Mgr Wielgus, contraint à collaborer sous la menace, proteste le card. Glemp

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Un jugement sommaire, sans possibilité de se défendre

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ROME, Mercredi 10 janvier 2007 (ZENIT.org) – Au lendemain de la démission de l’archevêque de Varsovie, Mgr Stanislas Wielgus, le cardinal Jozef Glemp rappelle le fonctionnement des anciens services secrets communistes. Ces services, rappelle-t-il, visaient surtout le clergé, “qui était perçu comme le milieu le plus indépendant et le plus patriotique” et ont soumis le prêtre à de fortes menaces. Il déplore en tous cas que Mgr Wielgus ait été condamné sans autre forme de procès, et sans possibilité de défense.

Le cardinal a en effet dénoncé les anciens persécuteurs de l’Eglise dans son homélie de dimanche dernier, lors de la messe d’action de grâce pour son ministère, célébrée en lieu et place de la messe d’installation de son successeur, nommé le 6 décembre, entré en fonction le 5 janvier, et démissionnaire le 7, Mgr Wielgus. Nous publions quelques extraits de l’homélie du cardinal.

* * *

En ce dimanche, fête du jour du Baptême du Seigneur, s’achève le temps de Noël et s’ouvre le cycle liturgique des messes et des liturgies qui parlent de l’activité de Jésus Christ pour la formation de l’Eglise durant son existence sur terre. Mais ce dimanche est aussi le dimanche du Serviteur de Dieu. (…)

Mgr Wielgus mérite de faire partie de ces personnes que nous considérons serviteurs de Dieu. Oui! Mgr Wielgus est un serviteur de Dieu. Dans sa vie, il a dû affronter des situations difficiles, mais ces péripéties servent à former l’homme, car celles-ci lui donnent la possibilité de mieux comprendre notre dépendance vis-à-vis de Dieu et, en même temps, de mieux voir le mal.

Du curriculum vitae de l’archevêque de Varsovie il ressort que Mgr Wielgus aimait les sciences, surtout la théologie, la science de l’Eglise. Et les superbes résultats qu’il obtenait dans ce domaine attiraient aussitôt l’attention des services secrets de l’Etat communiste. Qu’étaient ces services secrets ? Il s’agissait d’une organisation, d’une institution de la République Populaire Polonaise, qui veillait à ce que les citoyens aient un « caractère correct ».

Elle faisait tout pour qu’il n’y ait pas trop de bourgeoisie, trop de déviations idéologiques, trop de dévotion religieuse ; elle tentait en somme de former les gens selon le modèle marxiste-léniniste, un modèle qui nous était imposé. Il s’agissait d’une organisation très importante qui pénétrait dans toute la société, surtout dans le clergé, qui était perçu comme le milieu le plus indépendant et le plus patriotique.

L’idéologie communiste passait, tel un rouleau compresseur, sur les consciences des Polonais pour tout aplatir au niveau du socialisme. En Pologne ce rouleau compresseur n’était pas aussi dur que dans les autres pays communistes, mais il était omniprésent et touchait surtout les personnes les plus sages, dotées d’une grande intelligence, tentant alors de les dominer.

Malheureusement aujourd’hui on ne connaît plus, si ce n’est à travers les récits historiques, les méthodes de travail et les stratégies employées par les services secrets.

Mgr Wielgus est tombé dans le cyclone car c’était un prêtre plein de zèle. Et un prêtre plein de zèle ne plaisait pas. Il recevait donc de nombreux reproches. Aujourd’hui, avec un peu trop de légèreté on peut dire qu’il a été impliqué dans ces affaires, mais nous ne savons pas quel type de pression était exercée sur lui, quelles étaient les méthodes utilisées pour l’obliger à signer un acte, un acte sans aucune valeur légale s’il a été signé sous le coup de la menace ou après avoir subi des intimidations. Alors aujourd’hui on se limite au fait sans penser aux circonstances. De plus, nous ne savons pas comment les services secrets se sont débarrassés du serviteur devenu inutile pour eux. Sur cette affaire les documents ne disent rien.

Aujourd’hui un jugement a été porté sur la personne de l’archevêque de Varsovie. Mais de quel type de jugement s’agit-il s’il est fondé sur des morceaux de papier et des documents copiés trois fois ? Nous nous ne voulons pas de ce genre de jugement ou de ce genre de tribunal ! Si l’on a des accusations à porter contre quelqu’un, il faut les formuler et donner à l’intéressé la possibilité de se défendre. Mais, avant toute chose, il doit y avoir des défenseurs, des témoins, des documents dont l’authenticité à été vérifiée.

Dans le cas de Mgr Wielgus cette procédure n’a pas eu lieu. Le jugement porté contre lui n’a pas été prononcé par un tribunal ! L’évêque fut obligé de collaborer sous menaces et attaques verbales. Alors pourquoi son persécuteur ne témoigne-t-il pas aujourd’hui ? On estime qu’il y a des dizaines de milliers de membres des anciens services secrets qui aujourd’hui ont un bon emploi. Pourquoi aucun d’eux n’est aujourd’hui invité à témoigner ?

Aujourd’hui, face à des cas comme celui-ci, il est difficile de croire au sérieux de l’IPN (Institut de la Mémoire Nationale où les services secrets conservent leurs archives ndlr). Le matériel rassemblé et préparé par les services communistes ne doit pas être considéré comme un oracle ; il ne peut et ne doit pas être la seule et unique source d’informations sur les citoyens. Cela serait trop superficiel et malhonnête.

Frères et Sœurs ! Pour évaluer si une personne est vraiment un serviteur de Dieu, l’Eglise ne se base pas seulement sur le passé cristallin. Le passé appartient aussi au Seigneur qui peut accorder son pardon au pénitent et lui donner son absolution. Et ceci ne concerne pas seulement les prêtres, mais toutes les personnes, indistinctement.

De façon plus générale, on peut dire que Dieu dans sa stratégie concernant l’appel de ses Serviteurs n’utilise pas les mêmes critères que nous. Il cherche en l’homme d’autres qualités. Je voudrais rappeler un événement illustrant ce type d’appel. Jésus a choisi Pierre comme chef de son Eglise et du collège des Apôtres. Mais saint Pierre ne fut pas sans tâche, au contraire : sa vie fut caractérisée par des faiblesses et des incertitudes ; il fut également un mauvais conseiller. Et ainsi Pierre avait renié le Seigneur Jésus. Mais ensuite il pleura et le Seigneur lui posa alors la question : « Pierre, m’aimes-tu ? ». A la réponse de Pierre : « Je t’aime. Tu sais que je T’aime », Jésus l’a nommé pasteur suprême de Ses « brebis ». Voila le critère !

Frères et Sœurs, l’Eglise est le Corps Mystique de Jésus Christ, sans pour cela ignorer sa dimension terrestre. Nous sommes ses membres vivants à travers lesquels passe la grâce, et la grâce est l’immensité de la bonté de Dieu. Nous sommes les prêtres venus du peuple et nous sommes faits comme le peuple. Mais nous sommes appelés à servir le peuple par l’intermédiaire du Christ. Pour cette raison, dans les moments difficiles, nous adhérons étroitement au Christ. Il est facile de faire « paître les brebis » quand celles-ci nous écoutent, mais pas lorsqu’elles font preuve d’une certaine aversion, même si les principes sont toujours les mêmes, spécialement le principe de la charité. Plus nous aimerons le Christ et plus nous enseignerons sa charité, plus nous serons de bons prêtres et de bons pasteurs.

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ZENIT Staff

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