Discours du pape au clergé de Rome (2 mars) (II)

Texte intégral

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ROME, Lundi 13 mars 2006 (ZENIT.org) – Jeudi 2 mars, Benoît XVI a reçu les membres du clergé de Rome, au Vatican, comme il a coutume de le faire en début de carême. Nous publions la deuxième partie du discours prononcé par le pape et, au-dessous, un résumé des interventions des prêtres auxquelles le pape répond dans son discours. Pour la première partie du discours, cf. Zenit, 12 mars.

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Je réponds à présent au vicaire de Saint-Jérôme — je constate également qu’il est très jeune — qui nous parle de ce qu’accomplissent les femmes dans l’Eglise, également pour les prêtres. Je dois souligner que je suis toujours très impressionné, dans le premier Canon, le Canon romain, par la prière spéciale pour les prêtres: « Nobis quoque peccatoribus ». Voilà, dans cette humble réalité des prêtres, nous, précisément en tant que pécheurs, nous prions le Seigneur pour qu’il nous aide à être ses serviteurs. Dans cette prière pour les prêtres, et seulement dans celle-ci, apparaissent sept femmes qui entourent le prêtre. Celles-ci se présentent précisément comme les femmes croyantes qui nous aident sur notre chemin. Chacun a certainement vécu cette expérience. Et ainsi, l’Eglise a une grande dette de reconnaissance à l’égard des femmes. Et vous avez justement souligné que, au niveau charismatique, les femmes font beaucoup, j’oserais dire, pour le gouvernement de l’Eglise, à commencer par les religieuses, par les sœurs des grands Pères de l’Eglise, comme saint Ambroise, jusqu’aux grands noms du Moyen-âge — sainte Hildegarde, sainte Catherine de Sienne, puis sainte Thérèse d’Avila — et jusqu’à Mère Teresa. Je dirais que ce secteur charismatique se distingue certainement du secteur ministériel au sens strict du terme, mais il s’agit d’une participation véritable et profonde au gouvernement de l’Eglise. Comment pourrait-on imaginer le gouvernement de l’Eglise sans cette contribution, qui devient parfois très visible, comme lorsque sainte Hildegarde critique les évêques ou lorsque sainte Brigitte et sainte Catherine de Sienne lancent des admonestations et obtiennent le retour des papes à Rome? Il s’agit toujours d’un facteur déterminant, sans lequel l’Eglise ne peut pas vivre. Toutefois, vous dites à juste titre: nous voulons voir de manière plus visible, également de façon ministérielle, les femmes dans le gouvernement de l’Eglise. Disons que la question est la suivante. Le ministère sacerdotal du Seigneur est, comme nous le savons, réservé aux hommes, dans la mesure où le ministère sacerdotal est un gouvernement au sens profond qui, en définitive, est le Sacrement qui gouverne l’Eglise. Voilà le point décisif. Ce n’est pas l’homme qui fait quelque chose, mais le prêtre fidèle à sa mission qui gouverne, dans le sens où il est le Sacrement; c’est-à-dire, qu’à travers le Sacrement c’est le Christ lui-même qui gouverne, que ce soit à travers l’Eucharistie ou les autres Sacrements, et ainsi le Christ préside toujours. Toutefois, il est juste de se demander si, dans le service ministériel aussi — malgré le fait que le Sacrement et le charisme sont ici la voie unique par laquelle se réalise l’Eglise —, on ne peut pas offrir plus de place, plus de postes de responsabilité aux femmes.

Je n’ai pas totalement compris les termes de la huitième intervention. En substance, j’ai compris qu’aujourd’hui, l’humanité, en marchant de Jérusalem à Jéricho, rencontre les voleurs sur son chemin. Le Bon Samaritain l’aide avec la miséricorde du Seigneur. Nous pouvons seulement souligner que, à la fin, c’est l’homme qui est tombé et qui retombe toujours parmi les voleurs, et c’est le Christ qui nous guérit. Nous devons et nous pouvons l’aider, que ce soit dans le service de l’amour ou dans le service de la foi, qui est aussi un ministère d’amour.

Ensuite, les martyrs de l’Ouganda. Merci de cette contribution. Cela nous fait penser au continent africain, qui est la grande espérance de l’Eglise. J’ai reçu ces derniers mois une grande partie des évêques africains en visite « ad limina ». Cela a été très édifiant pour moi, et aussi réconfortant, de voir des évêques de haut niveau théologique et culturel, des évêques zélés, qui sont réellement animés par la joie de la foi. Nous savons que cette Eglise se trouve entre de bonnes mains, mais qu’elle souffre, car les nations ne se sont pas encore formées. En Europe, c’est précisément par l’intermédiaire du christianisme que, au-delà des ethnies qui existaient, se sont formés les grands corps des nations, les grandes langues, et ainsi des communions de cultures et des espaces de paix. Même si, ensuite, ces grands espaces de paix se sont opposés entre eux et ont aussi créé une nouvelle espèce de guerre qui n’existait pas auparavant. Toutefois, en Afrique, dans de nombreuses régions, cette situation existe encore, surtout là où il y a des ethnies dominantes. Le pouvoir colonial a ensuite imposé des frontières, entre lesquelles doivent à présent se former des nations. Mais il existe encore cette difficulté à se retrouver dans un grand ensemble et à trouver, au-delà des ethnies, l’unité du gouvernement démocratique et également la possibilité de s’opposer aux abus coloniaux qui continuent. De plus, l’Afrique continue à être, toujours de la part des grandes puissances, l’objet d’abus, et de nombreux conflits n’auraient pas pris cette forme sans la présence des intérêts des grandes puissances. J’ai pu constater aussi que l’Eglise, dans toute cette confusion, avec son unité catholique, est le grand facteur qui unit face à la dispersion. Dans de nombreuses situations, surtout après la grande guerre dans la République démocratique du Congo, l’Eglise est restée l’unique réalité qui fonctionne et qui permet que la vie se poursuive, qui apporte l’assistance nécessaire, qui garantit la coexistence et qui aide à trouver la possibilité de réaliser un grand ensemble. C’est pourquoi, dans ces situations, l’Eglise accomplit également un service remplaçant l’action politique, dans la mesure où elle donne la possibilité de vivre ensemble et de reconstruire, après les destructions, la communion, de reconstruire l’esprit de réconciliation, après que la haine ait éclaté. De nombreuses personnes m’ont dit que, précisément dans ces situations, le Sacrement de la Pénitence est d’une grande importance comme force de réconciliation et doit également être administré dans ce sens. Je voulais, en un mot, dire que l’Afrique est un continent de grande espérance, de grande foi, de réalités ecclésiales émouvantes, de prêtres et d’évêques zélés. Mais c’est également toujours un continent qui a besoin — après les destructions que l’Europe y a causées — de notre aide fraternelle. Celle-ci ne peut que naître de la foi, qui crée également la charité universelle au-delà des divisions humaines. Telle est notre grande responsabilité en ce temps. L’Europe a importé ses idéologies, ses intérêts, mais elle a également importé, avec la mission, le facteur de la guérison. Aujourd’hui, nous avons encore davantage la responsabilité d’avoir nous aussi une foi zélée, qui puisse être communiquée, qui veut aider les autres, qui est bien consciente que donner la foi ne signifie pas introduire une force d’aliénation, mais apporter le don véritable dont l’homme a besoin, précisément pour être aussi une créature de l’amour.

