ROME, Lundi 29 janvier 2007 (ZENIT.org) – Les tribunaux ecclésiastiques aussi manifestent la « beauté » du mariage, a rappelé samedi dernier, le pape Benoît XVI aux juges, aux officials, et à Mgr Antoni Stankiewicz, doyen du tribunal de la Rote romaine, qu’il a reçus à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire. Les causes pour déclaration de nullité d’un mariage sont les plus nombreuses soumises à la Rote romaine.
Benoît XVI a ainsi proposé sa réflexion sur le rôle de la Rote romaine. Face au danger des interprétations « douteuses » des normes canoniques, le pape a demandé aux membres de ce tribunal qui se penche sur les causes de déclaration de nullité du mariage, « de réagir avec courage et confiance », et de ne pas « se laisser séduire par diverses interprétations qui impliquent une rupture avec la tradition de l’Eglise ».
« La responsabilité face à la vérité est particulièrement importante actuellement, soulignait le pape. Tout en restant fidèles à votre devoir, faites que votre action s’inscrive harmonieusement dans une redécouverte globale de la beauté de cette ‘vérité sur le mariage’, la vérité du ‘principe’, que Jésus nous a enseigné et que l’Esprit Saint rappelle continuellement dans l’Eglise d’aujourd’hui ».
Benoît XVI expliquait que le sens du mariage traverse une crise du fait du « relativisme éthique » répandu aujourd’hui y compris chez de nombreux croyants, et qui conduit à « dénaturer » la vérité inhérente à l’union conjugale, expliquait le pape : une union qui révèle le « puissant lien établi par Dieu » dans la relation homme-femme, et qui ne peut donc pas être sujette au seul libre arbitre des personnes ni à l’instabilité des sentiments humains, et ne peut pas non plus être « manipulée » à loisir par la jurisprudence, dans les cas de déclaration de nullité d’un mariage, même si l’on estime en cela agir pour le bien des personnes.
« L’expression ‘vérité du mariage’, disait le pape, perd de sa pertinence existentielle dans un contexte culturel marqué par le relativisme et le positivisme juridique, qui considèrent le mariage comme une simple formalisation sociale des liens affectifs. Par conséquent, il ne devient pas seulement contingent, comme les sentiments humains peuvent l’être, mais il se présente comme une superstructure légale que la volonté humaine pourrait manipuler selon son bon plaisir, en la privant même de son caractère hétérosexuel ».
Cette crise du sens du mariage se fait ressentir, continuait le pape, « aussi dans la façon de penser de nombreux fidèles » et « les affections pratiques » se ressentent « de façon particulièrement intense dans le domaine du mariage et de la famille ».
Pour le pape, une certaine idée qui ne considère plus le lien matrimonial comme indissoluble s’est répandue aussi dans certains milieux de l’Eglise, en raison de ce qu’il appelle un « sens mal placé de la solidarité », envers des chrétiens dits « normaux ».
Au nom de cette idée, on voudrait, continuait le pape, une « régularisation canonique », même pour les personnes en « situation matrimoniale irrégulière » et cela, disait le pape, « indépendamment de la validité ou de la nullité de leur mariage, indépendamment donc de la ‘vérité’ concernant leur condition personnelle ».
« La voie de la déclaration de la nullité matrimoniale est de fait considérée comme un instrument juridique pour atteindre cet objectif, selon une logique dans laquelle le droit devient la formalisation des prétentions subjectives ».
Benoît XVI évoquait l’enseignement de ses prédécesseurs, affirmant que le mariage possède « sa vérité à la découverte et à l’approfondissement de laquelle concourent de façon harmonieuse la raison et la foi ».
« Chaque mariage est certainement le fruit du libre consentement de l’homme et de la femme », a affirmé le pape, mais leur liberté traduit la capacité qu’ils ont d’unir pour toujours ces dimensions naturelles de masculinité et féminité, crées par Dieu dans le dessein de la création et de la rédemption ».
« Face à la relativisation subjective et libertaire de l’expérience sexuelle, la tradition de l’Eglise affirme avec clarté le caractère naturellement juridique du mariage, c’est-à-dire son appartenance par nature dans le domaine de la justice dans les relations interpersonnelles ».
« Amour et droit peuvent ainsi s’unir, jusqu’au point de faire en sorte que le mari et la femme se doivent mutuellement amour qu’ils éprouvent : l’amour est en eux le fruit de leur vouloir librement le bien de l’autre et des enfants ; c’est d’ailleurs également ce qu’exige l’amour de chacun pour son propre bien ».