Tsunami: Le drame des femmes stérilisées

Elles souhaitent pouvoir à nouveau donner la vie

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ROME, Jeudi 17 Novembre 2005 (ZENIT.org) – Après avoir perdu leurs enfants lors du tsunami, des femmes qui avaient été opérées pour être stérilisées souhaitent être à nouveau opérées afin de retrouver leur fertilité, rapporte « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (eglasie.mepasie.org), dans un article repris par la revue de presse de la Fondation Jérôme Lejeune.

Dans l’Etat du Kerala, sur la bande côtière de Kollam, le tsunami du 26 décembre 2004 a frappé certes moins violemment que sur la côte sud-est du pays mais les vagues ont été suffisamment dévastatrices pour tuer 109 personnes, dont 25 enfants âgés de moins de 15 ans. Agée de 25 ans, de religion catholique, Lini Paul a perdu ses deux enfants, deux garçons, et, depuis cette funeste journée du 26 décembre, elle désespère de retomber un jour enceinte. Stérilisée par ligature des trompes il y a deux ans immédiatement après la mise au monde de son second enfant, elle a subi en mai dernier une nouvelle opération chirurgicale, destinée à rétablir sa fertilité, mais les chances de succès sont faibles.

En 2004, lors de la naissance de son deuxième garçon, Lini Paul s’est vu proposer par les médecins une stérilisation. La jeune femme a accepté et l’opération a été menée dans la foulée de l’accouchement. « Mais je n’avais jamais pensé au tsunami qui a emporté mes deux enfants », raconte-t-elle aujourd’hui, les larmes aux yeux. Lini Paul et six autres femmes, qui ont perdu leurs enfants le 26 décembre, ont été approchées en mai dernier par une ONG hindoue locale, qui s’est proposée de prendre en charge le coût financier de l’opération de dé-ligature des trompes. Les interventions ont eu lieu, mais, souligne le docteur Sarala Sreedhar, la gynécologue qui a opéré, les chances de succès et de retour à la fertilité sont minces et s’élèvent à seulement 13 %. A ce jour, sur les sept femmes, qui vivent toujours dans des abris temporaires le long de la côte, aucune n’est retombée enceinte.

Asha Pradeep a connu le même sort que son amie Lini Paul. Le 26 décembre, elle aussi a perdu ses enfants, deux filles âgées de 6 et 9 ans. Stérilisée, elle a également pu bénéficier de l’opération de dé-ligature des trompes. Aujourd’hui, elle dit regretter amèrement s’être fait stériliser. Son mari, un pêcheur âgé de 34 ans, l’a soutenue dans sa décision de tenter de redevenir fertile. Il explique que sa femme avait opté pour la stérilisation sans le consulter. « J’étais en mer et ce n’est que sept jours plus tard que j’ai appris que j’étais à nouveau père et que ma femme s’était fait stériliser », raconte-t-il, ajoutant qu’il n’en veut pas à sa femme. « A quoi bon ? », ajoute-t-il, tandis que sa femme dit se sentir coupable pour une décision – la stérilisation – qu’elle qualifie désormais d’« acte contre Dieu ». Le couple conclut en disant qu’ils prient désormais pour que l’opération chirurgicale du mois de mai dernier soit un succès.

Dans le cas de Lini Paul, son mari, Paul, un catholique, était au courant de la stérilisation. Ensemble, ils avaient décidé de ne pas avoir plus de deux enfants. « Nous sommes pauvres et je suis le seul à assurer le gagne-pain. Si nous avions plus de bébés, qui les nourrirait ? », interroge-t-il.

A la Société de service social du diocèse de Quilon (Kollam), le P. Romance Antony souligne que les femmes ont été parmi les plus affectées par le tsunami. « Elles ont vu leurs enfants disparaître sous leurs yeux. Elles sont traumatisées et nous essayons de leur apporter conseil et réconfort », explique-t-il, ajoutant que ce sont les femmes des milieux pauvres qui sont le plus souvent stérilisées. Elles vont à l’hôpital public pour accoucher et, là, elles sont « incitées » à subir une ligature des trompes dans la foulée de l’accouchement. « Ces femmes n’ont jamais été correctement informées sur les conséquences de cette intervention, avant ou après », ajoute-t-il, expliquant que le centre social du diocèse prône une approche différente, « centrée sur les valeurs de la famille et de la paternité responsable ».

Au niveau gouvernemental, le ministre de la Santé du Kerala, Rajan Khobragade, souligne que « la croissance de la population doit être contrôlée » et que la stérilisation volontaire n’est qu’une des méthodes encouragées par les autorités (1). Selon des études nationales officielles, la stérilisation est huit fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes et d’autres études indiquent que bon nombre de femmes, y compris parmi celles âgées de moins de 30 ans, utilisent cette méthode comme un contraceptif, sans tester auparavant d’autres méthodes, réversibles.

Au sein de la Fondation Mata Amritanandamayi, l’ONG hindoue qui a financé les opérations de dé-ligature des trompes, on souligne qu’il a fallu des semaines pour que les femmes victimes du tsunami retrouvent un semblant de vie normale. « Si elles peuvent retrouver les joies de la maternité par le biais d’une opération chirurgicale, leur peine sera allégée et elles pourront se tourner vers l’avenir avec quelque espérance », explique-t-on.

(1) La norme de deux enfants par famille a été fixée par les autorités fédérales dans le cadre d’une politique visant à limiter la croissance de la population. En juillet dernier, le Premier ministre fédéral, Manmohan Singh, a déclaré que le recours à la coercition pour parvenir à la stabilisation de la population de la Fédération était inacceptable. Il a ajouté que la politique gouvernementale était de ne pas encourager les autorités à recourir à des incitations ou à des sanctions pour obliger les familles à respecter la norme de deux enfants par foyer. Deux Etats du centre de l’Inde, le Madhya Pradesh et le Chattisgarh, ont annoncé que les candidats aux élections locales ne seraient désormais plus tenus de se prononcer en faveur du respect de cette norme.

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ZENIT Staff

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