Le dernier point était celui abordé par le vicaire de l’ordre des Carmes, de Sainte-Thérèse d’Avila, qui nous a révélé à juste titre ses préoccupations. Un simple optimisme superficiel qui ne tiendrait pas compte des grandes menaces à l’égard des jeunes d’aujourd’hui, des enfants, des familles, serait certainement erroné. Nous devons percevoir avec un grand réalisme ces menaces qui naissent là où Dieu est absent. Nous devons sentir toujours davantage notre respons
abilité, afin que Dieu soit présent, et ainsi, l’espérance et la capacité d’avancer avec confiance vers l’avenir.

Après l’intervention de cinq autres prêtres, le pape a ainsi conclu son discours:

Je reprends à présent la parole, en commençant par l’Académie pontificale. Ce que vous avez dit sur le problème des adolescents, sur leur solitude et sur l’incompréhension de la part des adultes, trouve en nous un écho concret aujourd’hui. Il est intéressant de voir que ces jeunes, qui, dans les discothèques cherchent à être très proches les uns des autres, souffrent en réalité d’une grande solitude, et naturellement aussi d’incompréhension. Cela me semble, d’une certaine façon, l’expression du fait que les pères, comme on l’a dit, sont en grande partie absents de la formation de la famille. Mais les mères aussi doivent travailler à l’extérieur. La communion entre eux est très fragile. Chacun vit dans son monde: ce sont des îlots de la pensée, du sentiment, qui ne s’unissent pas. Le grand problème propre à notre époque — dans lequel chacun, en voulant avoir sa vie pour soi, la perd parce qu’il s’isole et isole l’autre de lui — est de retrouver la profonde communion qui, à la fin, ne peut venir que d’un fond commun à toutes les âmes, de la présence divine qui nous unit tous. Il me semble que la condition est de surmonter la solitude et également de surmonter l’incompréhension, car celle-ci est aussi le résultat du fait que la pensée est aujourd’hui fragmentée. Chacun cherche sa façon de penser, de vivre, et il n’y a pas de communication dans une vision profonde de la vie. La jeunesse se sent exposée à de nouveaux horizons qui n’ont pas été transmis par la génération précédente, car il manque la continuité de la vision du monde, pris dans une séquence toujours plus rapide de nouvelles inventions. En dix ans ont été réalisés des changements qui, par le passé, ne s’étaient même pas produits en cent ans. C’est ainsi que se séparent réellement deux mondes. Je pense à ma jeunesse et à la naïveté, si je puis dire, dans laquelle nous avons vécu, dans une société entièrement agricole, par rapport à la société d’aujourd’hui. Nous voyons que le monde change toujours plus rapidement, si bien qu’il se fragmente également à cause de ces changements. C’est pourquoi, dans un moment de renouveau et de changement, l’élément de la permanence devient plus important. Je me souviens lorsque la Constitution conciliaire « Gaudium et spes » a été discutée. D’une part, il y avait la reconnaissance de l’aspect nouveau, de la nouveauté, le « oui » de l’Eglise à l’époque nouvelle avec ses innovations, le « non » au romantisme du passé, un « non » juste et nécessaire. Mais ensuite les Pères — on en trouve également la preuve dans le texte — ont également dit que malgré cela, malgré la disponibilité nécessaire à aller de l’avant, à abandonner d’autres choses qui nous étaient chères, il y a quelque chose qui ne change pas; c’est ce qui est humain, lié à l’état de créature. L’homme n’est pas entièrement historique. Donner à l’histoire un caractère absolutiste, au sens où l’homme ne serait toujours qu’une créature fruit d’une certaine période, ne correspond pas à la vérité. Il y a la condition de créature et celle-ci nous donne précisément la possibilité de vivre dans le changement ou de rester identiques à nous-mêmes. Il ne s’agit pas d’une réponse concrète à ce que nous devons faire, mais il me semble que le premier pas est d’établir un diagnostic. Pourquoi cette solitude dans une société qui, d’autre part, apparaît comme une société de masse ? Pourquoi cette incompréhension dans une société dans laquelle tous cherchent à se comprendre, où la communication signifie tout et où la transparence de tout à tous est la loi suprême? La réponse se trouve dans le fait que nous voyons le changement dans notre propre monde et que nous ne vivons pas suffisamment l’élément qui nous relie tous, l’élément de notre condition de créature, qui devient accessible et qui devient réalité dans une certaine histoire: l’histoire du Christ, qui n’est pas contre la condition de créature, mais qui restitue ce qui était voulu par le Créateur, comme le dit le Seigneur à propos du mariage. Le christianisme, précisément en soulignant l’histoire et la religion comme une donnée historique, donnée dans une histoire, à commencer par Abraham, et donc comme une foi historique, ayant ouvert sa porte à la modernité avec son sens du progrès, de la marche constante en avant, est aussi, dans le même temps, une foi qui se base sur le Créateur, qui se révèle et se rend présente dans une histoire à laquelle il donne sa continuité, donc la possibilité de communication entre les âmes. Je pense donc, ici aussi, qu’une foi vécue en profondeur et avec toute l’ouverture à l’égard du moment actuel, mais aussi avec toute l’ouverture à l’égard de Dieu, unit les deux choses: le respect de l’altérité et de la nouveauté, et la continuité de notre être, la communicabilité entre les personnes et les temps.

