Le Secrétaire Général des Nations Unies, M. Kofi Annan
Chers amis de Taizé et jeunes du monde entier, c’est pour moi un plaisir de vous adresser, en mon nom personnel et au nom de l’Organisation des Nations Unies, mes salutations les plus chaleureuses à l’occasion de cette vingt-huitième rencontre européenne de jeunes organisée par la communauté de Taizé. Cette nouvelle étape du « pèlerinage de confiance sur la terre » est l’occasion de célébrer la foi qui vous unit et de réfléchir à votre engagement dans la société. Sachez que, quel que soit le pays d’où vous venez, grand ou petit, riche ou pauvre, vous avez tous un rôle à jouer dans le combat en faveur d’un monde plus juste et plus pacifique.
En effet, la justice, comme la paix, commence entre nous, au sein de nos sociétés, dans nos propres pays où cohabitent de plus en plus souvent des citoyens d’origines, de traditions et de convictions très diverses.
Ce n’est pas très difficile d’être contre la guerre. Ce qui l’est beaucoup plus, c’est de résister au quotidien aux préjugés, aux simplifications et aux amalgames divers qui attisent la haine, exacerbent les tensions et menacent la stabilité de nos sociétés et la paix entre les nations elles-mêmes. Ce qui est difficile, c’est de toujours chercher les lignes de rencontres, plutôt que les points de fracture. C’est de s’ouvrir à l’autre, de faire l’effort de comprendre son point de vue et d’accepter qu’il soit différent.
Nous vivons dans un monde de plus en plus interdépendant et métissé. Le respect de l’égale dignité de toutes les cultures et de toutes les civilisations est donc une condition essentielle de l’harmonie de nos sociétés et de la paix mondiale.
Frère Roger, dont je salue ici la mémoire, s’était fait l’avocat inlassable de ces nobles valeurs de respect, de tolérance et de solidarité. Toute sa vie, il a servi la paix, le dialogue et la réconciliation. Alors qu’ensemble vous poursuivez l’œuvre qu’il a entamée, je forme le vœu que l’esprit de Taizé continue d’inspirer vos actions au-delà de cette rencontre.
Le Patriarche Bartholomée de Constantinople
En ces jours où nous vivons plus profondément le mystère de Dieu le Verbe fait homme qui, débordant d’amour, s’est dépouillé lui-même et a pris la condition d’esclave « pour faire de nous, les hommes, des dieux selon la grâce », nous saluons avec grand enthousiasme la 28e rencontre européenne de jeunes à Milan, que votre bien-aimée communauté de Taizé a préparée avec soin et énergie.
Que ce message soit considéré comme un humble mémorial pour l’infatigable frère Roger, d’heureuse mémoire, fondateur de la communauté, qui est entré dans la plénitude à la manière des martyrs, et qui est d’ailleurs l’inspirateur de la présente rencontre.
Le rassemblement de jeunes chrétiens européens de diverses confessions est une grande espérance pour notre vieux continent tout entier qui est en train d’abandonner ses racines chrétiennes et qui se livre au matérialisme.
Comme chrétiens nous devons changer notre pensée en celle du Christ et ainsi être transformés, chacun pour sa part, en évangiles vivants, annonçant l’authentique vérité évangélique par notre style de vie responsable et par l’offrande de nous-mêmes. Alors nous devenons porteurs de la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, de l’amour appris du Christ et de la consolation offerte par l’Esprit Très Saint.
Nous réjouissant paternellement et de tout cœur avec vous tous, nous souhaitons une riche et belle réussite de votre rencontre dans la ville historique de Milan, cette ville qui a fait à l’Église le don inestimable d’une si grande nuée de saints et de témoins de la foi. Et nous vous bénissons tous par ces mots : que la grâce, la paix, l’amour et la consolation de notre Dieu Trinité soient avec vous pour toute votre vie.
Le Patriarche Alexis II de Moscou
Chers frères et sœurs, je salue cordialement les organisateurs et les participants de la rencontre européenne de jeunes, réunis cette année sur la terre italienne. Il est significatif que le thème de la rencontre englobe des notions aussi profondément chrétiennes que la paix, l’amour et la consolation. Ces vertus sont si importantes, quand l’anonymat, la haine et la violence semblent devenus habituels.
La tristesse de la perte récente et tragique de frère Roger est encore vive dans nos cœurs. Lui qui a tant accompli pour qu’il y ait davantage de bien et d’amour dans le monde a été victime du mal et de la folie.
Récemment nous avons été les témoins de flambées de violence dans des pays considérés comme aisés et prospères. Cela nous conduit à réfléchir au fait que, dans le monde contemporain, personne ne peut se sentir complètement en sécurité. Même les biens matériels et la force armée, sur lesquels « ce monde » compte tellement, ne peuvent protéger l’être humain.
Pour nous chrétiens, il est clair que la raison principale de l’absence de paix extérieure se trouve au-dedans de la personne. Si l’âme n’est pas en paix, cela va immanquablement se refléter à l’extérieur, avant tout dans l’absence d’amour pour le prochain. Cependant la paix et l’amour sont des dons de Dieu. Lui seul, Source originelle de ces biens, peut les accorder à l’être humain.
Il est si important de comprendre que c’est le Père Céleste qui peut donner à ses enfants une consolation et un apaisement si désirés. Le Seigneur Jésus Christ appelle : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai » (Mt 11, 28).
Je vous invite à vous tenir fermement au choix, fait une fois pour toutes, de suivre le Christ, malgré toutes les difficultés et les tentations de notre époque. C’est seulement en aimant le Seigneur de tout votre cœur que vous pouvez acquérir le don magnifique de l’amour du prochain. Et ce sera le meilleur témoignage, capable de conduire beaucoup d’autres au Christ, l’unique source de la paix, de l’amour et de la consolation.
L’Archevêque de Canterbury, Rowan Williams
Lors de la rencontre de cette année, il sera impossible de ne pas penser à la mort tragique de frère Roger.
Très peu de gens arrivent, en une génération, à transformer de fond en comble le climat d’une culture religieuse ; voilà précisément ce qu’a fait frère Roger. Il a changé le cadre de référence de l’œcuménisme en lançant à des chrétiens d’appartenances diverses le défi de vivre ensemble la vie monastique. Il a changé l’image du christianisme lui-même pour d’innombrables jeunes. Il a changé la perception que les Églises avaient de la réconciliation, celle-ci devenant une priorité absolue, d’abord dans l’Europe de l’après-guerre, puis à travers le monde.
Sa présence et sa prière sont maintenant plus réelles et plus fortes que jamais. Que son souvenir demeure vivant et vous accompagne tous, alors que vous vous rencontrez pour renouveler votre regard sur Jésus.
Dernière mise à jour : 12 décembre 2005