Le magazine Famille Chrétienne rappelle qu’on enregistre aujourd’hui 220 000 IVG par an soit 1 avortement pour 4 naissances. Une enquête menée auprès de patientes et de médecins apporte un éclairage sur ceux qui vivent cette expérience au quotidien. Ainsi, témoigne Agnès, une jeune femme ayant vécu une IVG : « La société ne nous reconnaît pas le droit de souffrir. Or moi, j’avais mal, et je devenais folle ». Finalement elle s’est tournée vers Agapa une association spécialisée dans l’accompagnement des personnes blessées par l’avortement. Aujourd’hui, avec du recul elle préconise d’accompagner les femmes « qu’on les aide à comprendre le désir profond de la vie qu’elles portent en elles, qu’on les aide à trouver d’autres solutions que des solutions de mort… »
Dans certaines maternités on a constaté que les femmes ayant déjà vécu un avortement étaient susceptibles de gestes de maltraitance vis à vis du nourrisson. Aujourd’hui il n’existe aucune étude sur les répercussions psychologiques de l’avortement. C’est un sujet tabou et rares sont ceux qui se risquent à témoigner.
Au niveau démographique les spécialistes ont constaté que l’avortement jouait un rôle non négligeable. Actuellement l’indice de fécondité se situe autour de 1.89 enfant par femme en âge d’avoir des enfants alors que le taux minimum pour assurer le renouvellement des générations est de 2.1 enfant par femme.
L’avortement affecte aussi les hommes, les médecins, le personnel soignant….Le Dr B qui pratique des avortements témoigne dans Famille Chrétienne : « Il y a des femmes que nous croyons aider et qu’en réalité nous enfonçons » et « le pire […] est qu’on me demande de faire ça avec le sourire! ». Ils évoquent « la piqûre cardiaque, l’empoisonnement du foetus, des convulsions interminables, du bouillon dans le tuyau, des cris étouffés » et déplorent que l’on n’ait pas pris en compte le problème moral de celui qui pratique les avortements. Un gynécologue témoigne « il y a une hypocrisie terrible de la part du pouvoir législatif. Dans cette affaire on a fait de la démagogie, on a refusé d’informer sur les conséquences de cet acte. […]Non seulement je suis en colère mais je suis d’un pessimisme noir ». Du côté des infirmières, c’est le même malaise : « L’IVG, ça ne devrait pas exister, mais on ne peut pas s’y opposer. On pensait qu’il n’y en aurait pas autant. C’est dur pour tout le monde » souligne l’une d’entre elles.
Par ailleurs, depuis 1973 et la loi Neiertz, les professionnels du milieu social ne peuvent plus intervenir pour dissuader une femme d’avorter même si celle ci est soumise à une pression évidente. Rappelons que depuis juillet 2001, le guide édité par le Ministère de la Santé à destination des centres de planification ne comporte plus d’informations sur les alternatives à l’avortement. C’est pourquoi la plupart des femmes mineures ou pas qui demandent un avortement ignorent qu’il existe d’autres solutions.
Certaines dispositions de loi Veil ont entraîné d’autres effets pervers qui pèsent sur les professionnels de santé. Par exemple le critère de « validité » qui permet de faire la différence entre une IVG et une interruption médicale de grossesse (IMG) hors du cadre de la légalité.
Famille Chrétienne donne aussi le témoignage de Corinne, assistante sociale qui recevant une jeune fille de 17 ans enceinte et ne souhaitant pas avorter n’a finalement pas eu d’autres alternatives que de l’inciter à avorter parce que ses parents le souhaitait et qu’elle était mineure.
Le Quotidien du Médecin revient sur la manifestation organisée par 3 associations samedi à Paris pour « rendre hommage aux luttes qui ont conduit à ce droit mais aussi pour en signaler la fragilité ».
Libération revient aussi sur cet anniversaire en mettant en valeur la différence entre les conditions d’avortement avant et après la loi. Il s’appuie sur des récits où « le foetus est un corps étranger, un poids, un envahisseur, un porteur de mort ». Et de conclure « avorter signifie revivre, mais surtout prendre sa vie en main ».