ROME, Mardi 5 septembre 2006 (ZENIT.org) – « Mondialiser la solidarité », c’est le thème de l’intervention du secrétaire du conseil pontifical pour les Migrants et les personnes en déplacement, Mgr Agostino Marchetto, devant l’assemblée « Hommes et religions » pour la paix, lors d’une table ronde, aujourd’hui à Assise. Et pour cela, il rappelle que la mondialisation doit se recentrer sur « la personne humaine » et sa dignité.
Mgr Marchetto constate que la « mondialisation » – en italien, la « globalisation » – est davantage « caractérisée par des facteurs économiques que guidée par des projets politiques, sociaux ou culturels » et que « la dimension humaine » y est souvent « oubliée ».
Plus encore, Mgr Marchetto voit s’aggraver « le grand fossé économique entre pays riches et pays pauvres et entre riches et pauvres à l’intérieur d’un même pays », avec comme conséquence le phénomène « de nouveaux esclavages », et celui des migrations, domaine de compétence de son dicastère.
Il rappelle que l’instruction « La charité du Christ pour les migrants » (« Erga migrantes caritas Christi ») mentionne la « question éthique » soulevée par le phénomène, à savoir, « celle de la recherche d’un nouvel ordre économique international pour une distribution des biens de la terre plus équitable, qui contribuerait (…) à réduire et modérer les flux d’une grande partie des populatiosn en difficulté » (cf. n .8 de l’instruction).
Cette vision, se réjouit Mgr Marchetto « s’impose progressivement à l’attention des institutions internationales et des gouvernements ».
Le même document distingue deux types de mondialisation : la mondialisation « économique », qui est « gouvernée par les lois du marché » (n. 8) et la mondialisation « culturelle » qui est « fortement influencée par les moyens de communication sociales » (n.9).
Mais étant donné qu’il s’agit d’un « fait » donné, il convient maintenant de chercher à « l’humaniser » , plutôt qu’à le « minimiser » ou à s’y « opposer par la force ».
Et pour cela, Mgr Marchetto préconise « l’aide à la personne humaine afin qu’elle y vive (…) dans des conditions de paix et de dialogue, au milieu des différents peuples, des cultures, et des religions ».
« Erga migrantes caritas Christi », et l’enseignement social de l’Eglise ont pour objectif, souligne Mgr Marchetto, de « stimuler » le travail « pour un avenir qui respecte la dignité de toute personne humaine ». Et de citer l’encyclique sociale « Centesimus annus » de Jean-Paul II marquant les 100 ans de « Rerum Novarum » : « La principale ressource de l’homme (…) c’est l’homme lui-même » (n. 32).
C’est pourquoi, ajoutait-il, « l’Eglise lutte contre les nouveaux esclavages, par la pensée et par l’action, par les moyens à sa disposition, en accord avec sa nature et avec sa mission ».
L’instruction « Erga migrantes Caritas Christi » invite à se faire « promoteurs » d’une véritable « culture de l’accueil » (n. 39), souligne Mgr Marchetto et à faire que « l’Eglise du pays d’accueil » se sente concernée et se mobilise en faveur des migrants.
Le document évoque aussi la « culture de la solidarité » (n. 9) : elle s’exprime dans « l’amour chrétien qui cherche le bien des autres, spécialement du nécessiteux et appelle à un partage réciproque des dons spirituels et des biens matériels », et « elle promeut l’unité dans le respect des légitimes diversités, surtout à travers le partage des connaissances qui, à la différence des biens matériels, enrichit non seulement qui les reçoit mais aussi qui les communique ».
Mais l’instruction indique aussi le chemin de la « mondialisation de la solidarité » : « à condition, conclut Mgr Marchetto, qu’avec l’économie, on réussisse à globaliser aussi les devoirs de la solidarité et à poser les conditions d’une véritable participation et d’un partage convaincu et mondial des biens et des valeurs, matériels et spirituels. Une utopie ? Je dirais non (…) et en tout cas, l’utopie a aujourd’hui un rôle, celui de nous mobiliser dans l’aujourd’hui de Dieu vers un avenir meilleur pour l’homme créé à l’image de Dieu ».