L’autre point était: comment pouvons-nous vivre la vie comme un don ? C’est une question que nous nous posons surtout à présent, pendant le Carême. Nous voulons renouveler l’option pour la vie qui est, comme je l’ai dit, une option pour ne pas se posséder soi-même mais pour se donner soi-même. Il me semble que nous ne pouvons le faire que grâce à un dialogue permanent avec le Seigneur et à un dialogue entre nous. Grâce également à la « correctio fraterna » il est nécessaire de mûrir toujours plus face à une capacité de vivre le don de soi-même toujours insuffisante. Mais il me semble que, ici aussi, nous devons unir les deux choses. D’une part, nous devons accepter nos insuffisances avec humilité, accepter ce « moi » qui n’est jamais parfait, mais qui tend toujours vers le Seigneur pour arriver à la communion avec le Seigneur et avec tous. Cette humilité d’accepter également ses propres limites est très importante. Ce n’est qu’ainsi, d’autre part, que nous pouvons grandir, mûrir et prier le Seigneur pour qu’il nous aide à ne pas nous fatiguer sur le chemin, tout en acceptant avec humilité que nous ne serons jamais parfaits, en acceptant aussi l’imperfection, surtout de l’autre. En acceptant la sienne, on peut accepter plus facilement celle de l’autre, en nous laissant former et réformer sans cesse par le Seigneur.

A présent les hôpitaux. Merci pour le salut qui vient des hôpitaux. Je ne connaissais pas la mentalité selon laquelle un prêtre se retrouve dans la situation d’exercer son ministère dans un hôpital parce qu’il a fait quelque chose de mal… J’ai toujours pensé que le service premier du prêtre est de servir les malades, les personnes qui souffrent, car le Seigneur est surtout venu pour être avec les malades. Il est venu pour partager nos souffrances et pour nous guérir. A l’occasion de leur visite « ad limina », je dis toujours aux évêques africains que les deux piliers de notre travail sont l’éducation — c’est-à-dire la formation de l’homme, qui implique de nombreuses dimensions comme l’éducation pour apprendre, le professionnalisme, l’éducation à l’intimité de la personne — et la guérison. Le service fondamental, essentiel de l’Eglise est donc celui de guérir. C’est précisément dans les pays africains que se réalise tout cela: l’Eglise offre la guérison. Elle présente les personnes qui aident les malades, qui aident à guérir dans le corps et dans l’âme. Il me semble donc que nous devons voir précisément dans le Seigneur, notre modèle de prêtre pour guérir, pour aider, pour assister, pour accompagner vers la guérison. Cela est fondamental pour l’engagement de l’Eglise; cela est la forme fondamentale de l’amour et cela est donc l’expression fondamentale de la foi. En conséquence, cela est aussi le point central du sacerdoce.

Je réponds ensuite au vicaire des Saints-Patrons d’Italie, qui nous a
parlé du dialogue avec les orthodoxes et du dialogue œcuménique en général. Dans la situation mondiale actuelle, nous voyons que le dialogue est fondamental à tous les niveaux. Il est encore plus important que les chrétiens ne soient pas renfermés sur eux-mêmes, mais ouverts, et précisément dans les rapports avec les orthodoxes je vois à quel point les relations personnelles sont fondamentales. Du point de vue de la doctrine, nous sommes essentiellement unis sur tous les points fondamentaux. Toutefois, toujours dans ce domaine, il semble très difficile d’accomplir des progrès. Mais se rapprocher dans la communion, dans l’expérience commune de la vie de foi, constitue la façon de se reconnaître réciproquement comme des fils de Dieu et des disciples du Christ. Telle est mon expérience depuis au moins quarante ans, presque cinquante ans: cette expérience de partager la condition de disciples, que nous vivons finalement dans la même foi, dans la même succession apostolique, avec les mêmes sacrements et donc aussi avec la même grande tradition de prière; cette diversité et cette multiplicité des cultures religieuses, des cultures de foi est très belle. Avoir vécu cette expérience est fondamental et il me semble que la conviction de certains, d’une partie des moines du Mont Athos contre l’œcuménisme, découle aussi du fait de l’absence de cette expérience dans laquelle on voit et on se rend compte concrètement que l’autre aussi appartient au même Christ, appartient à la même communion avec le Christ dans l’Eucharistie. Cela est donc d’une grande importance: nous devons supporter la séparation qui existe. Saint Paul dit que les schismes sont nécessaires pendant un certain temps et que le Seigneur sait pourquoi: pour nous mettre à l’épreuve, pour nous exercer, pour nous faire mûrir, pour nous rendre plus humbles. Mais, dans le même temps, nous sommes obligés d’aller vers l’unité et aller vers l’unité est déjà une forme d’unité.

Nous répondons à présent au Père spirituel du séminaire. Le premier problème était la difficulté de la charité pastorale. D’une part, nous la vivons, mais, de l’autre, je voudrais aussi dire: courage. L’Eglise accomplit tant grâce à Dieu, en Afrique, mais aussi à Rome et en Europe! Elle accomplit tant et de nombreuses personnes lui sont reconnaissantes, que ce soit dans le secteur de la pastorale des malades, ou de la pastorale des pauvres et des laissés-pour-compte. Continuons avec courage et cherchons à trouver ensemble les meilleures voies.

