ROME, Mardi 14 novembre 2006 (ZENIT.org) – Le Saint-Siège réclame l’adoption de « mesures législatives, juridiques et sociales pour faciliter » l’intégration des familles immigrées, et la mise en œuvre de la convention internationale dans ce domaine.
La famille est au coeur du message de Benoît XVI, en date du 18 octobre, pour la 93e Journée mondiale du migrant et du réfugié, fixée au 14 janvier 2007, sur le thème: « La famille migrante ».
Benoît XVI invite à « contempler la Sainte Famille de Nazareth, icône de toutes les familles », en citant saint Matthieu (cf. Mt 2, 13-15) qui raconte que « peu de temps après la naissance de Jésus, Joseph fut contraint de partir de nuit pour l’Egypte, emmenant avec lui l’enfant et sa mère, afin de fuir la persécution du roi Hérode ».
Benoît XVI cite le commentaire de Pie XII, en 1952 : « La famille de Nazareth en exil, Jésus, Marie et Joseph émigrés et réfugiés en Egypte, pour se soustraire à l’ire d’un roi impie, sont le modèle, l’exemple et le soutien de tous les migrants et les pèlerins de tous âges et de tous pays, de tous les réfugiés de quelque condition qu’ils soient et qui, harcelés par la persécution ou par le besoin, se voient contraints d’abandonner leur patrie, les chers membres de leur famille, leurs voisins, leurs doux amis, et de se rendre en terre étrangère » (Exsul familia, AAS 44, 1952, 649).
Et Benoît XVI ajoute : « Dans le drame de la Famille de Nazareth, obligée de se réfugier en Egypte, nous entrevoyons la douloureuse condition de tous les migrants, en particulier des réfugiés, des exilés, des dispersés, des déplacés internes et des persécutés. Nous entrevoyons les difficultés de chaque famille de migrants, les privations, les humiliations, les restrictions et la fragilité de millions et de millions de migrants, de déplacés internes et de réfugiés. La Famille de Nazareth reflète l’image de Dieu conservée dans le cœur de chaque famille humaine, bien que défigurée et affaiblie par l’émigration ».
Le pape inscrit son message dans ceux de 1980, 1986 et 1993, et il souligne « l’engagement de l’Eglise en faveur non seulement de l’individu qui migre, mais aussi de sa famille, lieu et ressource de la culture de la vie et facteur d’intégration des valeurs ».
« Nombreuses sont les difficultés que rencontre la famille du migrant, faisait observer le pape. L’éloignement de ses membres entre eux et l’impossibilité de se réunir sont souvent des occasions de rupture des liens d’origine. De nouveaux rapports s’instaurent et de nouvelles affections naissent ; on oublie le passé et ses devoirs, soumis à dure épreuve par l’éloignement et la solitude. Si une réelle possibilité d’insertion et de participation n’est pas assurée à la famille immigrée, il devient difficile de prévoir son développement harmonieux ».
Le pape souligne l’importance de la « Convention Internationale pour la protection des droits de tous les travailleurs immigrés et des membres de leurs familles », entrée en vigueur le 1er juillet 2003, qui, écrit-il, « entend protéger les travailleurs et les travailleuses émigrés et les membres de leurs familles respectives ».
« La valeur de la famille est donc également reconnue pour ce qui est de l’émigration, phénomène désormais structurel de nos sociétés », affirme Benoît XVI, avant de rappeler : « L’Eglise encourage la ratification des instruments internationaux légaux visant à défendre les droits des migrants, des réfugiés et de leurs familles, et offre, par le biais de ses diverses Institutions et Associations, un soutien légal qui devient toujours plus nécessaire. C’est à cette fin qu’ont été ouverts des centres d’écoute des migrants, des maisons pour les accueillir, des bureaux pour les services à rendre aux personnes et aux familles, et que d’autres initiatives ont vu le jour pour répondre aux exigences croissantes en ce domaine ».
Benoît XVI souligne encore les tâches à accomplir pour accompagner l’intégration des familles des immigrés.
Il souligne la situation difficile des femmes : « Toutefois, bien des femmes finissent par devenir victimes du trafic d’êtres humains et de la prostitution ».
« En œuvrant à la réunion des familles, insiste le pape, les travailleurs sociaux, en particulier les religieuses, peuvent rendre un service de médiation apprécié et toujours davantage valorisé ».
Le pape déplore que la situation des réfugiés internes ait « empiré par rapport au passé », notamment en ce qui concerne « la réunion des foyers familiaux ».
« Dans les camps qui leur sont destinés vient parfois s’ajouter, aux difficultés logistiques et aux difficultés personnelles liées aux traumatismes et au stress émotionnel, dus aux tragiques expériences vécues, le risque de l’implication des femmes et des enfants dans l’exploitation sexuelle, comme mécanisme de survie ».
« Il faut encourager ceux qui sont détruits intérieurement à retrouver la confiance en eux-mêmes, recommande le pape. Il faut ensuite œuvrer pour que soient garantis les droits et la dignité des familles et qu’un logement répondant à leurs exigences leur soit assuré. Il faut d’autre part demander aux réfugiés de cultiver une attitude ouverte et positive à l’égard de la société qui les accueille, en conservant une disponibilité active vis-à-vis des propositions de participation visant à construire ensemble une communauté intégrée qui soit la ‘maison commune’ de tous ».
Le pape évoque également les « étudiants d’autres pays, qui se retrouvent loin de chez eux, sans une connaissance adéquate de la langue, parfois privés d’amitié et disposant souvent de bourses d’études insuffisantes ».
Et de conclure : « Puisse la Journée Mondiale des Migrants et des Réfugiés devenir une occasion pour sensibiliser les Communautés ecclésiales et l’opinion publique sur les besoins et les problèmes, ainsi que sur les potentialités positives des familles migrantes ».