ROME, Lundi 11 septembre 2006 (ZENIT.org) – Le 31 août dernier le pape Benoît XVI a reçu les membres du clergé d’Albano (Italie) guidés par leur évêque, Mgr Marcello Semeraro. Nous publions ci-dessous le texte des questions adressées au pape par quelques prêtres du diocèse, ainsi que les réponses improvisées de Benoît XVI sur la liturgie, la famille, les jeunes. (Pour la première partie du dialogue entre le pape et les prêtres cf. Zenit, 8 septembre).
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La liturgie
R.P. Vittorio Petruzzi, Vicaire paroissial à Aprilia: Votre Sainteté, pour l’année pastorale qui va commencer, notre diocèse a été appelé par l’évêque à prêter une attention particulière à la liturgie, tant au niveau théologique, que de la pratique célébrative. Les semaines d’études elles-mêmes, auxquelles nous participerons au mois de septembre prochain, auront pour thème central de réflexion « la préparation et la réalisation de l’annonce dans l’année liturgique, dans les sacrements et dans les sacramentaux ». En tant que prêtres, nous sommes appelés à accomplir une liturgie « sérieuse, simple et belle », pour utiliser une belle formule présente dans le document « Transmettre l’Evangile dans un monde qui change », de l’épiscopat italien. Très Saint-Père, pouvez-vous nous aider à comprendre comment tout cela peut se traduire dans l’ars celebrandi ?
BENOIT XVI : Ars celebrandi : ici aussi, je dirais qu’il existe diverses dimensions. La première dimension est que la celebratio est une prière et un dialogue avec Dieu : Dieu avec nous et nous avec Dieu. La première exigence pour une bonne célébration est donc que le prêtre entre réellement dans ce dialogue. En annonçant la Parole, il se sent lui-même en dialogue avec Dieu, Il écoute la Parole et annonce cette Parole, dans le sens où il devient un instrument du Seigneur et cherche à comprendre cette Parole de Dieu qui doit ensuite être transmise au Peuple. Il est en dialogue avec Dieu, car les textes de la Messe ne sont pas des textes de théâtre ou quelque chose de semblable, mais ce sont des prières grâce auxquelles, avec l’assemblée, je parle avec Dieu. Entrer dans ce dialogue est donc important. Saint Benoît, dans sa « Règle », dit aux moines, en parlant de la récitation des Psaumes: « Mens concordet voci ». La vox, les paroles, précèdent notre esprit. D’habitude, ce n’est pas comme cela : d’abord on doit penser, puis la pensée devient parole. Mais ici, la parole précède. La Sainte Liturgie nous donne les paroles ; et nous, nous devons entrer dans ces paroles, trouver l’harmonie avec cette réalité qui nous précède.
A côté de cela, nous devons également apprendre à comprendre la structure de la Liturgie et la raison pour laquelle elle est organisée ainsi. La Liturgie s’est développée à travers deux millénaires et même après la Réforme. Elle n’est pas devenue une chose élaborée uniquement par une poignée de liturgistes. Elle demeure toujours la continuation de cette croissance permanente de l’adoration et de l’annonce. Ainsi, il est très important, pour pouvoir être en pleine harmonie, de comprendre cette structure, qui s’est développée dans le temps, et entrer ainsi avec notre mens dans la vox de l’Eglise. Dans la mesure où nous avons intériorisé cette structure, compris cette structure, assimilé les paroles de la Liturgie, nous pouvons entrer dans cette harmonie intérieure et ainsi, non seulement parler avec Dieu comme des personnes individuelles, mais entrer dans le « nous » de l’Eglise qui prie. Et de cette façon, transformer également notre « moi » en entrant dans le « nous » de l’Eglise, en enrichissant, en élargissant ce « moi », en priant avec l’Eglise, avec les paroles de l’Eglise, en étant réellement en dialogue avec Dieu.
Telle est la première condition : nous devons nous-mêmes intérioriser la structure, les paroles de la Liturgie, la Parole de Dieu. Ainsi, notre célébration devient réellement une célébration « avec » l’Eglise : notre cœur s’élargit et nous ne faisons pas simplement quelque chose, mais nous sommes « avec » l’Eglise et en dialogue avec Dieu. Il me semble que les personnes savent percevoir si nous sommes véritablement en dialogue avec Dieu, avec elles et, en quelque sorte, si nous attirons les autres dans notre prière commune, si nous attirons les autres dans la communion avec les fils de Dieu ; ou si, au contraire, nous faisons uniquement quelque chose d’extérieur. L’élément fondamental du véritable ars celebrandi est donc cet accord, cette harmonie entre ce que nous disons avec nos lèvres et ce que nous pensons avec le cœur. Le Sursum corda, qui est une très ancienne parole de la Liturgie, devrait venir bien avant la Préface, bien avant la Liturgie, la « voie » de nos paroles et de notre pensée. Nous devons élever notre cœur au Seigneur, non seulement comme une réponse rituelle, mais comme une expression de ce qui a lieu dans ce cœur, qui s’élève vers le haut et qui attire vers le haut également les autres.