L’autre point était centré sur le fait que la formation sacerdotale entre des générations, même proches, semble être un peu différente pour de nombreuses personnes, et cela complique l’engagement commun pour la transmission de la foi. J’ai noté cela lorsque j’étais archevêque de Munich. Quand nous sommes entrés au séminaire, nous avions tous une spiritualité catholique commune, plus ou moins mûre. Disons que le fondement spirituel était commun. A présent, les prêtres viennent d’expériences spirituelles très différentes. J’ai constaté dans mon séminaire qu’ils vivaient dans différents « îlots » de spiritualité qui communiquaient difficilement. Nous en rendons davantage grâce au Seigneur, car il a donné de nombreuses et nouvelles impulsions à l’Eglise et aussi de nombreuses formes de vie spirituelle, de découverte de la richesse de la foi. Il ne faut surtout pas négliger la spiritualité catholique commune, qui s’exprime dans la Liturgie et dans la grande Tradition de la foi. Cela me semble très important. Ce point est important également par rapport au Concile. Il ne faut pas vivre — comme je l’ai dit avant Noël à la Curie romaine — l’herméneutique de la discontinuité, mais vivre l’herméneutique du renouveau, qui est la spiritualité de la continuité, du mouvement en avant dans la continuité. Cela me semble très important. Ce point est important également par rapport à la Liturgie. Je prends un exemple concret, qui m’est venu précisément aujourd’hui avec la brève méditation de ce jour. La « Statio » de ce jour, jeudi après le Mercredi des Cendres, est la saint Georges. Il y avait autrefois deux lectures sur deux saints soldats, correspondant à ce saint soldat. La première parle du roi Ezéchiel, qui, malade, est condamné à mort et prie le Seigneur en pleurant: Donne-moi encore un peu de vie! Et le Seigneur est bon et lui accorde encore dix-sept ans de vie. C’est donc une belle guérison et ce soldat peut à nouveau reprendre en main son activité. La deuxième lecture est l’épisode de l’Evangile qui rapporte l’histoire de l’officier de Capharnaüm avec son serviteur malade. Nous avons ainsi deux motifs: celui de la guérison et celui de la « milice » du Christ, de la grande lutte. A présent, dans la liturgie actuelle, nous avons deux lectures totalement opposées. Nous avons celle du Deutéronome: « Choisis la vie » et celle de l’Evangile: « Suivre le Christ et prendre la croix avec soi », ce qui veut dire ne pas chercher sa propre vie, mais donner la vie, et c’est une interprétation de ce que signifie « choisis la vie ». Je dois dire que j’ai toujours beaucoup aimé la liturgie. J’aimais vraiment le chemin quadragésimal de l’Eglise, avec ces « églises stations » et les lectures liées à ces églises: une géographie de la foi qui devient une géographie spirituelle du pèlerinage avec le Seigneur. Et j’avais été un peu déçu qu’on nous ait enlevé ce lien entre la « station » et les lectures. Aujourd’hui, je vois que ces lectures sont vraiment très belles et expriment le programme du Carême: choisir la vie, c’est-à-dire renouveler le « oui » du Baptême, qui est précisément le choix de la vie. Dans ce sens, il existe une intime continuité et il me semble que nous devons l’apprendre de cela, qui n’est qu’un très petit exemple entre discontinuité et continuité. Nous devons accepter la nouveauté, mais également aimer la continuité et voir le Concile dans cette optique de la continuité. Cela nous aidera également à servir de médiateurs entre les générations dans leur façon de transmettre la foi.

Pour finir, le prêtre du Vicariat de Rome a terminé par un mot que je reprends entièrement, de façon à pouvoir conclure avec celui-ci: devenir plus simples. Cela me semble un très beau programme. Cherchons à le mettre en pratique et ainsi, nous serons plus ouverts au Seigneur et aux personnes.

Merci!

[Fin de la deuxième et dernière partie du discours de Benoît XVI]

Voici les résumés des interventions des prêtres, proposés par le site du Vatican (cf. www.vatican.va) auxquels Benoît XVI a répondu ci-dessus

Le père Lucio Maria Zappatore, carme, curé de « Santa Maria Regina Mundi », à Torre Spaccata (Secteur Est, XVIe Préfecture), a été le premier à prendre la parole. «Très Saint-Père, a-t-il dit, c’est la première fois que nous nous réunissons avec vous pour cette rencontre de carême. Je voudrais évoquer le bien-aimé Serviteur de Dieu Jean-Paul II. La dernière fois que nous l’avons rencontré, lors du carême 2004, il nous a salués avec les trois phrases en dialecte romain qui sont désormais devenues célèbres: « Dàmose da fà ! » (« Remuons-nous ! »), « Volèmose bene! » (« Aimons-nous ! »), « Semo romani ! » (« On est des romains ! »), et qui ont fait le tour du monde ». «Quant à nous, curés de Rome, a ajouté le père Lucia Maria, nous les conservons jalousement dans nos cœurs, comme son testament spirituel. Mais à présent, nous devons regarder devant nous. Aujourd’hui, c’est le nouveau pape que nous rencontrons. J’ai voulu pour ma part percevoir un signe de continuité entre vous et votre bien-aimé prédécesseur dans la phrase que vous avez prononcée lors des funérailles du pape Karol Wojtyla. Une phrase qui a suspendu, l’espace d’un instant, la tristesse de nos cœurs et a fait retentir la Place Saint-Pierre d’un ton
nerre interminable d’applaudissements, lorsque vous avez dit: « Nous pouvons être sûrs que notre pape bien-aimé est maintenant à la fenêtre de la Maison du Père, qu’il nous voit et qu’il nous bénit ». A ce moment-là, a-t-il précisé, nous avons tous réalisé que nous avions le nouveau pape devant nous ». A partir de cette phrase, le religieux carme a composé un sonnet en dialecte romain qu’il a dédié à Benoît XVI, intitulé « Na finestra su ner cielo » (Une fenêtre, là-haut, dans le ciel).

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Le Père Flavio Allegro, de la congrégation de Saint-Joseph, curé de « San Leonardo Murialdo » (Secteur Sud, XXIIIe Préfecture) a pris comme point de départ sa rencontre, un après-midi, il y a dizaine d’années devant la crèche de la Place Saint-Pierre, avec celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger. « Je suis venu à votre rencontre pour vous saluer, a-t-il raconté, et la foule nombreuse qui était derrière nous, vous reconnaissant, a commencé à applaudir. Alors, de manière très affable, en indiquant une dame âgé et fragile qui était venue avec vous, vous aviez alors dit: Ne m’applaudissez donc pas, applaudissez plutôt cette dame. C’est une mère de famille ». Le Père Allegro a voulu rappeler l’épisode, pour demander, en tant que curé, une parole de réconfort et de joie: « En nous souvenant de nos mères, a-t-il expliqué, de leur foi, de l’influence et de la force spirituelle qu’elles ont apportées à notre formation humaine et chrétienne, aidez-nous, Votre Sainteté, à parler aux mères de tous les enfants, des jeunes qui fréquentent le catéchisme, souvent distraits et facilement absents. Votre Sainteté, dites-nous un mot, que nous puissions ramener chez nous, à ces mères de famille, pour que nous puissions leur dire: ‘voici ce que vous dit le pape’ ».

