« Un ordre économique mondial injuste, aggravé par le programme d’ajustement structurel imposé par la Banque mondiale, le Fonds monétaire International (Fmi) et par les règles de l’Organisation mondiale du commerce (…) prolongent et entretiennent l’agonie du monde paysan » : c’est ce que dénoncent, dans une lettre pastorale dont la MISNA vient de recevoir une copie, les évêques du Sénégal, préoccupés par un « monde rural malade ».
Beaucoup de facteurs internes contribuent également à cet état des choses : « ignorance, manque de formation, chômage, politiques de désengagement de l’Etat, privatisations pas toujours heureuses », mais aussi les mauvais comportements des citoyens et de leurs dirigeants, la corruption, les détournements, l’impunité, sans oublier les difficultés climatiques, la déforestation et la dégradation de l’environnement.
« Malgré les efforts des différents régimes qui se sont succédé au pouvoir – lit-on dans le document de 16 pages qui aborde en marge d’autres problèmes sociaux, comme l’éducation et la santé – la pauvreté des populations n’a cessé de s’aggraver. D’une part, la précarité de la vie en ville est toujours accentuée par l’exode rural vers Dakar et les autres villes de l’intérieur ; d’autre part, la population rurale, estimée à 61%, est aujourd’hui encore la plus vulnérable du pays ».
Les évêques du Sénégal, qui donnent une série de recommandations, lancent en conclusion un appel à tous les citoyens : « Ensemble, relevons le défi lancé aux Sénégalais par le Pape Jean-Paul II, lors de sa visite mémorable en février 1992 : ‘Veillez ensemble sur votre terre pour qu’elle nourrisse ses habitants. Développez votre économie pour que le plus grand nombre bénéficie de sa prospérité… Participez au soutien des plus pauvres… Mettez en commun toutes vos richesses humaines, c’est la première condition pour bâtir sur cette terre une demeure digne de l’homme… Construisez une maison ouverte à tous, aux faibles et aux plus forts ».