ROME, Vendredi 3 novembre 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 12, 28-34
Un scribe qui avait entendu la discussion, et remarqué que Jésus avait bien répondu, s’avança pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as raison de dire que Dieu est l’Unique et qu’il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son coeur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.
© AELF
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
Un jour, l’un des scribes s’approcha de Jésus et lui demanda quel était le premier commandement de la loi. Jésus lui répondit en citant les paroles de la Loi « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force », que nous avons entendues, et en faisant de ces paroles « le premier des commandements ». Mais Jésus ajouta immédiatement qu’il existe un deuxième commandement semblable à celui-ci, qui est : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Pour comprendre le sens de la question du scribe et de la réponse de Jésus, il faut tenir compte d’une chose. Dans le judaïsme au temps de Jésus il existait deux tendances opposées : d’une part la tendance à multiplier sans fin les commandements et les préceptes de la loi, en prévoyant des normes et des obligations pour les moindres détails de la vie, et de l’autre le besoin opposé de découvrir, au-dessous de ce monceau asphyxiant de normes, les choses qui comptent vraiment pour Dieu, l’âme de tous les commandements.
La demande du scribe et la réponse de Jésus s’insèrent dans cette recherche de l’essentiel de la loi, pour éviter de se perdre dans mille autres préceptes secondaires. Et c’est précisément cette leçon de méthode que nous devrions d’abord apprendre de l’Evangile de ce jour. Certaines choses dans la vie sont importantes mais pas urgentes (dans le sens que si on ne les fait pas, il ne se passe rien) ; d’autres en revanche sont urgentes mais ne sont pas importantes. Le risque que nous courons est de sacrifier systématiquement les choses importantes pour pouvoir répondre aux choses urgentes, souvent totalement secondaires.
Comment se prémunir contre ce danger ? Voici une histoire pour nous aider à comprendre comment y parvenir. On demanda un jour à un vieux professeur d’intervenir, en tant qu’expert, sur le thème de la planification la plus efficace de son temps, devant les cadres supérieurs de quelques grosses entreprises américaines. Il décida de tenter une expérience. Debout face au groupe prêt à prendre des notes, il sortit un grand vase en verre vide, du dessous de la table. Il prit également une douzaine de cailloux de la taille de balles de tennis qu’il déposa délicatement un à un dans le vase jusqu’à ce qu’il soit plein. Lorsqu’il devint impossible d’ajouter d’autres cailloux, il demanda à ses élèves : « Le vase vous semble-t-il plein ? » et tous répondirent : « Oui ! ». Il attendit quelques instants puis ajouta : « Vous en êtes sûrs ? »
Il se pencha à nouveau et sortit du dessous de la table une boîte remplie de gravillon qu’il versa avec soin sur les gros cailloux en bougeant légèrement le vase afin que celui-ci s’infiltre jusqu’au fond entre les cailloux. « Le vase est-il plein cette fois ? » demanda-t-il. Devenus plus prudents, les élèves commencèrent à comprendre et répondirent : « Peut-être pas encore ». « Bien ! », répondit le vieux professeur. Il se pencha à nouveau et sortit cette fois un sac de sable qu’il versa prudemment dans le vase. Le sable remplit tous les espaces entre les cailloux et le gravillon. Il demanda à nouveau : « Le vase est-il plein maintenant ? » Tous répondirent sans hésiter : « Non ! ». En effet, répondit le vieux professeur et, comme s’y attendaient les élèves, il prit la carafe posée sur la table et versa l’eau qu’elle contenait, dans le vase, jusqu’au bord.
Il leva alors les yeux vers son auditoire et demanda : « Quelle grande vérité nous enseigne cette expérience ? ». Le plus audacieux, pensant au thème du cours (la planification du temps), répondit : « Ceci montre que même lorsque notre agenda est entièrement rempli, avec un peu de bonne volonté on peut toujours y ajouter un engagement, une chose supplémentaire à faire ». « Non, répondit le professeur. Ce n’est pas cela. Cette expérience nous démontre autre chose : si l’on ne met pas d’abord les gros cailloux dans le vase, on ne réussira jamais à les faire entrer par la suite. Il y eut un moment de silence et tous prirent conscience de l’évidence de cette affirmation. Il poursuivit alors : « Quels sont les gros cailloux, les priorités, dans votre vie ? La santé ? La famille ? Les amis ? Défendre une cause ? Réaliser une chose qui vous tient à cœur ? La chose importante est de mettre d’abord ces gros cailloux dans votre agenda. Si l’on donne la priorité à mille autres petites choses (le gravillon, le sable) on remplira sa vie de futilités et l’on ne trouvera jamais le temps de se consacrer aux choses vraiment importantes. N’oubliez donc pas de vous poser souvent la question : ‘Quels sont les gros cailloux dans ma vie ?’ et de les mettre à la première place dans votre agenda ». Puis, d’un geste amical le vieux professeur salua l’auditoire et quitta la salle.
Il faut ajouter deux cailloux, qui sont les plus gros de tous, aux « gros cailloux » mentionnés par le professeur (la santé, la famille, les amis, etc.) : les deux plus grands commandements, qui sont aimer Dieu et aimer le prochain. Vraiment, aimer Dieu, plus qu’un commandement, est un privilège, une concession. Si un jour nous le comprenions, nous ne cesserions de remercier Dieu pour le fait qu’il nous commande de l’aimer et nous ne voudrions rien faire d’autre que cultiver cet amour.