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Le père Alberto Pacini est le Recteur de « Sant’Anastasia al Palatino », qui, de 1959 à 1999, fut confiée aux Bénédictins olivétains et qui durant le Jubilé de l’an 2000, a été rouverte après être restée fermée 32 ans pour des travaux de restauration. Depuis cinq ans, cette église est un lieu d’adoration eucharistique perpétuelle, jour et nuit; elle est ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le Très Saint Sacrement y est exposé à la vénération des fidèles qui se succèdent. Cela a engendré 14 initiatives semblables, dont une à Rome et les autres dans diverses régions d’Italie; elle est également le siège d’un mouvement très actif d’évangélisation eucharistique. « Ma proposition, ma suggestion, mon souhait, mon aspiration, a dit le Recteur, serait que dans chacun des cinq Secteurs de Rome il puisse y avoir une adoration eucharistique perpétuelle, en considérant qu’on en trouve déjà six, au sein d’instituts religieux, principalement du Secteur Ouest. C’est également dans se secteur que se trouve la paroisse de la Mère de la Divine Providence. Etant donné que Rome devrait tenir une place d’honneur dans la « charité eucharistique », a-t-il ajouté, il serait souhaitable qu’il y ait de très nombreux lieux où, à travers la rencontre avec l’Eucharistie, l’Eglise puisse se régénérer: vocations, évangélisation, confessions, parce que là où le Christ est exposé, là où la prière est incessante, le Seigneur attire à lui ses fils ».

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Dans sa brève intervention, le père Andrea Lonardo, curé de « Santa Melania Juniore » (Secteur Sud, XXVIIe Préfecture), a qualifié Benoît XVI de « Maître » orientant la pensée vers une foi « pleinement humaine ». « Nous sommes toujours touchés par vos interventions, a-t-il dit, par l’harmonie avec laquelle chaque point retrouve son centre, ses relations, ses nœuds. Et cela d’autant plus à une époque où tout est fragmenté. Cette capacité qui est la vôtre nous aide, parce qu’elle est une synthèse vivante, et non abstraite, qui va à la rencontre de l’homme du passé et de l’homme d’aujourd’hui; des non-croyants et des très nombreuses autres manières de penser. Vous pourriez nous aider, a-t-il demandé au Saint-Père, en évoquant pour nous la manière dont vous avez mûri, dont vous avez compris, lorsque vous étiez encore séminariste, puis prêtre, lors de nombreuses rencontres, l’importance de tout cela. Comment pouvons-nous mieux comprendre ? Comment pouvons-nous grandir dans notre réalité de prêtres romains ? Comment pouvons-nous aider les laïcs à comprendre cette synthèse harmonieuse, cette catholicité de la foi, qui ensuite va justement rencontrer, toucher, éclairer la réalité de la vie de notre temps ? »

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Le père Gennaro Perucatti, salésien, vicaire de « San Giovanni Bosco » (Secteur Est, XXe Préfecture) a parlé du pape Pie XII: « Le 2 mars 1876 naissait à Rome Eugenio Pacelli et le 2 mars 1939, il était élu pape. Sur ce grand pape, il est peut-être tombé un léger voile de silence. Eugenio Pacelli a été consacré évêque par Benoît XV dans la Chapelle Sixtine, le 13 mai 1917, alors que Marie apparaissait à Fatima et tandis que Marie de Cléophée, en Russie, était assaillie par les cavaliers bolcheviques, qui assassinèrent les enfants du catéchisme. Pie XII aimait la Vierge: il a été le pape du dogme de l’Assomption; le pape de l’Année mariale. Il aimait les papes et il a été le dernier à canoniser un Souverain Pontife, saint Pie X. Il aimait les jeunes, et il canonisa Maria Goretti et Domenico Savio ». En s’adressant à Benoît XVI, le prêtre salésien a poursuivi: « Nous devons véritablement beaucoup à ce Souverain Pontife; et pourtant, il me semble qu’en descendant dans les Grottes Vaticanes, l’on ne parvient plus à trouver sa tombe, car le parcours ne le permet pas. Et sa tombe n’est pas fleurie.Votre Sainteté, redonnez-nous ce grand Souverain Pontife Pastor angelicus, qui aimait l’Allemagne. D’ailleurs, les Allemands aussi aimaient Pie XII, Nonce apostolique à Berlin ». « Votre Sainteté, a-t-il conclu, nous souhaitons véritablement tous, qu’aux côtés des Serviteurs de Dieu Jean-Paul II, Paul VI et Jean-Paul Ier, ainsi que du Bienheureux Jean XXIII, nous puissions voir également Eugenio Pacelli, Pie XII ».

