ROME, Lundi 13 novembre 2006 (ZENIT.org) – Le secrétaire du conseil pontifical pour la Pastorale des Migrants et des personnes en déplacement, Mgr Agostino Marchetto, est intervenu aujourd’hui à Paris, au palais Brongniart, à l’occasion des 50 ans de la Banque de développement du Conseil de l’Europe, marqué par un symposium sur le thème : « La cohésion sociale, condition du développement ? »
Mgr Marchetto insistait tout particulièrement sur le « bien commun universel » en disant : « Si le progrès du développement mondial était soumis aux impératifs du bien commun universel et de la solidarité, dans le respect de chacun et de toute la personne humaine, à travers les institutions démocratiques de participation et de contrôle social, alors la « mondialisation » des marchés financiers, la croissance de l’industrialisation et de la productivité, l’évolution des sciences et des techniques, avec l’utilisation avisée des biotechnologies, l’extension des nouvelles méthodologies d’information et de communication, ainsi que les relations entre les personnes et les peuples, pourraient garantir à toute l’humanité, dans un contexte de paix, des opportunités inédites de développement, dans la justice et la liberté.
« Tout cela sera possible, concluait Mgr Marchetto, dans la mesure où nous réussirons à mondialiser avec l’économie, les devoirs de la solidarité et à poser les conditions d’une vraie participation et d’un partage mondial des biens et des richesses, matériels et spirituels. Est-ce une utopie? Je ne le pense pas, mais, même si c’était le cas, je dirai que l’utopie a aujourd’hui un rôle, celui de nous mobiliser dans l’aujourd’hui de Dieu, pour assurer à l’homme, créé à son image comme disent les Juifs et les Chrétiens, et intendant de sa création, comme disent les musulmans, un avenir meilleur ».
Mgr Marchetto a cité ce passage de l’Instruction de son dicastère « Erga migrantes caritas Christi » (2004) où l’on peut lire : « Le phénomène migratoire soulève une véritable question éthique, à savoir la recherche d’un nouvel ordre économique international en vue d’une répartition plus équitable des biens de la terre, qui contribuerait, pour une part non négligeable, à réduire et à modérer de manière significative une grande parte des flux des populations en difficulté » (n.8) ».
« Nous sommes heureux, faisait observer l’archevêque, que cette vision soit aussi en train de s’imposer peu à peu à l’attention des institutions internationales et des gouvernements ».
il soulignait que le document « met en lumière deux types de mondialisation : celle économique, dominée par les lois du marché et celle culturelle, fortement influencée par les moyens de communication sociale (n.9) ».
Mgr Marchetto préconisait « l’aide à la personne humaine afin qu’à travers le dialogue, toutes les conditions soient réunies, qui permettraient aux différents peuples, cultures et religions de vivre en convivialité ».
Le secrétaire du conseil pontifical rappelait également cette affirmation de Jean-Paul II dans l’une de ses encycliques sociales : « La principale ressource de l’homme…est l’homme lui-même » (Centesimus annus, n.32).
« L’Eglise, pour cela, commentait l’archevêque, lutte contre les nouveaux esclavages dans sa réflexion et dans son action, avec les moyens à sa disposition, conformément à sa nature et à sa mission ».
A propos des migrants, il citait également l’instruction de 2004 qui appelle « l’Eglise entière du pays d’accueil à se sentir intéressée et mobilisée par la question des migrants » et à « trouver les moyens appropriés pour faire naître dans la conscience chrétienne le sens de l’accueil, en particulier envers les plus pauvres et les marginaux comme le sont souvent les migrants, un accueil entièrement fondé sur l’amour du Christ.» (n.41)
le document en appelle ainsi à « la culture de la solidarité » (n.9) et l’archevêque de préciser : « Elle est le fruit de la communion fondée sur le mystère de Dieu en Jésus-Christ. Elle s’exprime dans l’amour chrétien qui cherche le bien des autres, en particulier de ceux qui sont les plus malheureux, et qui appelle à un partage réciproque des dons spirituels et des biens matériels. En plus, elle promeut l’unité dans le respect des différences légitimes, surtout à travers le partage des connaissances qui, contrairement aux biens matériels, enrichit non seulement celui qui reçoit mais aussi celui qui donne ».
« La « mondialisation de la solidarité » s’articule, expliquait Mgr Marchetto, à travers toutes les initiatives qui défendent la dignité humaine et qui sont orientés vers le bien commun universel. Il nous faut aussi prendre en considération parmi tous les arguments avancés par Erga migrantes caritas Christi dans le cadre de ses 104 numéraux, complétés par les Dispositions juridiques et pastorales, les points suivants : l’éradication, ou, du moins, la diminution progressive, de la pauvreté dans le monde; l’intégration dans le marché mondial des exclus, en assurant à leurs activités productives un débouché régulier; l’introduction et la promotion des produits des pays du tiers-monde sur les marchés internationaux ; l’assurance à tous de l’accès aux ressources de la planète dans le respect de l’environnement; la réglementation des marchés financiers en pénalisant les transactions purement spéculatives; le financement du développement des pays pauvres par les pays riches et l’annulation de la dette internationale des pays les plus pauvres. Vu sous cet angle, la solidarité est un appel adressé à chaque personne de bonne volonté, pas seulement aux chrétiens, mais en particulier aux Organisations et aux Sociétés internationales, pour aller vers un nouvel ordre universel, où le critère-guide ne sera plus seulement le profit mais surtout la recherche du bien commun, tant au niveau national qu’international, avec également l’obligation morale de permettre une distribution plus juste des biens de ce monde et la promotion intégrale de la personne humaine, de chaque homme et de tout homme ».