américain aillent au bénéfice de toute l'Eglise. Je vous remercie une fois de plus pour tout le travail que vous avez accompli. De retour dans vos pays, faites-vous les interprètes de mes sentiments cordiaux auprès des pasteurs et des communautés chrétiennes, des gouvernements et des populations. Transmettez l'assurance de la proximité spirituelle du pape en particulier à vos collaborateurs, aux religieuses et à tous ceux qui coopèrent au bon fonctionnement des sièges de vos nonciatures. A tous et à chacun, je donne de tout cœur une Bénédiction apostolique particulière.
© Copyright du texte original en italien : Librairie Editrice Vaticane
Traduction réalisée par Zenit
Feb 19, 2007 00:00
Feb 19, 2007 00:00