ROME, Jeudi 9 février 2006 (ZENIT.org) – « Le pape a mentionné l’amour institutionnel de l’Eglise et a expressément cité en exemple Caritas », souligne Mgr Nelson Viola, conseiller ecclésiastique de la Caritas Internationalis (CI).

« Deus caritas est » et l’identité de la « Caritas » : le site de la Caritas internationalis (www.caritas.org) publie cette « Réflexion sur la nature ecclésiale et la spiritualité de (CI) à la lumière de la première encyclique du pape Benoît XVI », due à Mgr Viola.

« DEUS CARITAS EST » ET L’IDENTITE DE LA « CARITAS »

« Plus qu’un commentaire sur le texte de l’encyclique, par ailleurs déjà abondamment commenté par des personnalités de grande autorité, au premier rang desquelles Benoît XVI lui-même, je désire attirer l’attention sur la signification essentielle et historique de ce premier document doctrinal du pape pour notre Caritas Internationalis, confédération moderne d’organisations catholiques d’action caritative et sociale de l’Eglise universelle, associées et présentes dans l’immense majorité des diocèses et des paroisses de plus de 200 pays et territoires du monde entier.

Le texte de l’encyclique revêt une importance capitale pour comprendre en profondeur ce qu’est Caritas et la valeur des multiples activités socio-caritatives grâce auxquelles cette institution remplit sa mission de « faire rayonner la charité et la justice sociale dans le monde entier ».

Pour la première fois – a-t-on dit – une encyclique aborde le thème de l’amour chrétien.

Pour la première fois, « le noyau central de la foi » sert de fil conducteur à un document dans lequel le nouveau vicaire du Christ dessine l’horizon et trace la route de la Barque de Pierre obéissant au commandement de Jésus Christ « duc in altum, mar adentro » , en ce surprenant début du troisième millénaire.

Comme esquisse de l’horizon « un monde où l’on associe parfois la vengeance au nom de Dieu, ou même le devoir de la haine et de la violence » et, en conséquence, « c’est un message qui a une grande actualité et une signification très concrète ».

Le chemin à suivre avec fermeté et détermination est tout aussi clair: « C’est pourquoi, dans ma première encyclique, je désire parler de l’amour dont Dieu nous comble et que nous devons communiquer aux autres ».

Le pape embrasse expressément dans une unité de pensée et d’une manière structurale – dans le cadre d’une réflexion profonde bien que claire, simple, quasi initiale, non exhaustive - l’amour de Dieu et l’amour humain, l’amour sacré et l’amour profane; et propose avec cette perspective unique le seul mode concret de comportement ecclésial, celui de l’amour de Dieu et pour Dieu, dans l’annonce de la Parole, la célébration des sacrements et le triple exercice de la charité dans le monde d’aujourd’hui: personnel, associatif et institutionnel.

Son désir explicite de susciter dans le monde un dynamisme renouvelé pour l’engagement dans la réponse humaine à l’amour divin incite le pape à insister sur certains éléments fondamentaux, certains éléments essentiels sur l’amour que Dieu, de manière mystérieuse et gratuite, offre à l’homme en Jésus-Christ, et le lien inséparable entre amour de Dieu et amour du prochain. Tous les deux s’appellent si étroitement en Jésus Christ, Dieu et homme véritable, que l’affirmation de l’amour de Dieu devient un mensonge si l’homme se ferme à son prochain ou plus encore s’il le hait, s’il ne découvre pas « l’Autre » dans tous les autres, parce qu’il doit regarder avec des yeux samaritains, depuis la perspective de Jésus Christ qui juge comme fait à lui-même tout le bien qui est fait au prochain, qu’il soit proche ou lointain.

L’amour de Dieu et l’amour pour Dieu, mis en évidence tous deux dans l’amour du prochain, sont les axes essentiels de la vie de l’Eglise; ils donnent une unité de perspective et une unité de comportement à toute la communauté ecclésiale. En plus d’être un devoir pour chaque fidèle, c’est également un devoir pour toute la communauté ecclésiale qui, dans son action caritative doit refléter l’amour trinitaire, l’amour de Dieu qui nous unit à Dieu jusqu’à ce que, à la fin, Dieu soit tout en tous ».

Benoît XVI affirme qu’il ne peut y avoir une Eglise authentique du Christ sans annonce, célébration et témoignage institutionnel. Les trois tâches se présupposent mutuellement et ne peuvent être séparées l’une de l’autre. Les trois font de l’Eglise une communauté d’amour, signe tangible de l’amour de Dieu pour toute l’humanité.

De plus, l’exercice de la charité – lit-on dans l’encyclique - a été un caractère constitutif dans l’Eglise depuis ses origines. Dans la structure fondamentale de l’Eglise a surgi le ‘diaconía’, le service de l’amour du prochain exercé d’une manière communautaire et ordonnée »...
A l’heure actuelle, « Les organisations caritatives de l’Église, à commencer par les Caritas (diocésaines, nationales, internationale), doivent faire tout leur possible pour que soient mis à disposition les moyens nécessaires. Selon le modèle donné par la parabole du bon Samaritain, la charité chrétienne est avant tout simplement la réponse à ce qui, dans une situation déterminée, constitue la nécessité immédiate... »

Pendant l’audience générale du mercredi 18 janvier, après la catéchèse, Benoît XVI a annoncé la publication imminente de sa première encyclique, intitulée Deus caritas est, et consacrée à l’amour chrétien.

