Quelques jours après le meurtre d’un pasteur baptiste, survenu le 16 février dernier (1), l’assassinat d’un pasteur pentecôtiste a semé l’effroi au sein de la communauté chrétienne de l’Etat d’Orissa. Ce nouvel acte est survenu le 26 février dans le village de Begunia, du district de Khurda. Selon le récit fait par des pasteurs protestants proches du pasteur assassiné, Dilip Dalai, un pasteur pentecôtiste a été tué, poignardé, à son domicile le 26 au soir. Les villageois soupçonnent un hindou, un certain Satrughan Pal, d’être l’auteur du meurtre. Celui-ci aurait, à plusieurs reprises, fait montre d’une vive opposition à l’activité de prédication menée dans le village par des pasteurs protestants.
Dilip Dalai était originaire d’un village voisin à celui de Begunia, le village de Kandapada. Né dans une famille hindoue, il s’était converti au christianisme il y a cinq ans et était venu vivre à Begunia, où il occupait une maison louée en compagnie de trois autres pasteurs. Au moment du crime, ces trois pasteurs étaient absents, en déplacement dans d’autres villages. Selon le pasteur Hrudayaban Dandia, de l’organisation protestante Orissa Follow-Up, le meurtre de Dilip Dalai aurait été motivé par le désir de Satrughan Pal, un natif de Begunia, de « mettre fin à l’expansion de l’Evangile ». Depuis la nuit du 26 février, Satrughan Pal est introuvable et aurait pris la fuite. La police a ouvert une enquête.
Réagissant à ce nouvel incident, Mgr Banchanidhi Nayak, de l’Eglise des croyants d’Orissa, a déclaré que la mort de Dilip Dalai indiquait que « les chrétiens ne sont pas en sécurité » dans l’Etat. Pour le P. Marcus Soreng, curé de la paroisse catholique de Nayagarh, localité voisine de Begunia, face à l’augmentation du nombre des attaques dont sont victimes les chrétiens, les autorités de l’Etat d’Orissa doivent prendre « toutes les mesures nécessaires à la protection des chrétiens et des ministres du culte ».
Du côté des milieux hindouistes, le discours est que ces manifestations de violences sont une réaction spontanée des populations locales face aux activités des missionnaires chrétiens cherchant à les convertir. Dans son édition datée du 6 mars, Organizer, l’hebdomadaire officiel du Rashtriya Swayamsewak Sangh (RSS, Corps national des volontaires), l’organisation hindoue d’extrême droite qui fédère la mouvance hindouiste, a mis l’accent sur l’histoire d’une jeune fille de 14 ans qui, selon l’hebdomadaire, a été violée, mutilée puis tuée par des chrétiens parce que sa famille refusait de se convertir au christianisme. Dans l’article, portant le titre : « Des prosélytes devenus fous », un responsable hindou, Jagaram Samukhya, affirmait que « les missionnaires chrétiens en Orissa se sont fixé des objectifs de conversion et recourent à tous les moyens pour les atteindre coûte que coûte ».
A New Delhi, plusieurs groupes chrétiens indiens ont manifesté devant le parlement fédéral le 24 février en signe de protestation après les actions violentes dont des chrétiens ont été victimes ces dernières semaines en différents Etats du pays. « Il semble que nous soyons confrontés à un nouveau cycle de violence », a déclaré Mgr D. K. Sahu, secrétaire général du Conseil national des Eglises de l’Inde, qui regroupe vingt-neuf Eglises orthodoxes et protestantes.
(1) Voir dépêche ci-dessus
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