Cette année, le Nouvel An chinois ou Fête du printemps (chunjie), dont la date dépend du calendrier lunaire, a été célébré le mercredi 9 février, jour où les catholiques sont entrés en Carême. Pour les catholiques chinois, il a fallu concilier les exigences liées au Mercredi des cendres et celles associées aux festivités du Nouvel An, un temps particulièrement consacré aux retrouvailles familiales et entre amis. Dans les différents diocèses du pays – et plus largement du monde chinois –, les évêques ont pris des dispositions afin que les exigences des calendriers religieux et social ne se contredisent pas.
Dans le Shandong, l’évêque du diocèse de Jinan, Mgr Zhao Ziping, a maintenu la célébration du Mercredi des cendres au mercredi 9 février. « La liturgie est la liturgie et le Nouvel An est le Nouvel An. Nous maintenons la liturgie du Mercredi des cendres même si le Nouvel An est fêté le même jour », a-t-il déclaré, précisant toutefois que les catholiques de son diocèse sont dispensés de jeûne et d’abstinence durant les quinze jours que durent les festivités du Nouvel An, soit jusqu’au 23 février. Agé de 94 ans, Mgr Zhao estime que, malgré cette dispense, de nombreux fidèles, surtout parmi les plus âgés, respecteront le jeûne par souci de communion avec l’Eglise universelle.
Dans le diocèse de Shanghai, des dispositions ont été prises pour que les fidèles puissent recevoir l’imposition des cendres un autre jour que le Mercredi des cendres. Dans les églises du diocèse, la messe du Mercredi des cendres a bien été célébrée mais, précise le P. Josef Bai Jianqing, pour ceux des catholiques qui ont été retenus par des réunions familiales ou entre amis, des messes avec imposition des cendres ont été célébrées les 10 et 11 février. Dans le même esprit, l’obligation de jeûner le 9 février a été levée. Le P. Bai a ajouté que le diocèse profitait, cette année comme les autres années, des vacances du Nouvel An chinois pour organiser des retraites et des sessions de formation. En effet, a-t-il expliqué, les étudiants ont deux semaines de congé, les employés une semaine au moins et les paysans traditionnellement arrêtent leurs travaux. L’Eglise profite donc de ce temps pour, une fois les festivités familiales passées, organiser ces rencontres. D’autres diocèses font de même à travers le pays.
Dans le Zhejiang, province voisine de Shanghai, une source « clandestine » au sein du diocèse de Wenzhou précise que les messes du Mercredi des cendres ont bien été célébrées le 9 février, car, du fait de l’étendue géographique du diocèse, les prêtres n’auraient pas pu procéder autrement. Les fidèles ont toutefois été dispensés de jeûner jusqu’au quinzième jour du Nouvel An, soit le 23 février. Toujours selon cette source, les prêtres ont dû réassurer des fidèles sur le fait que « ce n’était pas un péché » de ne pas jeûner durant cette période, étant donné la dispense prononcée.
Pour un certain nombre de laïcs, en effet, chez les plus âgés d’entre eux, une stricte observance du jeûne et de l’abstinence équivaut en effet « à accumuler des mérites pour entrer au paradis ».
A Hongkong et à Macao, les diocèses ont pris des dispositions pour déplacer la messe du Mercredi des cendres. Dans l’ancienne colonie britannique, les fidèles pourront ainsi recevoir les cendres une semaine plus tard, le mercredi 16 février ou bien le 18, à l’occasion du Chemin de croix. Le 9 janvier, une note de la chancellerie du diocèse de Hongkong a rappelé aux catholiques locaux qu’ils étaient dispensés de jeûner le mercredi 9 février, mais qu’ils devaient pratiquer une forme ou une autre de pénitence, ou bien d’action charitable envers les pauvres. Le but, précisait la note, est de garder vivant l’esprit de pénitence du Carême.
Interrogée par l’agence Ucanews, une catholique de Hongkong a dit qu’elle et sa famille ont prié pour les pauvres le mercredi 9 février, plutôt que d’observer le jeûne et l’abstinence liés au Mercredi des cendres. « Avec le Nouvel An lunaire, il y a des traditions chinoises à respecter. Il est particulièrement difficile d’éviter de manger de la viande, étant donné que presque tous les mets typiques du Nouvel An en contiennent », a-t-elle expliqué.
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