En d’autres termes, l’ars celebrandi n’entend pas inviter à une sorte de théâtre, ni de spectacle, mais à une intériorité qui se fait sentir et qui devient acceptable et évidente pour les personnes présentes dans l’assemblée. Ce n’est que si les personnes voient qu’il ne s’agit pas d’un ars extérieur, spectaculaire — nous ne sommes pas des acteurs ! — mais qu’il s’agit de l’expression du chemin de notre cœur qui attire également leur cœur, qu’alors la Liturgie devient belle, qu’elle devient une communion de toutes les personnes présentes avec le Seigneur.
Naturellement, à cette condition fondamentale, exprimée dans les paroles de saint Benoît : Mens concordet voci — que le cœur monte, s’élève réellement vers le Seigneur — doivent également correspondre des éléments extérieurs. Nous devons apprendre à bien prononcer les paroles. Parfois, lorsque j’étais encore professeur dans mon pays, les jeunes lisaient les Ecritures Saintes. Mais ils les lisaient comme on lit le texte d’un poète que l’on n’a pas compris. Naturellement, pour apprendre à bien prononcer, il faut avant tout avoir compris le texte dans sa dimension dramatique, dans son présent. Il en est de même pour la Préface. Et la Prière eucharistique. Il est difficile pour les fidèles de suivre un texte aussi long que notre Prière eucharistique. C’est pourquoi naissent toujours ces nouvelles « inventions ». Mais on ne répond pas au problème avec des Prières eucharistiques sans cesse nouvelles. Le problème est de faire en sorte que ce soit un moment qui invite également les autres au silence avec Dieu et à prier avec Dieu. Les choses ne peuvent donc s’améliorer que si la Prière eucharistique est correctement prononcée, avec les temps de silence appropriés, que si elle est prononcée avec intériorité, mais également avec l’art de parler.
La récitation de la Prière eucharistique exige donc un moment d’attention particulière, pour être prononcée de façon à toucher les autres. Je pense que nous devons également trouver des occasions, que ce soit dans la catéchèse, dans les homélies ou à d’autres occasions, pour bien expliquer au peuple de Dieu cette Prière eucharistique afin qu’il puisse en suivre les grand moments : le récit et les paroles de l’institution, la prière pour les vivants et pour les défunts, l’action de grâce au Seigneur, l’épiclèse, pour faire réellement participer la communauté à cette prière.
Ensuite, les paroles doivent être bien prononcées. Et une préparation adéquate est nécessaire. Les servants d’autel doivent connaître leur rôle, les lecteurs doivent savoir réellement comment prononcer. Et le chœur, le chant, doivent être préparés ; l’autel doit être correct
ement décoré. Tout cela fait partie — même s’il s’agit de nombreux aspects pratiques — de l’ars celebrandi. Mais, pour conclure, l’élément fondamental est cet art d’entrer en communion avec le Seigneur, que nous préparons à travers toute notre vie de prêtres.
La famille
R.P. Angelo Pennazza, curé à Pavona Votre Saineté, dans le Catéchisme de l’Eglise catholique, nous lisons que l’“Ordre et le Mariage sont ordonnés au salut d’autrui… Ils confèrent une mission particulière dans l’Eglise et servent à l’édification du Peuple de Dieu” (n. 1534). Cela nous semble véritablement fondamental, non seulement pour notre action pastorale, mais également pour notre façon d’être prêtres. Que pouvons-nous faire, en tant que prêtres, pour traduire dans la pratique pastorale cette proposition et (selon ce que vous avez vous-même réaffirmé récemment), comment transmettre de façon positive la beauté du mariage pour rendre encore amoureux les hommes et les femmes de notre temps ? Que peut apporter à notre vie de prêtres la grâce sacramentelle des époux ?