Dans son bref commentaire sur l’encyclique, le pape a mentionné l’amour institutionnel de l’Eglise et a expressément cité en exemple Caritas. Voici ce qu’il a dit:
« ... J’essaie aussi de démontrer comment l’acte personnel qui vient de Dieu est un acte d’amour. Cet acte d’amour doit aussi s’exprimer comme un acte ecclésial, institutionnel. S’il est vrai que l’Eglise est l’expression de l’amour de Dieu, de cet amour que Dieu éprouve pour sa créature humaine, il doit être également vrai que l’acte fondateur de la foi qui crée et unit l’Eglise et nous donne l’espérance de la vie éternelle et de la présence de Dieu dans le monde, engendre un acte ecclésial.

C’est-à-dire que l’Eglise, en tant qu’Eglise et en tant que communauté, doit aimer institutionnellement. Et ‘Caritas,’ comme nous l’appelons, n’est pas une simple organisation semblable aux autres organisations philanthropiques, mais l’expression nécessaire de l’acte d’amour personnel plus profond par lequel Dieu nous a créés, éveillant en nos cœurs la tendance à l’amour, reflet du Dieu Amour qui nous a fait à son image ».

L’Eglise en tant qu’Eglise a, institutionnellement, pour être l’expression de l’amour de Dieu, le devoir d’aimer en annonçant l’Evangile, en célébrant les sacrements et en pratiquant la charité.

En raison de cette pratique institutionnelle de la charité, le vénéré Jean Paul II a conféré à Caritas Internationalis la personnalité juridique canonique publique.
Ce qui veut dire que la confédération Caritas Internationalis, en tant qu’institution, agit officiellement « au nom de l’Eglise ». Par ses actions, elle met en pratique, en permanence et dans toutes les parties du monde, l’Evangile de la charité, comme fruit de la foi et du culte professé par l’Eglise catholique, et en intime connexion avec eux.

Caritas est l’organisation moderne de l’une des tâches essentielles de la vie de l’Eglise. Ce n’est pas une « option » à l’intérieur de l’Eglise. Il ne peut exister une communauté ecclésiale organisée autour de la Parole et du culte divin qui ne soit, en tant que communauté, également organisée pour cette troisième dimension de la mission de l’Eglise, celle de donner, par le biais des actions caritatives, le témoignage fidèle de la Bonne Nouvelle qui s’accomplit en Jésus Christ tout au long de l’histoire et jusqu’aux confins de la Terre.

Une fois de plus, et désormais, à la lumière de la pensée de Benoît XVI exprimée dans « Deus Caritas est », Caritas est une organisation de l’Eglise universelle ayant pour mission d’exercer officiellement une des trois tâches de l’Eglise : celle d’être témoin devant le monde et de témoigner par ses actions de la Parole qui proclame la foi et célèbre la liturgie.

Les Statuts et règlement intérieur de la confédération, approuvés par le pape, établissent sa nature et confirment son identité d’organisation agissant officiellement "au nom de l’Eglise" et, par là même, sans discrimination, sans prosélytisme, sans limite ni frontière.

Par conséquent, Caritas est une institution de la hiérarchie de l’Eglise qui proclame par ses actions l’Evangile du Christ indépendamment ou au-delà de l’esprit dans lequel travaillent ses agents.

En elle-même et par elle-même, Caritas Internationalis est dans le monde un signe tangible d’une réalité de la foi: la charité du Christ qui exhorte son Eglise à exercer son amour.

Caritas, sans paroles, évangélise .

Et de par son identité, de par ce qu’elle est, elle est détentrice d’une spiritualité qui provient du Christ, sa source et son modèle. Kénosis (dépouillement du soi), diaconia (service) et koinonia (communion) constituent l’esprit qui anime son être essentiellement opérationnel, et inspire ou génère dans ses agents le mode d’action ou le style qui identifie et distingue Caritas dans le monde.

Pour que ceux qui assument cette tâche, incombant à tous, ne dégradent pas l’essence de la charité chrétienne, le Saint Père souligne la nécessité de:
S’appuyer sur l’expérience d’une rencontre personnelle avec le Christ, dont l’amour a touché le cœur de celui qui croît, suscitant en lui l’amour du prochain,
Etre indépendant des partis et des idéologies. Le programme de vie du chrétien est celui d’un cœur qui voit. Ce cœur voit où l’amour est nécessaire et il agit en conséquence.

Ne pas être un moyen au service de ce qu’on appelle aujourd’hui le prosélytisme. L’amour est gratuit. Il n’est pas utilisé pour parvenir à d’autres fins.

Ma première conclusion de la réflexion que nous offre Deus Caritas est, se présente sous la forme d’une consigne: qu’il n’y ait pas dans l’Eglise universelle une communauté ecclésiale qui ne soit pas organisée pour exercer la charité et, en outre, qu’aucun membre de la communauté ne se sente étranger à l’organisation de la charité institutionnelle locale grâce à laquelle il s’incorpore au réseau universel de la solidarité de l’Eglise, véritable Internet de la communication chrétienne du bien ».