Congrès missionnaire asiatique : Mgr Orlando Quevedo fait le point

Entretien avec UCANEWS (2 et fin)

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ROME, Mercredi 22 novembre 2006 (ZENIT.org) – Le point sur le récent congrès missionnaire asiatique est fait en ces termes par Mgr Orlando Quevedo : « Le chemin à parcourir est long, mais il y a des raisons d’espérer », indique « Eglises d’Asie », l’agence des missions étrangères de Paris (EDA 451, de la mi-novembre, cf. eglasie.mepasie.org). EDA rappelle en effet que, du 18 au 22 octobre 2006, un millier de délégués venus de vingt-cinq pays d’Asie ont pris part, à Chiang Mai, en Thaïlande, à un « Congrès missionnaire asiatique », le premier du genre.
Dans l’interview ci-dessous, accordée à l’agence d’information catholique Ucanews, à cette occasion, le secrétaire général de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC), Mgr Orlando Quevedo, donne son point de vue sur la signification pour l’Eglise en Asie d’un tel congrès, indique encore EDA. La première partie de l’entretien a été publiée dans notre édition du 16 novembre.

Quelles sont les voies concrètes du dialogue en Asie ?

La première occasion de dialogue interreligieux, c’est lorsque les gens, les laïcs, vivent côte à côte, se mêlent et partagent les épreuves de chaque jour avec leurs voisins. Le chrétien agit de telle ou telle manière en fonction de sa foi et de la croyance en ce que le Seigneur Jésus guide sa vie.

La deuxième chose que les laïcs peuvent faire est, lorsqu’ils constatent des difficultés dans leur voisinage, des problèmes très concrets comme des ordures ménagères non ramassées, des pauvres délaissés, ils agissent pour venir en aide à ceux qui sont dans le besoin, lors de catastrophe naturelle par exemple. C’est là un autre stade du dialogue interreligieux : des personnes de religions différentes agissent ensemble pour une action charitable ou travaillent ensemble pour une action de justice. C’est ce qu’on appelle le dialogue de l’action.

Un autre niveau de dialogue interreligieux est lorsque, dans des moments plus calmes, des personnes de religions différentes se regroupent pour un moment de prière œcuménique ou interreligieuse. Elles prient le même Dieu et, de cette prière ensemble, elles peuvent commencer un partage sur leurs croyances respectives. Le chrétien peut dire : « C’est ainsi que nous prions car c’est ainsi que Jésus nous l’a enseigné : ‘Notre Père qui êtes aux cieux….’ » C’est alors – et alors seulement – que ces personnes peuvent partager leurs expériences religieuses. C’est le partage dans la prière.

Les personnes peuvent aussi partager les enseignements de leurs fois respectives, comme nous le faisons, nous évêques des Philippines, qui entretenons à ce genre de dialogue interreligieux avec les protestants et les ustad (responsables religieux musulmans). Une fois, nous avons évoqué comment le Coran parlait de la paix et comment était considéré le développement humain. Un ustad a témoigné et il m’a été demandé de dire comme la Bible parlait de la paix, du développement social et de la promotion humaine. C’est là un dialogue d’enseignements et nous le menons afin que les gens comprennent que ce que nous faisons et ce que nous croyons est issu des Textes sacrés. Ensuite, les théologiens peuvent se réunir pour commencer à débattre de ces choses avec les universitaires musulmans.

Que l’Eglise doit-elle faire pour que le dialogue porte du fruit ?

Je citerais les laïcs car ils sont souvent laissés de côté. Il est nécessaire de développer une catéchèse pour les gens qui vivent parmi des croyants d’autres religions, la manière dont ils doivent respecter les autres religions et en même temps être convaincus de leurs propres croyances, la façon de partager leurs croyances sans se montrer agressif ou militant, que ce soit dans l’action, la vie de tous les jours ou la prière.

Pour les prêtres, il en va de même, mais une approche plus systématique est nécessaire. Très souvent, les prêtres dans les séminaires abordent les questions doctrinales comme quelque chose qui est enseigné uniquement à ceux qui sont croyants, mais la doctrine doit être intériorisée de telle manière que les prêtres soient en mesure de partager leurs convictions de manière humble et respectueuse avec des personnes qui ne partagent pas leur foi.

De ce point de vue, les catholiques peuvent apprendre des évangéliques. Ils connaissent leur foi. Ils peuvent citer la Bible. Mais nous ne devons pas imiter les manières de faire de certains évangéliques qui tiennent un discours agressif, sur un ton militant, et qui a pour conséquence de fermer les gens et de les dresser les uns contre les autres. Il est important que nous trouvions un juste milieu, dans la modération, l’humilité et le respect. Nous devons développer notre capacité à connaître la théologie de la création, la paroisse, la théologie de la mission, nous montrer capable d’intérioriser cela pour être ensuite en mesure de le communiquer de différentes manières.

Selon vous, quels sont les signes concrets d’espérer en matière de dialogue interreligieux en Asie ?

Une raison concrète d’espérer est, par exemple, le dialogue qui existe entre les évêques et les oulémas au sein de la Conférence des évêques et des oulémas. Il y a peu, des évêques et des oulémas indonésiens se sont rendus à Mindanao, aux Philippines, pour observer ce qui se vit au sein de cette conférence.

Un deuxième signe d’espoir pourrait être les initiatives prises dans certains diocèses philippins pour faire descendre ce dialogue interreligieux du niveau des évêques et des oulémas à celui des imams, des ustad et des prêtres. Quelques paroisses à Mindanao entretiennent un tel dialogue au niveau de la base, la paroisse de Pikit par exemple dans l’archidiocèse de Cotabato, où le dialogue interreligieux a permis de bâtir une communauté d’harmonie et de paix. De tels exemples devraient être généralisés partout où des gens appartenant à différentes religions vivent côte à côte. Le chemin à parcourir est long, mais il y a des raisons d’espérer.

Par ailleurs, parmi les évêques récemment nommés en Asie, on trouve de plus en plus souvent des religieux ou des professeurs de séminaire. Bien souvent, la perspective d’un prêtre diocésain est celle de son Eglise locale. La perspective d’un religieux va au-delà de l’Eglise locale et les professeurs de séminaire ont à cœur le besoin de formation des prêtres pour répondre aux attentes des temps présents et à celles des âmes qui leur sont confiées. Il y a donc des signes qui indiquent que Rome, par les nominations qui sont faites, se montre attentive à la mission et à la formation continue des prêtres.
(fin)

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ZENIT Staff

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