ROME, Jeudi 2 novembre 2006 (ZENIT.org) – « Les personnes âgées maltraitées », sous ce titre, la revue de presse de la Fondation Jérôme Lejeune (www.genethique.org) se fait l’écho d’un article publié par le quotidien français « La Croix » (www.la-croix.fr), sous la plume de Pierre Bienvault (02/11/06). On pourrait dire aussi « mal traitées », d’après cette interview d’un spécialiste.

Le Pr Pfitzenmeyer, gériatre au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Dijon, dénonce dans les hôpitaux une « maltraitance institutionnelle » des personnes très âgées. Son rapport, co-dirigé avec le Pr Claude Jeandel (CHU Montpellier) et Philippe Vigouroux (directeur général du CHU de Limoges), remis en mai dernier au gouvernement français a permis à celui-ci d'établir un « plan solidarité grand âge ».

Dans un entretien au quotidien « La Croix », le Pr Pfitzenmeyer estime que le plan gouvernemental n'a pas mesuré « la gravité de la situation », et si « ses orientations sont intéressantes », « les moyens sont largement insuffisants ». Il explique que se développe une « ségrégation médicale et sociale » des personnes les plus âgées, les plus malades et handicapées.

Pour le gériatre, le problème « n'est pas lié à un manque de dévouement ou d'humanité des équipes médicales et soignantes » mais repose « sur des questions d'organisations et de moyens ». En effet, notre médecine, explique-t-il, a évolué autour de services spécialisés (cardiologie, pneumologie, néphrologie...), or les patients très âgés souffrent de plusieurs pathologies et ont besoin d'être soignés dans leur « globalité ».

Or, continue le professeur, « on ne s'est pas donné les moyens de développer des services de gériatrie, de médecine, de soins de suite, de réhabilitation... ». Ainsi ce manque de services adaptés et la pénurie de personnel conduisent, dit-il, « à une prise en charge indigne », à « une maltraitance institutionnelle » de la personne très âgée. « Quand on pose un plateau-repas près d'un malade et qu'on le reprend une heure plus tard, intact, sans que personne ait eu le temps de faire manger le malade, oui, c'est de la maltraitance », conclut le gériatre.

Le Pr Pfitzenmeyer constate un refus collectif du vieillissement associé à la maladie, au handicap. Nous valorisons toujours, explique-t-il, l'image du « beau vieillissement », celle du beau vieillard qui conserve les facultés du jeune adulte. Ainsi, de manière insidieuse, notre société éveille un sentiment de culpabilité chez les personnes très âgées et malades du fait qu'elles coûteraient trop cher, dit-il en substance.

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