Le 10 février dernier, le Saint-Siège a annoncé que le pape Jean-Paul II instituait l’Eglise métropolitaine syro-malankare en archevêché majeur. Le même jour, en Inde, le nonce apostolique, Mgr Pedro Lopez Quintana, rendait publique la nouvelle. Concrètement, l’archidiocèse syro-malankare de Trivandrum, au Kerala, est désormais un archidiocèse majeur et son titulaire, Mgr Cyril Mar Baselios Malancharuvil, nommé à ce siège en 1995, est le premier à porter le titre d’archevêque majeur et de catholicos de l’Eglise syro-malankare Au sein de l’Eglise syro-malankare, forte de 350 000 à 600 000 fidèles (selon les sources), la décision papale, réclamée de longue date, a été accueillie avec une très grande joie. Pour Pushpa Augustine, secrétaire du conseil pastoral de l’archidiocèse, le Vatican a fait « le plus grand des honneurs » à l’Eglise syro-malankare qui a désormais « la pleine autonomie dans tous les domaines regardant son gouvernement interne ».
L’Eglise syro-malankare, principalement implantée dans l’Etat du Kerala, est issue de l’Eglise orthodoxe syrienne de l’Inde (1). En 1930, un groupe de fidèles (deux évêques, un prêtre, un diacre et un laïc) a quitté cette Eglise pour rejoindre l’Eglise catholique et fonder l’Eglise syro-malankare, troisième rite catholique en Inde, avec celui de l’Eglise latine et celui de l’Eglise syro-malabar. Comme les fidèles de l’Eglise syro-malabare, les fidèles de l’Eglise syro-malankare se rattachent au rite syriaque et, comme eux, ils font remonter leur Eglise à l’apôtre Thomas, qu’ils présentent comme le premier évangélisateur de l’Inde (2).
Pour Mgr Baselios, la reconnaissance accordée par le Saint-Siège représente « un moment historique pour l’Eglise malankare ». Intervenant au moment où son Eglise fête le soixante-quinzième anniversaire de son union avec l’Eglise catholique, il a ajouté que ce geste encouragera certainement les catholiques malankares à se montrer « plus actifs » dans les tâches d’évangélisation. Des proches du nouvel archevêque majeur ont annoncé qu’un synode des évêques malankares sera convoqué prochainement, afin de discuter des implications administratives et hiérarchiques que la décision du Vatican entraîne. Avec son nouveau statut, l’Eglise syro-malankare devient une Eglise autonome au sein de l’Eglise catholique, avec le pouvoir d’élire et de nommer ses propres évêques selon les règles fixées par le Code de droit canon oriental.
Agé de 69 ans, Mgr Baselios a été ordonné évêque en 1978, à l’époque pour le diocèse de Bathery, situé dans le nord du Kerala. Transféré en 1995 à Trivandrum (dénomination ancienne de la ville de Thiruvananthapuram), capitale de l’Etat du Kerala, il a pris la tête de l’Eglise syro-malankare, le siège de Trivandrum étant celui d’un archidiocèse métropolitain. Mgr Baselios a par ailleurs assumé la présidence de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde et est encore aujourd’hui son deuxième vice-président.
Parmi les nombreuses personnalités qui ont félicité Mgr Baselios et l’Eglise syro-malankare, on trouve le ministre-président du Kerala, Oomman Chandy, ainsi que le cardinal Varkey Vithayathil, archevêque majeur de l’Eglise syro-malabare, et Mgr Soosa Pakiam, responsable de l’archidiocèse de rite latin de Trivandrum. L’Eglise catholique en Inde compte 149 diocèses – 119 pour le rite latin, 25 pour le rite syro-malabar et cinq pour le rite syro-malankar. Outre l’archidiocèse de Trivandrum, l’Eglise syro-malankare a trois autres diocèses situés au Kerala et un dernier au Tamil Nadu.
Parmi les Eglises catholiques de rite oriental, depuis la mise en œuvre du nouveau Code de droit canon des Eglises orientales de 1991, seules les Eglises ukrainienne, syro-malabare (3) et désormais syro-malankare ont été instituées en archevêchés majeurs.
(1) A propos de l’Eglise orthodoxe syrienne en Inde, voir EDA 404. Les deux branches de l’Eglise orthodoxe, syrienne et malankare, se réclament toutes deux de l’évangélisation de l’apôtre Saint Thomas. Une partie de ces chrétiens de Saint Thomas s’opposèrent à la tentative des missionnaires portugais de leur faire rejoindre l’Eglise catholique de rite latin et firent allégeance au patriarche d’Antioche en 1665. Cependant, en 1909, le patriarche de l’époque ayant excommunié un évêque indien, celui-ci refusa de reconnaître son autorité. Trois ans plus tard, il obtint d’un patriarche rival que son excommunication soit déclarée invalide et fut nommé par lui chef de l’Eglise orthodoxe en Inde. C’est ainsi qu’est née l’Eglise orthodoxe malankare.
(2) Selon la tradition, l’apôtre Thomas aurait évangélisé le sud de l’Inde lors d’un voyage au Kerala en l’an 52 de notre ère. Vingt ans plus tard, il serait mort martyr à Mylapore, dans l’Etat voisin du Tamil Nadu.
(3) A propos du statut d’archevêché majeur de l’Eglise syro-malabare, voir EDA 389, 407
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