BENOIT XVI : Deux grandes questions ! La première est : comment transmettre aux personnes d’aujourd’hui la beauté du mariage ? Nous constatons que de nombreux jeunes tardent à se marier à l’église, car ils ont peur de l’aspect définitif du mariage. Ils tardent même à contracter un mariage civil. Le caractère définitif apparaît aujourd’hui à de nombreux jeunes, et également moins jeunes, comme un lien contre la liberté. Et leur premier désir est la liberté. Ils ont peur à la fin de ne pas y arriver. Ils voient tant de mariages qui échouent. Ils ont peur que cette forme juridique, telle qu’ils la perçoivent, soit un poids extérieur qui éteint l’amour.
Il faut faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un lien juridique, d’un poids apporté par le mariage. Au contraire, la profondeur et la beauté résident précisément dans le caractère définitif. Ce n’est qu’ainsi que celui-ci peut faire mûrir l’amour dans toute sa beauté. Mais comment le transmettre ? Cela me semble un problème commun à nous tous.
Pour moi, Valence — et vous, Eminence, pourrez le confirmer — fut un moment important non seulement lorsque j’ai parlé de cela, mais lorsque se sont présentées devant moi diverses familles, plus ou moins nombreuses ; l’une d’entre elles était presque comme une « paroisse » avec tous ses enfants ! La présence, le témoignage de ces familles a été vraiment plus fort que toutes les paroles. Elles ont présenté avant tout la richesse de leur expérience familiale : comment une famille aussi grande devient réellement une richesse culturelle, une opportunité d’éducation des uns et des autres, une possibilité de faire vivre ensemble les diverses expressions de la culture d’aujourd’hui, le don et l’aide réciproque également dans la souffrance, etc. … Mais le témoignage des crises qu’elles ont traversées a également été important. L’un de ces couples en était presque arrivé au divorce. Ils ont expliqué comment ils ont ensuite appris à vivre cette crise, cette souffrance de la différence de l’autre et à s’accepter à nouveau. C’est précisément en surmontant le moment de la crise, du désir de se séparer, que s’est développée une nouvelle dimension de l’amour et que s’est ouverte une porte sur une nouvelle dimension de la vie, qui ne pouvait s’ouvrir qu’en supportant la souffrance de la crise.
Cela me semble très important. Aujourd’hui, on arrive à la crise au moment où l’on s’aperçoit de la différence des caractères, de la difficulté de se supporter chaque jour, pour toute la vie. A la fin, on décide alors de se séparer. Nous avons compris précisément à travers ces témoignages que c’est dans la crise, en traversant le moment où il semble que l’on n’en puisse plus, que s’ouvrent réellement de nouvelles portes et une nouvelle beauté de l’amour. Une beauté faite de seule harmonie n’est pas une véritable beauté. Il manque quelque chose, elle devient insuffisante. La véritable beauté a besoin également du contraste. L’obscurité et la lumière se complètent. Même le raisin a besoin pour mûrir non seulement de soleil, mais aussi de la pluie, non seulement du jour, mais aussi de la nuit.
Nous-mêmes, prêtres, tant les jeunes que les adultes, devront apprendre la nécessité de la souffrance, de la crise. Nous devons supporter, transcender cette souffrance. Ce n’est qu’ainsi que la vie s’enrichit. Pour moi, le fait que le Seigneur porte éternellement les stigmates revêt une valeur symbolique. Expression de l’atrocité de la souffrance et de la mort, elles représentent à présent le sceau de la victoire du Christ, de toute la beauté de sa victoire et de son amour pour nous. Nous devons accepter, en tant que prêtres ou en tant qu’époux, la nécessité de supporter la crise de la différence, de l’autre, la crise dans laquelle il semble que l’on ne puisse plus demeurer ensemble. Les époux doivent apprendre ensemble à aller de l’avant, également par amour pour leurs enfants, et ainsi se connaître à nouveau, s’aimer à nouveau, d’un amour beaucoup plus profond, beaucoup plus vrai. C’est ainsi, en parcourant un long chemin, avec ses souffrances, que mûrit réellement l’amour.
Il me semble que nous, les prêtres, pouvons également apprendre des époux, précisément de leurs souffrances et de leurs sacrifices. Nous pensons souvent que seul le célibat est un sacrifice. Mais, en connaissant les sacrifices des personnes mariées — pensons à leurs enfants, aux problèmes qui apparaissent, aux peurs, aux souffrances, aux maladies, à la rébellion, et également aux problèmes des premières années, lorsque les nuits sont presque toujours privées de sommeil à cause des pleurs des petits enfants — nous devons apprendre d’eux, de leurs sacrifices, notre propre sacrifice. Et apprendre ensemble qu’il est beau de mûrir dans les sacrifices et ainsi œuvrer au salut des autres. Père Pennazza, vous avez à juste titre cité le Concile, qui affirme que le mariage est un sacrement pour le salut des autres : avant tout pour le salut de l’autre, de l’époux, de l’épouse, mais également des petits, des enfants, et enfin de toute la communauté. Et de cette façon, le prêtre aussi mûrit dans la rencontre.
