CITE DU VATICAN, Mardi 22 mars 2005 (ZENIT.org) – Il y a dix ans, le 25 mars 1995, en la solennité de l’Annonciation, le pape Jean-Paul II signait son encyclique l’Evangile de la Vie sur la valeur et le caractère inviolable de la vie humaine.
Dans cette encyclique, le pape diagnostique une « dramatique » lutte entre culture de la vie et culture de la mort.
« L’Evangile de la vie, écrit-il, est au cœur du message de Jésus. Accueilli dans l’Eglise chaque jour avec amour, il doit être annoncé aux hommes de toute époque et de toute culture avec une fidélité courageuse, comme une bonne nouvelle ».
Et si le pape dit non à « l’avortement », à « l’euthanasie », à la « peine de mort », c’est qu’il invite à dire « oui à la vie », à donner la vie « à l’enfant à naître », aux « pauvres », à qui meurt « de faim », aux « condamnés à mort ».
Il affronte en particulier le mystère de la souffrance et ce qu’il appelle le « drame » de l’euthanasie. L’homme, explique en substance le pape, veut à tout prix éluder le problème de la souffrance, qui apparaît aujourd’hui comme « un échec insupportable » : la mort devient « une libération revendiquée quand l’existence est désormais considérée comme dépourvue de sens parce que plongée dans la douleur ».
En réalité, écrit le pape, nous sommes face à « l’un des symptômes les plus alarmants de la culture de la mort », dans une société du bien être caractérisée par une mentalité de l’efficacité, selon laquelle une vie irrémédiablement handicapée n’aurait plus de « valeur ».
Dans Evangelium Vitae, le pape écrit : « Par euthanasie au sens propre, on doit comprendre une action ou une omission qui par nature et dans ses intentions procure la mort, dans le but d’éliminer toute douleur ».
Le pape souligne la distinction entre euthanasie et « acharnement thérapeutique ».
Lorsque la mort est annoncée comme « imminente et inévitable » on peut « en conscience », dit-il, renoncer à des traitements qui ne procureraient qu’une prolongation « précaire et pénible » de la vie, sans cependant interrompre les « soins normaux » dus au malade, dans de semblables cas.
L’euthanasie, affirme le pape, est une « grave violation » de la Loi de Dieu en tant que meurtre « délibéré » et « moralement inacceptable » d’une personne humaine.
Même si elle n’est pas motivée par le « refus égoïste » de prendre en charge l’existence de qui souffre, l’euthanasie doit être considérée comme de la « fausse pitié ».
La « vraie compassion », rend en effet « solidaire » de la douleur d’autrui et ne « supprime » pas celui dont on ne peut supporter la souffrance.
Le geste de l’euthanasie est d’autant plus pervers qu’il est accompli par ceux -comme les membres de la famille – qui devraient assister le malade avec patience et amour, ou ceux qui – comme les médecins – ont pour profession spécifique de prendre soin du malade même dans les conditions terminales pénibles.
C’est même un « homicide », souligne le pape, lorsqu’elle est accomplie sur une personne qui ne l’a « pas demandé » et n’a « jamais donné son consentement ».
C’est le comble de « l’arbitraire » et de « l’injustice » lorsque médecins ou législateurs s’arrogent le pouvoir de « décider de qui doit vivre et qui doit mourir ».
Le plus « faible » se retrouve ainsi aux mains du « plus fort », et l’on perd dans la société le sens de la « justice », dénonce le pape.
Mais la voie de l’amour et de l’authentique pitié est bien différente, conclut le pape, c’est celle que notre humanité réclame, et que la foi dans le Christ Rédempteur, mort et ressuscité éclaire d’une « lumière nouvelle ».
La douleur qui pourrait conduire au désespoir est en effet un appel à avoir une « compagnie », à la « solidarité », à un « soutien » dans l’épreuve.
La certitude de « l’immortalité » future et l’espérance de la « résurrection promise », affirme encore Jean-Paul II, projettent en effet une lumière nouvelle sur le mystère de la souffrance et de la mort, et inspirent au croyant une « force extraordinaire » pour se confier au dessein d’amour de Dieu.