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Le père Paolo Ricciardi, curé de « Santa Silvia » (Secteur Ouest, XXIXe Préfecture), est parti du présupposé que ces dernières années, le diocèse de Rome s’interroge sur la manière de répondre au mieux aux demandes et aux besoins des familles d’aujourd’hui. « Il faut, a-t-il dit, redonner vitalité à la famille, faire des familles non l’objet, mais le sujet de la pastorale, en faisant de nos communautés un milieu familial, dont personne ne se sente exclu. La famille est menacée par le relativisme et par l’indifférence de notre époque; les enfants du catéchisme manifestent sans s’en cacher, un fort désir de famille. Souvent, les pères sont absents; les grands-parents ont beaucoup à faire; aujourd’hui, certaines familles n’en ont plus que le nom et même au sujet de l’éducation, les parents semblent résignés, en particulier lorsque les enfants arrivent à l’adolescence. Il n’est pas facile aujourd’hui de soutenir et d’aider les familles: dans les programmes pastoraux, nous essayons d’ouvrir, au-delà des voies traditionnelles, de nouveaux chemins: la catéchèse familiale, les rencontres avec les parents avant et après le baptême, les groupes familiaux. Je crois toutefois que les familles d’aujourd’hui ont soif de rapports humains, de redécouverte de relations; un besoin d’accueil et d’ouverture. Elles ont besoin de prêtres experts en humanité, afin de reconnaître ce Dieu qui par amour s’est fait homme, en partageant les joies et les difficultés de tout homme et qui continuellement s’offre à chacun justement à travers la famille ». Le curé de « Santa Silvia » indique comme un domaine d’action extrêmement enrichissant, l’accompagnement des fiancés vers le mariage. « Ils proviennent de situations extrêmement diverses, beaucoup ne fréquentent plus la paroisse depui
s la Confirmation, voire depuis la Première Communion. Ils arrivent avec quelques préjugés, mais ensuite ils se sentent accueillis, aimés et jamais jugés, ils découvrent dans la communauté une source qui réanime chez beaucoup la foi. Les cours de préparation au mariage deviennent alors des parcours de redécouverte de Dieu et de l’Eglise; des parcours où la Parole de Dieu doit être annoncée et partagée. Il faut proposer aux fiancés une annonce crédible et enthousiaste de l’amour de Dieu, qu’ils seront appelés à manifester grâce au sacrement nuptial; ils ont besoin, comme toutes les familles que nous rencontrons, de quelqu’un qui non seulement leur parle de Dieu, mais qui parle à Dieu avec eux et écoute Dieu avec eux. De très nombreux couples demandent ensuite à poursuivre sur le chemin de la foi, même après le mariage et cela devient une voie précieuse qu’il faut réinventer et parcourir même si elle est exigeante ». Le père Ricciardi estime nécessaire d’accompagner immédiatement les nouveaux époux. « Il faut leur faire ressentir leur importance, les aider à raviver la grâce du Sacrement, entrer dans leurs maisons avec amitié également pour prier ensemble, pourquoi pas en leur faisant rencontrer d’autres familles déjà en chemin depuis davantage de temps. Etre proche des couples est une grâce également pour notre sacerdoce: les deux vocations non seulement se complètent, mais ne peuvent se passer l’une de l’autre ». Enfin, après avoir remercié le pape Benoît XVI, au nom des familles, d’avoir consacré à l’amour sa première Encyclique, il a conclu en citant l’œuvre théâtrale de Jean-Paul II, « La Boutique de l’Orfèvre » où celui-ci décrivait le chemin serein ou difficile de trois couples d’époux qui avaient en commun l’artisan de leurs alliances. « Votre Sainteté, a dit le père Ricciardi, aidez-nous à aider les familles à fixer le regard sur cet orfèvre qui pèse la foi des époux à la balance de son amour ».

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Le père Marco Valentini, vicaire paroissial de « San Girolamo a Corviale » (Secteur Ouest, XXXIe Préfecture), a prononcé une intervention inspirée par la rencontre avec une mère de famille et plusieurs sœurs engagées dans l’aide aux prêtres en difficulté. « Cette expérience, a-t-il dit, m’a conduit à penser: pourquoi ne pas associer également la femme au gouvernement de l’Eglise ? Du reste, leur point de vue sur les décisions à prendre est différent du point de vue masculin. La femme travaille souvent au niveau charismatique à travers la prière ou au niveau pratique, comme l’a fait sainte Catherine de Sienne, qui a ramené le pape à Rome. C’est pourquoi il faudrait réaffirmer son rôle, également au niveau institutionnel et connaître le point de vue des femmes qui est différent de celui des hommes, pour aider non seulement les prêtres en difficulté, mais tous les prêtres lorsqu’ils doivent prendre des décision difficiles ».

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Mgr Lorenzo Minuti, directeur de la Section romaine du GRIS (Groupe de recherche et d’information socio-religieuse sur les sectes), auquel la Conférence épiscopale italienne a confié la mission d’aider les victimes de sectes religieuses à s’en sortir, a voulu remercier le pape Benoît XVI au nom de ces victimes. « Je vous remercie, a-t-il dit, de vos condamnations répétées relatives aux dommages provoqués par les sectes et je ne m’attarde donc pas sur des faits que vous connaissez bien tels que: certains torts irrémédiables portés à la foi; le naufrage de tant de familles, déchirées par l’adhésion de leurs membres; les torts portés à la vie, à travers les innombrables suicides provoqués par le climat de terreur et d’égarement entretenu volontairement ; l’accaparement de biens. Tout cela est provoqué non par des doctrines élaborées, mais par de simples et subtiles manipulations qui, en altérant l’histoire, la Bible et des citations faisant autorité, demeurent bien cachées et insoupçonnables; latentes mais efficaces, imaginées précisément pour faire douter et pour impressionner afin d’obtenir une confiance mal placée. De très nombreuses personnes naïves, a-t-il ajouté, incapables de reconnaître seules ces artifices, se retrouvent comme les malheureux qui furent au mauvais moment sur la route entre Jérusalem et Jéricho: ils ont besoin de l’aide de Samaritains expérimentés et bien informés. Très Saint-Père, a-t-il demandé, cette préparation de Samaritains qualifiés n’est-elle pas d’une urgente actualité? Celle-ci n’aurait-elle pas sa place dans les séminaires, dans des cours spécifiques de nos universités et dans la formation permanente du clergé qui prend déjà soin des âmes ? ». Enfin, Mgr Minuti a cité un ancien antipape, Hippolyte Romain, qui écrivait qu’à l’époque, à Rome, on enseignait sur des thèmes religieux « dans une ombre complice » ; dans ce but, les membres du GRIS demandent des bénédictions à Pierre pour rendre comme il le faut raison de leur espérance.

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Le père Alfio D’Agostino, curé des « Santi Martiri dell’Uganda », « al Laurentino » (Secteur Sud, XXIIe Préfecture) a voulu partager son expérience personnelle. Il a tout d’abord rappelé le 3 juin 1999 lorsque le cardinal Ruini l’appela à sa charge actuelle. « Je rends aujourd’hui grâce à Dieu pour l’enrichissement qu’a constitué pour moi cette expérience pastorale. Puis j’ai pensé que le 3 juin est la fête des patrons de la paroisse, à laquelle collaborent deux prêtres vicaires, un diacre qui sera ordonné prêtre le 7 mai et un prêtre venu apporter son aide. Nous tentons, a-t-il conclu, de constituer un presbyterium et de prier ensemble».

