P. Cantalamessa : Celui qui ne croit pas au Christ et n’adhère pas à l’Eglise peut-il être sauvé ?

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Méditation de l’Evangile du dimanche 1er octobre

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ROME, Vendredi 29 septembre 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 9, 38-43.45.47-48

Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l’en empêcher, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit : « Ne l’empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. Celui qui entraînera la chute d’un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ta main t’entraîne au péché, coupe-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d’être jeté avec tes deux mains dans la géhenne, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied t’entraîne au péché, coupe-le. Il vaut mieux entrer estropié dans la vie éternelle que d’être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne. Si ton oeil t’entraîne au péché, arrache-le. Il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas.

© AELF

Celui qui n’est pas contre nous est pour nous

L’un des apôtres, Jean, a vu une personne qui ne faisait pas partie de l’entourage des disciples, chasser des démons au nom de Jésus, et le lui a interdit. Rapportant l’incident au Maître, il reçoit cette réponse : « Ne l’empêchez pas… celui qui n’est pas contre nous est pour nous ».

Il s’agit d’un thème d’une grande actualité. Que doit-on penser de ceux qui sont à l’extérieur, qui accomplissent de bonnes œuvres et présentent des manifestations de l’Esprit, sans toutefois croire au Christ et adhérer à l’Eglise ? Peuvent-ils eux aussi être sauvés ?

La théologie a toujours admis la possibilité, pour Dieu, de sauver des personnes en dehors des voies ordinaires qui sont la foi en Jésus Christ, le baptême et l’appartenance à l’Eglise. Cette certitude s’est toutefois affirmée à l’époque moderne. En effet, après les découvertes géographiques et le développement des possibilités de communication entre les peuples, force a été de constater qu’il existait un nombre infini de personnes qui, sans aucune faute de leur part, n’avaient jamais entendu l’annonce de l’Evangile, ou avaient entendu une annonce inexacte, par l’intermédiaire de conquérants et de colonisateurs sans scrupules qui rendaient cette annonce extrêmement difficile à accepter. Le Concile Vatican II a affirmé que « l’Esprit Saint, d’une manière connue de Dieu seul, offre à tout homme la possibilité d’entrer en contact avec le mystère pascal du Christ » et ainsi d’être sauvé.

Notre foi chrétienne n’est-elle donc plus la même ? Si, car nous continuons à croire deux choses : premièrement que Jésus est objectivement et de fait le Médiateur et le Sauveur unique de tout le genre humain, et que même celui qui ne le connaît pas, s’il est sauvé, est sauvé grâce à lui et à sa mort rédemptrice. Deuxièmement, que même ces personnes, même si elles n’appartiennent pas à l’Eglise visible, sont objectivement « orientées » vers elle, et font partie de cette Eglise plus large, connue de Dieu seul.

Jésus semble exiger deux choses de ces personnes « de l’extérieur » : qu’elles ne soient pas « contre » lui, c’est-à-dire qu’elles ne combattent pas de manière catégorique la foi et ses valeurs, en d’autres termes, qu’elles ne se placent pas volontairement contre Dieu. Deuxièmement, que si elles ne sont pas capables de servir et aimer Dieu, qu’elles servent et aiment au moins son image qui est l’homme, en particulier le pauvre. Il affirme en effet, dans la suite de notre passage, en parlant à nouveau des personnes de l’extérieur : « Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense ».

Après cette clarification de la doctrine, il reste encore, me semble-t-il une chose à rectifier : notre comportement intérieur, notre psychologie à nous, chrétiens. On peut comprendre – mais on ne peut pas partager – le ressentiment mal dissimulé de certains croyants qui voient disparaître tout privilège exclusif lié à la foi au Christ et à l’appartenance à l’Eglise : « A quoi cela sert-il donc d’être de bons chrétiens ? » Nous devrions au contraire nous réjouir infiniment face à ces nouvelles ouvertures de la théologie catholique. Savoir que nos frères de l’extérieur ont eux aussi la possibilité d’être sauvés : qui a-t-il de plus libérateur, et qu’est-ce qui peut mieux que cela confirmer l’infinie générosité de Dieu et son désir « que tous les hommes soient sauvés » (1 Tm 2, 4) ? Nous devrions faire nôtre le souhait de Moïse rapporté dans la première lecture de ce dimanche : « Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! ».

Doit-on pour cette raison laisser chacun avec ses propres convictions et cesser de promouvoir la foi en Jésus Christ, si l’on peut être sauvé d’autres manières également ? Certes non. Nous devons simplement nous baser davantage sur le motif positif que sur le motif négatif. L’aspect négatif est : « Croyez en Jésus car celui qui ne croit pas en lui sera condamné pour l’éternité » ; le motif positif est : « Croyez en Jésus car il est merveilleux de croire en lui, de le connaître, de l’avoir à nos côtés comme Sauveur, dans la vie et dans la mort ».

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ZENIT Staff

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