ROME, Vendredi 25 août 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de la deuxième lecture de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
Lecture de la Lettre aux Ephésiens 5, 21-32
Par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ; les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ; car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Église, le Christ est la tête, lui qui est le Sauveur de son corps. Eh bien ! si l’Église se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari.
Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré pour elle ; il voulait la rendre sainte en la purifiant par le bain du baptême et la Parole de vie ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni aucun défaut ; il la voulait sainte et irréprochable. C’est comme cela que le mari doit aimer sa femme : comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime soi-même. Jamais personne n’a méprisé son propre corps : au contraire, on le nourrit, on en prend soin. C’est ce que fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son corps. Comme dit l’Écriture :
A cause de cela,
l’homme quittera son père et sa mère,
il s’attachera à sa femme,
et tous deux ne feront plus qu’un.
Ce mystère est grand : je le dis en pensant au Christ et à l’Église.
5, 26 : « du baptême », litt. « d’eau » ; « de vie », add.
5, 30 : « Comme dit l’Écriture », add.
5, 31 : cf. Gn 2, 24 (-> 2).
© AELF
Maris, aimez vos femmes
« Par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ; les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ; car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Église, le Christ est la tête, lui qui est le Sauveur de son corps. Eh bien ! si l’Église se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari. Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré pour elle ; (…) C’est comme cela que le mari doit aimer sa femme : comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime soi-même ».
Cette fois je voudrais porter l’attention sur la deuxième lecture du jour tirée de la Lettre aux Ephésiens car elle contient un thème de grand intérêt pour la famille. En lisant les paroles de Paul avec la mentalité d’aujourd’hui, une difficulté saute immédiatement aux yeux. Paul recommande aux maris « d’aimer » leur femme (et cela nous convient), mais ensuite il recommande à la femme d’être « soumise » à son mari et dans une société fortement « et à juste titre » consciente de la parité des sexes, ceci semble inacceptable.
En effet, c’est exact. Sur ce point saint Paul est en partie conditionné par la mentalité de son époque. Toutefois, la solution ne réside pas dans le fait de supprimer le mot « soumission » des relations entre mari et femme, mais éventuellement de rendre cette soumission réciproque, comme l’amour doit également être réciproque. En d’autres termes, non seulement le mari doit aimer sa femme, mais la femme doit également aimer son mari ; non seulement la femme doit être soumise à son mari, mais le mari doit également être soumis à sa femme. Amour réciproque et soumission réciproque.
Se soumettre signifie, dans ce cas, tenir compte de la volonté du conjoint, de son opinion et de sa sensibilité ; dialoguer et non décider seul ; savoir parfois renoncer à son opinion. Se souvenir en somme que l’on est devenu « conjoints », c’est-à-dire, littéralement, personnes qui sont sous « le même joug », accueilli en toute liberté.
L’Apôtre donne, comme modèle aux époux chrétiens, la relation d’amour existant entre le Christ et l’Eglise, mais explique immédiatement en quoi a consisté cet amour : le Christ a « aimé l’Église, il s’est livré pour elle ». Le véritable amour se manifeste dans le « don de soi » à l’autre.
Il existe deux façons de manifester son amour à la personne aimée. La première est de lui offrir des cadeaux, de la combler de dons ; la deuxième, beaucoup plus exigeante, consiste à souffrir pour elle. Dieu nous a aimé de la première manière lorsqu’il nous a créé et nous a comblés de dons : le ciel, la terre, les fleurs, notre corps lui-même, tout est don venant de lui… Mais ensuite, dans la plénitude des temps, en Jésus-Christ, il est venu parmi nous et a souffert pour nous jusqu’à mourir sur la croix.
C’est ce qui se passe également dans l’amour humain. Au début, en tant que fiancés, on exprime son amour en se faisant des cadeaux. Mais vient le temps pour tous où il ne suffit plus d’offrir des cadeaux ; il faut être capable de souffrir avec et pour la personne aimée. L’aimer en dépit des limites que l’on découvre, les moments de pauvreté, les maladies elles-mêmes. Ceci est le véritable amour qui ressemble à celui du Christ.
En général on appelle le premier type d’amour « amour de recherche » (par un terme grec eros), le deuxième type « amour de don » (par un terme grec agape). Le signe qu’un couple est en train de passer de la recherche au don, de l’eros à l’agape est ceci : au lieu de se demander : « Qu’est-ce que mon mari (respectivement, ma femme) pourrait faire de plus pour moi, qu’il ne fait pas encore ? », on commence à se demander : « Qu’est-ce que je pourrais faire de plus pour mon mari (ou ma femme) que je ne fais pas encore ? »