CITE DU VATICAN, lundi 7 février 2005 () – Le laïcisme risque de devenir une forme de fidéisme opposé à la vérité. C’est ce qu’a affirmé Mgr Giampaolo Crepaldi, le 5 février, dans une intervention au Conseil pastoral diocésain de Milan sur le thème : « Responsabilités et tâches des communautés chrétiennes face aux questions sociopolitiques ».
« De même que « Rerum novarum » et « Centesimus annus », le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise dit qu’il n’existe pas de vraie solution à la question sociale en dehors de l’Evangile », a déclaré le secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix.
« La rencontre entre foi et raison et l’orientation de l’action vers la charité : voilà la synthèse que veut promouvoir le Compendium », a-t-il ajouté.
Pour clarifier le rapport entre foi et politique, le prélat a évoqué le concept de « laïcité » qui se diffuse dans certains domaines sociaux, expliquant que la laïcité n’est pas « comme on l’affirme souvent, une forme de « neutralité » ou d’« objectivité » ».
« Il s’agit en revanche d’une prise de position absolue, qui peut exercer une forme d’intolérance non moins grave et dangereuse que celle que l’on attribue souvent à la religion ».
« La raison peut-elle vraiment se débarrasser du rapport avec la foi sans un acte de foi ? » s’est interrogé Mgr Crepaldi. « Le rationalisme est, au fond, du fidéisme », a-t-il répondu.
« La laïcité absolue, ou laïcisme, est en elle-même une foi », a affirmé Mgr Crepaldi.
Parlant du croyant, le Secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix a expliqué : « Il semble que pour pouvoir dialoguer avec les autres hommes, il doive nécessairement descendre sur le terrain, soi-disant neutre, de la raison ».
« L’Eglise a certes toujours enseigné que la foi chrétienne assume également en elle-même la loi naturelle, mais lorsque le chrétien affronte en termes rationnels des questions éthiques de loi naturelle elle ne doit absolument pas faire abstraction de sa dimension de foi », a-t-il affirmé.
« La mission de l’Eglise se présente comme une mission religieuse et par le fait même profondément humaine », si bien qu’il est impensable que pour dialoguer avec les hommes le croyant doive renoncer à sa dimension religieuse. « La foi chrétienne est la manière dont les chrétiens sont hommes et vivent avec les autres hommes », a expliqué Mgr Crepaldi.
« Du reste, une saine laïcité et un sain libéralisme ne devraient pas exiger un tel renoncement. Ils devraient en revanche être « ouverts » aussi à des thèmes religieux et pas seulement à des thèmes liés à la raison », a-t-il poursuivi.
Il est important toutefois, a insisté Mgr Crepaldi, « que les catholiques accueillent leur foi comme la vérité. S’ils ne le font pas, ils ne réussiront pas à valoriser le caractère universel de la doctrine sociale », et auront tendance à la relativiser.
La doctrine sociale de l’Eglise se présente comme la « vérité, une vérité non idéologique, forte mais qui ne s’impose pas, articulée et en mesure de rendre compte de la complexité, capable d’entrer en dialogue avec les disciplines, en leur fournissant un cadre d’orientation qui ne soit pas une prison mais qui ne disperse pas non plus le savoir en diaspora ».