Je pense alors que nous devons faire participer les familles. Les fêtes de la famille me semblent très importantes. A l’occasion des fêtes, il faut que la famille apparaisse, il faut qu’apparaisse la beauté des familles. Les témoignages également — bien qu’ils soient peut-être un peu trop à la mode — peuvent en certaines occasions être réellement une annonce, une aide pour nous tous.
Pour conclure, il demeure très important pour moi que dans la Lettre de saint Paul aux Ephésiens, les noces de Dieu avec l’humanité à travers l’incarnation du Seigneur se réalisent sur la Croix, dans laquelle naît la nouvelle humanité, l’Eglise. Le mariage chrétien naît précisément dans ces noces divines. Il est, comme le dit saint Paul, la concrétisation sacramentelle de ce qui a lieu dans ce grand Mystère. Ainsi, nous devons sans cesse ré-apprendre ce lien entre la Croix et la Résurrection, entre la Croix et la beauté de la Rédemption, et nous insérer dans ce Sacrement. Prions le Seigneur afin qu’il nous aide à annoncer correctement ce Mystère, à vivre ce Mystère, à apprendre des époux comment ils le vivent, à nous aider à vivre la Croix, de façon à arriver également aux moments de la joie et de la Résurrection.
Les jeunes
R.P. Gualtiero Isacchi, responsable du service diocésain de la Pastorale des jeunes: Les jeunes sont au centre d’une attention plus décisive de la part de notre diocèse, comme de toute l’Eglise qui est en Italie. Les Journées mondiales les ont révélés : ils sont nombreux et enthousiastes. Et pourtant, généralement, nos paroisses ne sont pas suffisamment équipées pour les accueillir ; les communauté
s paroissiales et les agents de la pastorale ne sont pas suffisamment préparés pour dialoguer avec eux ; les prêtres, occupés par leurs autres tâches, n’ont pas suffisamment de temps pour les écouter. On se rappelle d’eux lorsqu’ils deviennent un problème ou lorsque nous avons besoin d’eux pour animer une célébration ou une fête… Comment un prêtre peut-il aujourd’hui exprimer son option préférentielle pour les jeunes, tout en ayant un programme pastoral chargé ? Comment pouvons-nous servir les jeunes à partir de leurs valeurs au lieu de nous servir d’eux pour « notre propre compte » ?
BENOIT XVI : Je voudrais avant tout souligner ce que vous avez dit. A l’occasion des Journées mondiales de la Jeunesse, et également en d’autres occasions — comme récemment lors de la Veillée de Pentecôte — on constate qu’il existe un désir chez les jeunes, une recherche également de Dieu. Les jeunes veulent voir si Dieu existe et ce qu’Il nous dit. Il existe donc une certaine disponibilité, avec toutes les difficultés d’aujourd’hui. Il existe également un enthousiasme. Nous devons donc faire notre possible pour maintenir allumée cette flamme qui se manifeste lors d’occasions comme les Journées mondiales de la Jeunesse.
Comment faire ? C’est une question qui nous concerne tous. Je pense que c’est précisément ici que devrait se réaliser une « pastorale intégrée », car en réalité, tous les prêtres n’ont pas le temps de s’occuper suffisamment des jeunes. Il y a donc besoin d’une pastorale qui transcende les limites de la paroisse et qui dépasse également les limites du travail du prêtre. Une pastorale qui concerne également de nombreux agents. Il me semble que, sous la coordination de l’évêque, il faut trouver la manière, d’une part, d’intégrer les jeunes dans la paroisse afin qu’ils soient un ferment de la vie paroissiale ; et, de l’autre, de trouver également pour ces jeunes l’aide d’agents extra-paroissiaux. Les deux choses doivent aller de pair. Il faut suggérer aux jeunes que, non seulement dans la paroisse mais dans divers contextes, ils s’intègrent dans la vie du diocèse, pour se retrouver ensuite également dans la paroisse. Il faut donc favoriser toutes les initiatives qui vont dans ce sens.