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Le père Damiano La Manna, des Carmes Déchaux, est vicaire de « Santa Teresa d’Avila » et animateur du Mouvement des Carmes à Rome: ces trois services, ces trois obédiences, a-t-il expliqué, « me rendent heureux de ma vocation à la vie religieuse, à l’Eglise diocésaine et à un mouvement ecclésial, et me font également poser sur la situation de Rome un regard préoccupé. Je pense suivre le Seigneur dans l’obéissance aux activités normales d’une paroisse; aux rencontres, à l’animation de la catéchèse avec les enfants; aux jeunes familles, avec une préoccupation particulière pour les adolescents. J’ai entendu dire, il y quelques temps, qu’on a pu définir les jeunes comme une “périphérie de l’humain”. Lorsque j’en parle avec d’autres frères ou des laïcs qui s’occupent de la jeunesse, j’ai l’occasion de dire qu’ici à Rome, la “périphérie de l’humain” se touche à pleine main et quelquefois, les familles également semblent être à la “périphérie de l’humain”, comme en ce qui concerne les enfants qui sont à la “périphérie des familles”. A la mort du père Andrea Santoro, je me suis dit qu’il serait beau de mourir ainsi; puis je me suis dit qu’il est beau de mourir également comme vicaire qui se consume de ne pas avoir l’opportunité de voir tant de jeunes venir à la Messe. Cette “périphérie” doit être combattue également dans le chemin que parcourt l’Eglise. Très Saint-Père, dans votre Encyclique, vous concluez par une exhortation à regarder les exemples de sainteté chrétienne. Jean-Paul II a consacré plusieurs passages de Novo millennio ineunte à la nécessité d’une pastorale qui soit une pastorale mystique, où le cœur de l’homme doit être conduit à “tomber amoureux du Seigneur”». Et il concluait: « Je crois que nous devons rapprocher nos fidèles, en particulier les plus jeunes, du centre de l’Eglise. Rome vit cette contradiction: tout semble proche, mais en s’éloignant d’à peine trois kilomètres, l’on se croirait en une lointaine périphérie. Je crois que nous devons apprendre à remettre en jeu nos charismes — prêtres, laïcs, religieux — au service de la catéchèse. Peut-être devons-nous recommencer à regarder les saints: à les contempler, à les aimer et à nous laisser conduire par eux ».

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Après les réponses de Benoît XVI aux dix premières interventions, le père Giacomo Martinelli, délégué pastoral de l’Académie pontificale de l’Immaculée, a pris la parole. Il a rappelé que le jeudi — dans le cadre de la présentation de l’Encyclique Deus caritas est à Saint-Jean-de-Latran — le Prof. Andreoli, psychiatre et psychologue, avait soutenu que les victimes du « désert d’amour » actuel sont les adolescents, parce qu’ils souffrent terriblement du manque d’amour qu’il y a dans le monde. En décrivant les jeunes « dissociés intérieurement » et comme des « adolescents en rupture », il soulignait leur double souffrance: causée à la fois par la peur d’être seuls et par le poids du sentiment d’être incompris. Ces deux mots, solitude et incompréhension — a rappelé le père Martinelli — « je les avais également entendus lors de la rencontre de Benoît XVI cet été avec les prêtres du Val d’Aoste. Ils avaient manifesté cette solitude et cette incompréhension de leur identité et de leur fonction ecclésiale. Cela m’a fait penser, a-t-il poursuivi, que nous, prêtres, avons nous aussi du mal à passer “de l’amour de soi au don de soi”. C’est pourquoi, comme il existe des “couples brisés”, il existe peut-être aussi des “prêtres brisés”, qui souffrent de cette incapacité. Parce qu’il est vrai que nous souffrons, que nous sommes exposés, nous qui devons être des “professionnels” de l’agape. Nous vous demandons alors, Votre Sainteté: comment pouvons-nous durablement demeurer dans la plénitude d’amour nécessaire pour pouvoir demeurer durablement dans le don total de nous-mêmes ? ». En se référant ensuite à l’homélie de Benoît XVI du 8 décembre dernier — qui est « presque une Encyclique » — le père Martinelli a rappelé l’image de la « goutte de venin qui est dans le cœur des hommes et dont Marie a été exemptée ». « Pour ma part, a-t-il commenté, ce fut une nouveauté de découvrir que dans le principe pétrinien et dans le principe marial (qui sont fondateurs de l’Eglise comme il y est fait allusion en parlant d’« institution » et de « charisme ») en réalité l’un est sous-jacent à l’autre; il faut vivre l’institutionnalité sous cet aspect, dans la positivité avec laquelle la Vierge façonne, d’un point de vue ecclésial, ceux qui revêtent la dimension institutionnelle. C’est pourquoi, a-t-il conclu, l’on peut exercer le charisme ministériel seulement au sein de cette communion, que l’on apprend de la Vierge ».

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Ensuite est intervenu le père Carmelo Vitrugno, carme, aumônier de l’hôpital « Sandro Pertini » qui en 2000 a été confié à la protection du prophète Elie, carrefour entre les religions monothéistes ; un hôpital laïc, où il n’y a pas de sœurs, mais où est menée une expérience de volontariat laïc chrétien. Le prêtre a adressé au Saint-Père la salut de ses confrères qui travaillent dans le milieu hospitalier, des malades, des professionnels de la santé et des assistants spirituels. Ensuite, le père Vitrugno, tout en reconnaissant ne pas être un expert dans le domaine des communications sociales, a dénoncé les graves dégâts provoqués par la « mère-télévison » devenue une « très dangereuse marâtre ». « L’Eglise doit se réveiller de sa torpeur, a-t-il dit, et engager ses meilleures énergies: laïcs, hommes et femmes, prêtres et évêques qui sont disposés à être sel, lumière et levain dans ce domaine. Il faut humaniser et évangéliser les mass media; et à travers les mass media continuer à évangéliser ». Le second thème de son intervention se rattachait davantage à la pastorale de la santé. « Nous vous demandons une parole d’encouragement, a-t-il demandé, une parole pour les séminaristes, pour ceux qui sont en train de se former; parce que l’Eglise doit aujourd’hui jouer la carte gagnante qui est toujours la sienne: car Jésus est venu pour guérir l’homme de manière radicale ». Enfin, le chapelain a invité le Saint-Père à rendre visite à l’hôpital « Sandro Pertini ».

