Visite de Benoît XVI dans « son » université

« Un service ecclésial fondamental »

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ROME, Mardi 24 octobre 2006 (ZENIT.org) – « Etre en marche vers la vérité, chercher à mieux connaître la vérité, dans toutes ses expressions est réellement un service ecclésial fondamental », affirme Benoît XVI.

Le pape Benoît XVI a rendu visite à « son » université, comme il l’a lui même appelée, « l’université du pape », l’université pontificale du Latran, samedi dernier, 21 octobre, à l’occasion de l’inauguration de la bibliothèque bienheureux Pie IX, de la salle de lecture Jean-Paul II et du grand amphithéâtre rénové qui a reçu le nom de Benoît XVI.

Le pape est arrivé à 10 h 30 dans la cour de l’université où il a adressé quelques mots aux étudiants enthousiastes, en parlant d’abondance du coeur, soulignant d’emblée que « sans vérité il n’y a pas de liberté ».

Benoît XVI a ensuite visité la chapelle renovée, accompagné du Chancelier, le cardinal Camillo Ruini, du Recteur, Mgr Rino Fisichella, du cardinal Secrétaire d’Etat, Tarcisio Bertone, du préfet de la maison pontificale, Mgr James Harvey et de Mons. Georg Gänswein. Le pape s’est ensuite recueilli quelques instants en silence. Les bas-reliefs romains découverts à l’occasion des travaux et exposés dans la chapelle ont également retenu l’attention du pape.

Dans la bibliothèque, le pape a été accueilli par les applaudissements des étudiants enthousiastes. Il a ensuite revêtu l’étole pour bénir la nouvelle bibliothèque, la salle de lecture et ses ordinateurs, priant pour que son usage serve à la « construction d’un monde plus humain ».

Benoît XVI a alors gagné le grand amphithéâtre où l’attendaient le corps enseignant, les employés de l’université et des étudiants. Le pape a pris la parole après la prière du « Veni Creator » et l’accueil du cardinal Ruini et de Mgr Fisichella qui a ensuite offert au pape un texte de Johannes Joseph Fuchs sur la musique, avant de déclarer ouverte la 234e année académique de l’université du Latran.

A l’issue de la cérémonie, le pape a tenu à saluer longuement, dans la cour de l’université, tous les étudiants, religieuses – d’Afrique, d’Amérique latine, de Chine… – les séminaristes et les prêtres, et les nombreux laïcs. Les voitures du cortège sont reparties vers midi.

Dans son discours, le pape a salué les composantes de l’université et tout spécialement les étudiants : « Parce que l’université est créée pour les étudiants », ajoutait le pape en improvisant.

Benoît XVI, mentionnant sa visite en tant que préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 13 décembre 2004, a repris le thème de la « crise de culture et d’identité » de ces dernières décennies, et son caractère « dramatique ».

Benoît XVI voit dans l’université « l’un des lieux les plus significatifs pour trouver des issues à cette situation », car « la fécondité de la vérité peut y être illustrée lorsqu’elle est accueillie dans son authenticité avec un esprit simple et ouvert ». C’est là, soulignait le pape que se forment « de nouvelles générations qui attendent une proposition sérieuse, engagée, et capable de répondre – dans des contextes nouveaux – à la question permanente sur le sens de l’existence. Cette attente ne doit pas être déçue ».

« Le contexte contemporain, faisait observer Benoît XVI, semble donner le primat à une intelligence artificielle qui devient de plus en plus dépendante de la technique expérimentale, et oublie de cette façon que toute science doit cependant toujours sauvegarder l’homme, et promouvoir sa tension vers le bien authentique ».

« Surévaluer le ‘faire’ en obscurcissant ‘l’être’, n’aide pas à recomposer l’équilibre fondamental dont chacun a besoin pour donner à son existence un solide fondement et une finalité valide », avertissait le pape en ralentissant le rythme pour mieux insister.

Le pape a ensuite souligné le rôle de l’Université : « Etre en marche vers la vérité, chercher à mieux connaître la vérité, dans toutes ses expressions est réellement un service ecclésial fondamental ».

« Se laisser prendre par le goût de la découverte sans sauvegarder les critères qui viennent d’une vision plus profonde ferait tomber facilement dans le drame dont parle le mythe antique », ajoutait le pape en citant le mythe d’Icare : « Pris par le goût du vol vers la liberté absolue, et sourd aux appels de son vieux père, Dédale, il s’approche toujours plus du soleil, en oubliant que les ailes sur lesquelles il s’est élevé vers le ciel sont de cire ».

« La chute désastreuse et la mort sont le prix qu’il paye pour son illusion. La fable antique contient une leçon d’une valeur permanente. Il y a dans la vie, d’autres illusions auxquelles on ne peut pas se fier, sans risquer des conséquences désastreuses pour notre existence et celle d’autrui », expliquait le pape.

Par ailleurs, le pape s’est arrêté au rôle des professeurs qui est « d’enquêter sur la vérité, et susciter une stupeur permanente, mais aussi de promouvoir la connaissance sous toutes ses facettes, et la défendre contre des interprétations réductrices ou erronées ».

Pour ce qui est de la recherche de la vérité, le pape insistait sur son importance « vitale » et « sociale » en disant : « Placer au centre le thème de la vérité, n’est pas un acte simplement spéculatif, restreint à un petit cercle de penseurs ; au contraire, c’est une question vitale, pour donner une profonde identité à la vie personnelle, et susciter la responsabilité, dans les relations sociales ».

Le pape citait « L’Eloge de la Folie » d’Erasme de Rotterdam : « Les opinions sont source de bonheur à bon marché ! Apprendre la vraie essence des choses, même s’il s’agit de choses d’une importance minime, coûte une grande fatigue ».

Cette « fatigue », soulignait le pape va de pair avec la « passion pour la vérité », et la « joie de l’avoir trouvée ».

Le pape citait par ailleurs le « Proslogion » de saint Anselme d’Aoste : « Que je te cherche en te désirant, que je te désire en te cherchant, que je te trouve en aimant, que je t’aime en te retrouvant », pour affirmer : « Puisse l’espace du silence et de la contemplation, qui sont le lieu indispensable où placer les interrogations que l’esprit suscite, trouver entre ces murs des personnes attentives qui sachent en évaluer l’importance, l’efficacité et les conséquences pour la vie personnelle et sociale ».

« Dieu, poursuivait Benoît XVI est la vérité ultime vers laquelle tend naturellement toute raison (…). Dieu n’est pas une parole vide ni une hypothèse abstraite, au contraire, il est le fondement sur lequel construire sa vie ».

« Le croyant sait que ce Dieu, ajoutait le pape, a un visage, et que, une fois pour toutes, en Jésus-Christ, il s’est fait proche de toute homme (..). Le connaître c’est connaître la vérité dans sa plénitude, grâce à laquelle on trouve la liberté ».

Le pape concluait par ce vœu que l’université du Latran soit « un instrument fécond de dialogue entre les différentes réalités religieuses et culturelles, dans la commune recherche de parcours qui favorisent le bien et le respect de tous ».

Une autre citation a retenu l’attention des francophones : le pape, qui aime la tradition bénédictine, a cité l’ouvrage de Don Jean Leclercq édité en 1957 et plusieurs fois réédité (au Cerf) : « L’amour des Lettres et le désir de Dieu ».

Il s’agit d’une « initiation aux auteurs monastiques du moyen âge », imprégnés de « la lecture de la Bible et des Pères, dans le cadre liturgique de la vie monastique » (p. 10, édition de 1990).

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ZENIT Staff

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