Je pense qu’aujourd’hui, l’expérience du volontariat est très importante. Il est important que les jeunes ne soient pas abandonnés aux discothèques, mais qu’ils aient des occupations dans lesquelles ils voient qu’ils sont nécessaires, ils s’aperçoivent qu’ils peuvent faire quelque chose de bien. En ressentant cet élan à faire quelque chose de bien pour l’humanité, pour une personne, pour un groupe, les jeunes ressentent cet encouragement à s’engager et trouvent également la « voie » positive d’un engagement, d’une éthique chrétienne. Il me semble très important que les jeunes aient réellement des occupations qui montrent qu’ils sont nécessaires, qui les guident sur la voie d’un service positif dans l’aide inspirée par l’amour du Christ pour les hommes, afin qu’eux-mêmes recherchent les sources auxquelles puiser pour trouver la force et l’engagement.
Une autre expérience est celle des groupes de prière, dans lesquels ils apprennent à écouter la Parole de Dieu, à apprendre la Parole de Dieu précisément dans leur contexte de jeunes, à entrer en contact avec Dieu. Cela veut dire également apprendre la forme commune de la prière, la liturgie, qui sans doute dans un premier temps leur apparaît assez inaccessible. Ils apprennent qu’il existe la Parole de Dieu qui nous cherche, en dépit de la distance du temps, qui nous parle aujourd’hui. Nous portons le fruit de la terre et de notre travail au Seigneur et nous le trouvons transformé en don de Dieu. Nous parlons en tant que fils au Père, et nous recevons ensuite le don de Lui-même. Nous recevons la mission d’aller dans le monde avec le don de sa Présence.
Il serait également utile d’avoir des écoles de liturgie, auxquelles les jeunes puissent accéder. Il faut par ailleurs des occasions où les jeunes puissent se montrer et se présenter. J’ai appris qu’ici, à Albano, a été représentée la vie de saint François. S’engager dans ce sens signifie entrer dans la personnalité de saint François, de son époque, et élargir ainsi sa propre personnalité. Il ne s’agit que d’un exemple, d’une chose apparemment assez singulière. Cela peut être un moyen d’éduquer à élargir sa propre personnalité, à entrer dans un contexte de tradition chrétienne, à réveiller la soif de mieux connaître la source à laquelle a puisé ce saint. Ce n’était pas seulement un écologiste ou un pacifiste. C’était surtout un homme converti. J’ai lu avec grand plaisir que l’évêque d’Assise, Mgr Sorrentino, précisément pour éviter cet « abus » de la figure de saint François, à l’occasion du VIIIe centenaire de sa conversion, désire proclamer une « Année de la conversion » pour voir quel est le véritable « défi ». Peut-être pouvons-nous tous motiver un peu la jeunesse pour faire comprendre ce qu’est la conversion, en faisant référence également à la figure de saint François, pour rechercher une voie qui élargisse la vie. Avant, François était presque une sorte de « playboy ». Puis, il a senti que ce n’était pas suffisant. Il a entendu la voix du Seigneur : « Rebâtis ma maison ». Peu à peu, il a compris ce que signifiait « bâtir la Maison du Seigneur ».
Je n’ai donc pas de réponses très concrètes, car je suis confronté à une mission où je trouve les jeunes déjà réunis, grâce à Dieu. Mais il me semble que l’on doit utiliser toutes les possibilités qui s’offrent aujourd’hui dans les Mouvements, dans les Associations, dans le Volontariat, dans d’autres activités des jeunes. Il faut également présenter les jeunes à la paroisse, afin que celle-ci voie qui sont les jeunes. Une pastorale des vocations est nécessaire. Le tout doit être coordonné par l’évêque. Il me semble que l’on trouve des agents de la pastorale à travers l’authentique coopération des jeunes qui se forment. Et l’on peut ainsi ouvrir la voie à la conversion, la joie que Dieu est là et se préoccupe de nous, que nous avons accès à Dieu et que nous pouvons aider les autres à « rebâtir sa Maison ». Telle me semble être, à la fin, notre mission, parfois difficile, mais en fin de compte très belle: celle de « bâtir la Maison de Dieu » dans le monde d’aujourd’hui.
Je vous remercie de votre attention, et je vous demande pardon pour mes réponses fragmentaires. Nous voulons collaborer ensemble afin que grandisse la « Maison de Dieu » à notre époque, afin que de nombreux jeunes trouvent la voie du service au Seigneur.
© Copyright du texte original : Libreria editrice vaticana
Traduction réalisée par Zenit