Le carême, temps de « remise en forme » spirituelle pour les chrétiens

Par le prédicateur de la Maison pontificale

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CITE DU VATICAN, Vendredi 11 février 2005 (ZENIT.org) – « Le carême a une signification ascétique pour les chrétiens. C’est un temps où, en suivant en esprit Jésus au désert, on entre en lutte contre le mal, non seulement personnifié – Satan – mais contre les concrétisations du mal dans sa propre vie, les passions », explique au micro de radio Vatican le prédicateur de la Maison pontificale, le père capucin Raniero Cantalamessa.

Il explique encore : « C’est de là que sont nées les pratiques classiques du carême : le jeûne, qui revêtait, spécialement pour les Pères du Désert, une fonction très importante dans la lutte contre les instincts et les passions ; le jeûne doit être aussi mis en relation avec l’aumône, autrement, il serait vain, c’est-à-dire que notre privation doit être utile au frère dans le besoin. Donc, le jeûne, l’aumône et la prière sont les trois piliers du carême. Mais aujourd’hui l’Eglise n’insiste pas sur ces éléments ascétiques. L’aspect le plus important du carême, est peut-être une écoute plus intense de la Parole de Dieu ».

A propos de la « tristesse » du carême, le prédicateur précise : « disons que ce sera une tristesse pour la chair, parce qu’il en a toujours été ainsi : ce qui est triste pour la chair, les instincts, est au contraire joyeux pour une autre partie de l’homme tout aussi importante, et même plus importante, son esprit. Il faudrait peut-être insister sur cela justement, sur les motifs positifs, et regarder en avant, vers le résultat de cette période de plus grand silence, de plus grand engagement, de privation, et voir comme cela constitue un régime amaigrissant, pour ainsi dire, de l’esprit, parce que cela nous remet en forme.

« Alors, en regardant en avant, vers les effets, comme quelqu’un qui commence un régime, qui fait des exercices physiques doit peiner, mais il est attiré par les résultats, parce que peu à peu il avance et voit son corps qui répond mieux, est plus mince, de même pour l’esprit. Je pense que tout en parlant des éléments qui affligent, qui sont négatifs, il faut se souvenir aujourd’hui d’un jeûne essentiel, qui n’est pas jeûne de nourriture. Aujourd’hui, le jeûne fondamental est celui des images, parce que le monde a trouvé dans l’image un véhicule privilégié pour transmettre une idéologie matérialiste, sensuelle, basée sur l’argent. Donc, ce serait le moment de filtrer davantage ce qui passe devant nos yeux, à travers la télévision, Internet, le cinéma et tout le reste ».

Moins de télévision donc ? « Sans aucun doute. En tous cas une télévision plus choisie, plus ciblée, où l’on évoque des problèmes sérieux, des débats. Parce que la télévision sert aussi à cela : c’est une merveilleuse fenêtre ouverte sur le monde, qui nous permet de voir la pauvreté. Malheur si nous n’avions pas ce medium. Je crois donc que l’on a besoin de sélectionner, de bien choisir, de ne pas toujours choisir ce qui est évasion, qui porte à rire à gorge déployée – ce qu’on appelle la télévision poubelle – mais choisir aussi ce qui dans la télévision fait partie d’un élément constructif de notre civilisation ».

En cette année de l’Eucharistie, le P. Cantalamessa fait remarquer : « L’Eucharistie n’est pas un élément à côté d’autres ou au-dessus des autres, c’est ce qui doit vivifier toute la vie chrétienne. C’est aussi le but du pape par l’indiction de cette année eucharistique : non pas d’ajouter des pratiques nouvelles, mais de donner un caractère eucharistique à tout ce que nous faisons, c’est-à-dire de faire en sorte que tout converge vers la messe, et que tout reparte de là. Dans la messe, tout ce que l’homme fait, tout l’effort ascétique d’amélioration, de lutte, d’aide aux pauvres, trouve sa justification, au sens où il est uni au grand sacrifice du Christ, et acquiert de là sa valeur, acquiert aussi la force de continuer. On sait que Mère Teresa ne fondait pas une maison pour les pauvres sans avoir la possibilité d’avoir l’Eucharistie, parce qu’elle disait que c’était dans l’Eucharistie que ses sœurs puisaient la force d’aller vers les pauvres ».

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ZENIT Staff

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