ROME, Vendredi 8 décembre 2006 (ZENIT.org) –Après avoir publié hier jeudi (cf. Zenit, 7 décembre), des passages de la préface du livre « Jésus de Nazareth », que le pape Benoît XVI publiera au printemps prochain, nous publions quelques extraits de l’introduction de l’ouvrage (extraits distribués par les éditions Rizzoli).
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Extraits de l’introduction du livre « Jésus de Nazareth » Joseph Ratzinger – Benoît XVI
Introduction
Un premier regard sur le secret de Jésus
( …) En Jésus s’accomplit la promesse du nouveau prophète. En lui se réalise pleinement ce qui était seulement imparfait en Moïse : Il vit en présence de Dieu, non seulement comme ami mais comme Fils, en profonde unité avec le Père. C’est seulement en partant de là que nous pouvons vraiment comprendre la figure de Jésus qui vient à notre rencontre dans le Nouveau Testament. Tout ce qui nous est raconté, les paroles, les faits, les souffrances et la gloire de Jésus, trouve ici son fondement. Si nous laissons de côté ce centre authentique on ne peut pas saisir l’aspect particulier de la figure de Jésus qui devient alors contradictoire et en définitive incompréhensible. C’est seulement à partir de là que peut recevoir une réponse la question que chaque personne, qui lit le Nouveau Testament, doit se poser : D’où Jésus a-t-il tiré son enseignement ? Comment s’explique sa venue ? La réaction de ses auditeurs fut claire : cet enseignement ne vient d’aucune école. Il est radicalement différent de ce que l’on peut apprendre dans les écoles. Ce n’est pas une explication selon les méthodes de l’interprétation, c’est différent, c’est une explication « qui fait autorité ». Nous reviendrons sur cette constatation des auditeurs lorsque nous réfléchirons sur les paroles de Jésus et que nous devrons en approfondir le sens. L’enseignement de Jésus ne provient d’aucun apprentissage humain, quel qu’il soit. Il vient du contact immédiat avec le Père, du dialogue « face à face », du fait de voir ce qui est « dans le sein du Père ». C’est une parole de Fils. Sans ce fondement intérieur cela serait de la témérité. C’est précisément ainsi que le jugèrent les sages au temps de Jésus, justement parce qu’ils ne voulaient pas accueillir son sens intérieur : le fait de voir et de connaître face à face.
Pour connaître Jésus, les allusions récurrentes au fait que Jésus se retirait « sur la montagne », et là priait toute la nuit, « seul » avec le Père, sont fondamentales. Ces brèves allusions lèvent un peu le voile du mystère, elles nous permettent de jeter un regard dans l’existence filiale de Jésus, de distinguer la source de ses actions, de son enseignement et de sa souffrance. Ce « prier » de Jésus est le langage du Fils avec le Père ou sont mêlées la conscience et la volonté humaine, l’âme humaine de Jésus, de façon que la « prière » des hommes puisse devenir participation à la communion du Fils avec le père. La célèbre affirmation de Harnack selon laquelle l’annonce de Jésus est une annonce qui vient du Père et dont le Fils ne fait pas partie – et donc la christologie n’appartient pas à l’annonce de Jésus – est une thèse qui se dément toute seule. Jésus peut parler du Père, tout comme il le fait, uniquement parce qu’il est le Fils et vit en communion filiale avec le Père. La dimension christologique, c’est-à-dire le mystère du Fils qui révèle le Père, la « christologie », est présente dans tous les discours et toutes les actions de Jésus. Un autre point important est ici mis en évidence. Nous avons dit que dans la communion filiale de Jésus avec le Père est mêlée l’âme humaine de Jésus dans l’acte de la prière. Qui voit Jésus voit le père (Jn 14, 9). Le disciple qui suit Jésus est de cette manière mêlé à lui dans la communion avec Dieu. Et c’est cela qui sauve véritablement : le dépassement des limites de l’homme. Ce dépassement était inné chez l’homme en tant qu’attente et possibilité depuis le début de la création en raison de la ressemblance avec Dieu.
[Traduction de travail, de l’italien, réalisée par Zenit]