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Le père Egidio Motta, curé de « Santi Francesco e Caterina Patroni d’Italia » (Secteur Ouest, XXXe Préfecture), a eu la joie, au mois de septembre dernier, de participer avec celui qui était alors évêque auxiliaire, Mgr Apicella, avec l’évêque élu, Mgr Tuzia, et d’autres prêtres romains, à une rencontre œcuménique accueillie par le patriarcat grec orthodoxe d’Athènes à l’initiative du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens. « Je rends grâce au Seigneur de m’avoir offert cette précieuse expérience de dialogue extrêmement enrichissante pour moi, a-t-il dit, ainsi que pour la retombée qu’elle a sur la pastorale ordinaire de la vie paroissiale. Non seulement parce qu’il y a dans nos paroisses une présence orthodoxe à travers les personnes immigrées, le plus souvent des aides à domicile pour les personnes âgées, et des personnes appartenant à d’autres confessions; mais également pour la variété de convictions que nous rencontrons chaque jour chez les personnes qui viennent vers nous. Je crois, a-t-il ajouté, que notre existence de prêtres exige d’être capables de fuir toutes les tentations d’isolement, d’oppositions, et d’instaurer un dialogue franc et serein avec tous ». Le père Motta a ensuite exprimé sa gratitude à Benoît XVI pour la rencontre. « Je vous demande, a-t-il conclu, de nous aider à travers des initiatives analogues et à travers votre parole; afin d’être des personnes capables de dialoguer avec tous ».

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Le père Paolo Agosto Lojudice, ancien curé, est depuis quelques mois directeur spirituel au Grand Séminaire pontifical romain. Il s’est arrêté sur deux tâches: tout d’abord le travail de la « charité pastorale », un thème tiré de l’Encyclique Deus caritas est, en particulier dans la seconde partie. « Vous êtes, a-t-il dit, extrêmement éclairant: je me suis retrouvé dans de très nombreux aspects, parce que vous nous invitez à une charité directe, qu’il ne faut pas attendre mais rechercher: il ne faut pas accueillir le pauvre lorsque l’occasion s’en présente, mais il faut aller au devant de lui, il faut faire quelque chose de concret pour lui. Nos paroisses à Rome constituent toutes des présences significatives; une puissance qui n’est pas indifférente dans le tissu social, alors je me pose une question, et je vous la pose: est-il opportun, est-il nécessaire de mettre également à disposition nos locaux, les espaces dont nous disposons pour en faire des lieux d’accueil, à la lumière du primat de la charité ? ».

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<br> En second lieu, il a évoqué le « travail éducatif » à accomplir. Aujourd’hui, a-t-il expliqué, « les prêtres ont des difficultés à transmettre la foi, en particulier aux nouvelles générations, à tous les niveaux: des enfants qu’il faut éduquer aux sacrements jusque chez les plus grands; et même chez les jeunes qui fréquentent les groupes paroissiaux, lorsque nous nous rendons compte du nombre de ceux qui souffrent de conduire une double vie, se comportant d’une certaine manière à la paroisse et d’une autre à l’extérieur, avec tant de duplicités. Alors je me demande — à la lumière de mon engagement actuel dans le diocèse — pourquoi chaque curé attend-il toujours un vicaire jeune et doué lorsqu’il y a un remplacement ? Moi aussi j’ai vécu cette expérience. Alors quelquefois les attentes sont déçues. Pourquoi ? Nous sommes pourtant sortis du même séminaire, quelquefois à très peu d’années de distance. Peut-être avons-nous des attentes disproportionnées à l’égard des jeunes prêtres ? ou peut-être la formation est-elle en partie mal adaptée; ou alors, nous oublions que la formation ne peut pas se limiter au petit nombre d’années passées au séminaire, mais qu’elle doit être poursuivie et que le curé est justement responsable de la formation du jeune prêtre ? ». D’où la demande sur ce dont a besoin le s
éminaire diocésain pour être vraiment formateur, c’est-à-dire pour être capable de « donner forme » au prêtre, selon le cœur de Dieu. La conclusion du père Lojudice est un souhait: « Sainteté, a-t-il dit, vous faites combattre toute l’Eglise au service de la Vérité. Et cela comporte des risques, des mauvaises humeurs, des critiques. C’est pourquoi je demande à Dieu qu’il fasse que nous soyons tous unis dans cette lutte au service de la Vérité, sans gaspiller les énergies, sans s’égarer dans de vaines discussions à un moment historique particulier où l’unité est vraiment indispensable ».

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Enfin, le père Marco Gnavi, Secrétaire de la Commission diocésaine pour l’œcuménisme et le dialogue, a parlé « du grand déficit d’espérance » qu’il y a aujourd’hui dans le monde: « Sainteté, a-t-il dit, vous avez évoqué plusieurs lieux où règne la culture de la mort, des continents qui attendent de renaître. En pensant au père Andrea Santoro et à tant d’autres chrétiens, je voudrais dire que croire dans l’Eglise et avec l’Eglise catholique signifie répondre à ce “déficit d’espérance” en retrouvant uniquement ce qui est nécessaire, et que vous nous avez indiqué dans Deus caritas est ». Le prêtre a raconté sa récente rencontre avec de jeunes pakistanais « qui vivent dans un contexte de minorité en aimant les pauvres avec bonheur et en ayant pour centre la liturgie de l’Eglise ». Contre la tentation de répéter que « transmettre la foi est plus difficile aujourd’hui », le prêtre a invité à « se recentrer sur l’amour convaincant dont le pape a parlé tout au long de l’Encyclique Deus caritas est ». Pour les prêtres en particulier, il n’y a pas que des raisons extérieures. On trouve parfois un sécularisme des chrétiens. Votre Sainteté elle-même l’a rappelé. Pour les prêtres, ce n’est que dans la contemplation qu’il est possible de comprendre intimement l’autre ». « Cette indication, a conclu le père Gnavi, vaut également pour nous prêtres de Rome, afin d’être plus croyants; c’est un moyen simple pour être plus chrétiens, avec vous, et pénétrer ainsi dans une compréhension de la réalité qui vient de cette contemplation ».

© Copyright du texte original en italien : Libreria Editrice Vaticana
Traduction réalisée par Zenit

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ZENIT Staff

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