ROME, Mercredi 8 mars 2006 (ZENIT.org) – Le Christ ressuscité conduit la barque de l’Eglise, même lors des difficultés dans l’annonce de l’Evangile et à l’heure de l’épreuve, faisait observer le cardinal Marco Cè dans ses méditations sur l’Evangile de saint Marc (cf. Zenit, 7 et 8 mars pour les premières méditations). Radio Vatican révèle l’essentiel des méditations de ce matin.
Les paraboles de la semence
Le cardinal Cè a abordé mercredi matin les thèmes des difficultés que comporte l’annonce de l’Evangile, et le courage de la foi en Dieu dans les épreuves que l’Eglise et ses ministres doivent traverser.
Il évoquait aussi bien les préjugés que la malveillance ou l’indifférence, en rappelant que pendant trois ans la prédication de Jésus – en dépit des bains de foule et des ovations – a également rencontré ces difficultés.
Pour ses concitoyens, rappelait le prédicateur, Jésus était en effet « le fils du charpentier », les scribes et les pharisiens lui réclamaient des « signes », en dépit des miracles déjà accomplis, et il fait observer que l’évangile de Marc « ne tait en aucune manière qu’après un premier moment d’enthousiasme, et de succès en Galilée, Jésus a dû affronter une indifférence croissante, le détachement et l’éloignement de beaucoup ».
« Plusieurs fois, on entend des lèvres de Jésus une plainte due à sa difficulté à faire comprendre son message », soulignait le patriarche émérite de Venise.
Il expliquait ainsi l’utilisation des paraboles comme une réponse à « cette situation de crise » et comme un signe de ce que l’Eglise est appelée à faire pour la Nouvelle évangélisation : c’est une invitation à « entreprendre avec confiance et courage l’engagement d’une nouvelle évangélisation, en croyant à la force de la Parole ».
« Notre ministère, disait le cardinal Cè, notre fatigue, est d’une certaine façon un sacrement, c’est l’aujourd’hui du geste de Jésus qui sort pour semer la Parole. Les échecs mêmes sont une participation à sa fatigue, et à sa fidélité au Père, même dans l’échec, sûrs que dans la Parole il y a une puissance qui va au-delà de nos efforts, ce qui fait qu’elle grandit, et porte du fruit spontanément. Ne nous laissons donc pas troubler par la petitesse de notre initiative. C’est de Dieu que vient la force de notre activité, et l’efficacité surnaturelle de notre ministère ».
Le cardinal Cè a fait observer dans la parabole du grain qui germe spontanément, qu’il s’agit d’un symbole de la grâce de Dieu qui agit au-delà de l’activité humaine, comme dans la parabole du grain de moutarde où il y a « disproportion entre le début et l’issue », de la prédication, grâce à la «générosité de l’intervention divine ».
La parabole du semeur, continuait le prédicateur, montre comment certaines personnes sont complètement étrangères à la Parole de Dieu, ou comment la Parole est faiblement accueillie, « par esthétisme ou par conviction sociale » ou encore, comment elle est étouffée par les préoccupations quotidiennes.
Mais il y a aussi le cas de la semence qui tombe et fleurit dans la bonne terre, qui symbolise la rencontre entre l’initiative de Dieu et la persévérance humaine, ajoutait le cardinal Cè.
« Rappelons-nous, disait-il, que dans notre ministère, la croix de la fatigue a aussi son sens, même la fatigue physique du serviteur de l’Evangile, qui souvent n’a pas d’horaires. L’échec aussi a du sens. Marie était convaincue de sa petitesse. Elle n’était que la servante du Seigneur. Mais celui qui est puissant s’est servi d’elle justement, de son silence, et de sa prière, pour accomplir dans l’histoire des hommes des choses plus grandes ».
La tempête apaisée
Pour ce qui est de la deuxième méditation, le prédicateur a commenté la péricope de la tempête apaisée, toujours selon saint Marc.
Face à la peur des apôtres qui sont en train de couler, qui est humainement compréhensible, contraste le reproche de Jésus, qui semble presque exagéré. Mais le passage veut ainsi souligner le désir de Jésus de rencontrer une foi qui, dans le cœur des apôtres, reste ferme même dans la tempête.
« Pour Marc et pour nous, disait le prédicateur, cet épisode est une parabole de la vie de l’Eglise. Elle vit dans l’histoire, marquée par notre faiblesse, et elle connaît parfois la tempête. Au siècle dernier, l’Eglise est passée par de terribles tempêtes, et le siècle qui s’ouvre est très menaçant. Dans les moments de fatigue, l’Eglise doit surtout croire en son Seigneur, mais on ne tient au pied de la croix que la par la force de la grâce ».
Une expérience de foi « pure » et « nue », est, en particulier dans l’Eucharistie, celle que les croyants font au quotidien, y compris les pasteurs.
Le patriarche faisait observer en effet pour conclure : « La foi est une remise de soi totale à Dieu. Elle est un don. Jamais nous n’aimons Dieu davantage que lorsque nous croyons dans la foi nue, c’est-à-dire que nous nous remettons à lui : je ne vois rien, je ne sens rien. Mais toi, tu l’as dit. L’Eglise me l’enseigne : je crois. Voilà le fondement de notre confiance. Voilà toute notre sécurité ».