ROME, Lundi 2 octobre 2006 (ZENIT.org) – Une Eglise en croissance qui doit affronter les mêmes problèmes que la majorité de la population – pénurie, SIDA, diffusion de l’extrémisme – c’est le diagnostic posé par le secrétaire général de la conférence épiscopale du Malawi, le P. Joseph Mpinganajira, qui a confié ses impressions à Fides au terme de la visite ad limina. Pour ce qui est du dialogue interreligieux, il souligne : « Avec l’Islam traditionnel il y a pas de problèmes ».
« L’Eglise croît, le nombre des fidèles est en augmentation et chaque année sont créées de nouvelles paroisses. Mais en même temps nous devons affronter des défis toujours nouveaux parce que les problèmes de la population sont les nôtres, comme les catastrophes naturelles » a confié à Fides le P. Mpinganajira.
« Dans les trois dernières années le Malawi a souffert d’une pénurie très grave qui a mis en danger la vie de presque la moitié de la population. Notre préoccupation actuelle est de rendre les personnes en mesure d’affronter les nouvelles urgences alimentaires par leurs propres moyens, sans dépendre d’aides extérieures ».
« Un autre problème très grave est la diffusion du virus du SIDA » fait observer le secrétaire général : « Nous voyons trop de personnes mourir chaque jour à cause de l’épidémie. De nombreux catholiques sont infectés du virus. Dans ce sens nous pouvons malheureusement dire que l’Eglise aussi, en tant que communauté de personnes, est touchée par cette terrible maladie. Mais l’Eglise a produit des anticorps pour chercher au moins à limiter les dommages causés par le SIDA. Je me réfère aux hôpitaux des missionnaires qui soignent les personnes frappées par le virus, aux orphelinats qui accueillent les enfants qui ont perdu leurs parents à cause de la maladie ».
Il précise : « Il y a ensuite les séropositifs qui ont perdu leur travail. Nous cherchons à créer un emploi pour ces personnes, qui n’ont pas encore développé la maladie, mais qui perdent l’espérance et la dignité parce qu’elles sont sans emploi ».
« Nous plaçons ensuite le problème des personnes qui n’ont pas été infectées : comment pouvons-nous empêcher la diffusion de la maladie, notamment parmi les jeunes ? », se demande le P. Joseph qui ajoute : « La seule prévention enseignée dans le pays est l’usage du préservatif. Mais ce n’est pas la réponse. Il faut changer le comportement sexuel des personnes, leur faisant comprendre l’importance de la sexualité vécue de façon responsable dans une vraie dimension d’amour selon le dessein de Dieu ».
Pour l’avenir de la mission au Malawi, le P. Joseph dit : « Regardant le passé nous ne pouvons pas ne pas reconnaître le rôle fondamental exercé par les missionnaires dans notre pays. Mais maintenant nous constatons une forte diminution de leur présence. L’Eglise locale doit prendre leur place. Cela suppose l’encouragement des vocations locales. Nous avons obtenu du succès dans ce domaine : le nombre des vocations augmente. Reste pourtant le problème de la formation des nouveaux prêtres. Nous avons besoin de ressources pour maintenir les séminaires locaux. C’est un défi que nous, Eglise locale, devons affronter ».
Pour ce qui concerne les rapports entre les différentes confessions, il affirme : « nous avons d’excellents rapports avec les autres confessions chrétiennes présentes au Malawi. Les catastrophes qui ont frappé le pays ces dernières années nous ont aidés à trouver une profonde unité d’intention pour venir au secours des populations ».
« Avec les musulmans il y a deux aspects à prendre en considération » dit le P. Joseph : « Avec l’Islam traditionnel il y a pas de problèmes. Il y a cependant des éléments fanatiques, qui reçoivent des financements de l’étranger, qui ont une attitude de défi en particulier dans les rapports avec l’Eglise catholique, surtout à travers la propagande extrémiste diffusée par certaines radios. L’Eglise catholique doit développer une stratégie pacifique pour répondre à ce défi, en défendant ses raisons ».