Europe et Afrique pour le respect des Objectifs de Développement du Millénaire

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« Communion et solidarité entre l’Afrique et l’Europe »

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CITE DU VATICAN, Mardi 16 novembre 2004 (ZENIT.org) – Les évêques d’Afrique et d’Europe demandent « le respect des Objectifs de Développement du Millénaire », où ils discernent « la meilleure opportunité pour venir à bout de la pauvreté en Afrique ».

Voici, dans les colonnes de l’agence missionnaire italienne Misna, une synthèse du message final du Symposium intitulé « Communion et solidarité entre l’Afrique et l’Europe », organisé à Rome du 10 au 13 novembre par les Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) et d’Europe (CCEE), parrainé par la congrégation pour l’Evangélisation des peuples avec la collaboration de divers organismes de solidarité. Parmi les participants, 50 évêques africains et 50 évêques européens.

« La rencontre s’est tenue dans un climat de prière, d’écoute et de franchise mutuelles, de vrai respect de l’autre, dans une réelle fraternité sacramentelle en Christ qui nous appelle et nous envoie dans nos Eglises particulières.

Dans un partage respectueux, dans une analyse sans complaisance, dans une réflexion enrichie de l’apport de nombreux intervenants, nous avons manifesté notre « souci de toutes les Eglises » (2 Co 11,28). Les uns et les autres nous avons beaucoup à donner et à recevoir dans la joie partagée, dans la foi communiquée, dans l’élan missionnaire, dans l’action pour transformer nos sociétés dans un monde globalisé, un monde en quête de sens où les valeurs les plus fondamentales sont souvent niées ou bafouées.

Evêques, serviteurs de l’espérance, nous gardons le désir de réfléchir ensemble à notre responsabilité commune pour créer des relations plus justes entre nos pays respectifs et pour renforcer les échanges entre les Eglises de nos deux continents.

Au terme de notre assemblée, nous adressons ce message à vous, fidèles de nos Eglises particulières de nos deux continents, et à vous, hommes et femmes de bonne volonté. Ce message rend compte de nos constats et convictions, il nous engage, regardant vers l’avenir, à intensifier notre collaboration, à unir nos efforts et à nous soutenir dans la tâche qui nous attend.

Notre rencontre aura permis de jeter un nouveau regard sur nos histoires et nos relations respectives, regard de vérité et de bienveillance, reconnaissant les dons reçus de part et d’autre. Nous partageons un patrimoine commun et une vision de l’humanité qui a le visage du Christ.

L’histoire a marqué les relations entre l’Afrique et l’Europe, entre nos différents peuples, pays et institutions, avec parfois des atteintes graves portées à la dignité humaine. Aujourd’hui, le chômage, l’exclusion, le poids écrasant de la dette, la corruption, l’exploitation des personnes, le pillage des ressources naturelles, la pandémie du sida, le manque d’accès aux soins et l’analphabétisme sont autant de défis à relever. Nous en souffrons et nous exprimons notre solidarité à tous ceux et celles qui en sont victimes.

Ces maux demandent de notre part, de celle des gouvernements et des institutions internationales un suivi et une vigilance. Nous appelons l’Union africaine et l’Union européenne à se fixer pour la prochaine décennie l’objectif d’éradiquer la tragédie de la faim. Nous rappelons également aux pays riches leur engagement de consacrer 0,7% de leur Produit intérieur brut à l’Aide publique au développement. Cinq pays y sont déjà parvenus, donc c’est possible. Plus qu’une question de charité, c’est une question de respect de la parole donnée et de justice. La charité présuppose la justice.

Nous considérons que le respect des Objectifs de Développement du Millénaire représente la meilleure opportunité pour venir à bout de la pauvreté en Afrique. Nous interpellerons sans relâche nos gouvernements et l’Union européenne sur la nécessité d’une annulation de la dette, de règles commerciales justes, et d’une mondialisation à visage humain.

Face aux situations de violences et d’injustice, nos Eglises ont le souci de s’engager au cœur des situations d’exclusion sociale et de conflits. Nous œuvrons partout pour la Justice et pour la Paix, dans les efforts de réconciliation et dans la défense des Droits de l’homme. La dignité de la personne et des besoins des peuples demeurent plus que jamais au cœur de notre responsabilité commune.

Des Chrétiens participent aux décisions dans les champs économique et politique. Evêques, nous voulons être à leurs côtés, éclairés par la Doctrine Sociale de l’Eglise que nous avons à mieux promouvoir dans nos Eglises particulières, nos pays et continents.

Nous rendons grâce pour les échanges de personnes, prêtres, religieux, religieuses, laïcs, qui œuvrent pour la mission sur nos deux continents. Dans la vie de nos Eglises, nous devons aujourd’hui encore plus qu’hier mieux accompagner le don et la réception de la foi, avec le souci d’un soutien réciproque pour la formation de ces acteurs d’évangélisation.

Nous encourageons les laïcs des Eglises locales de nos deux continents, en particulier les jeunes, à témoigner de leur foi, à rendre compte de leur espérance, et à promouvoir des gestes concrets de partage et de solidarité dans un partenariat équilibré, répondant aux demandes pastorales au service de la mission de l’Eglise et aux impératifs d’un développement intégral de l’Homme.

Dans nos deux continents nous sommes appelés au dialogue avec les autres religions, notamment avec l’Islam, dans des contextes différents. Nous avons à concilier le respect dû à la liberté religieuse, le regard d’estime et la volonté de collaboration, comme nous y invite le concile Vatican II (Nostra Aetate, n°3), avec l’affirmation sereine mais sans ambiguïté de notre foi au Christ et de notre tradition chrétienne. Ce dialogue voudrait faire droit à la réciprocité.

Les multiples causes des forces de la mort en Afrique et en Europe, nous poussent à promouvoir la « culture de la vie ». En effet, nous avons des valeurs communes : le primat de Dieu, de la transcendance, le sens de la vie, la dimension communautaire de la personne, la famille, socle de la société profondément blessée aujourd’hui et appelant une attention pastorale particulière.

Nous affirmons que l’Europe a besoin de l’Afrique et que l’Afrique a besoin de l’Europe, et que l’Europe et l’Afrique ensemble ont un service à rendre au monde. Nous invitons les catholiques de nos pays à entrer dans des relations renouvelées, dans un esprit de communion, pour « faire ensemble » car, de l’avenir des uns, dépend l’avenir des autres.

Evêques d’Afrique et d’Europe, avec vous, chers fidèles du Christ, répondant à l’appel du saint Père en ce début de millénaire, Pour une « charité plus inventive » (Novo millennio ineunte, n°50)

Nous allumons la solidarité à la flamme de l’amour chrétien.
Nous œuvrons pour l’avènement d’un nouvel ordre mondial, bâtissant avec ardeur la civilisation de l’amour.

Fidèles, chrétiens d’Afrique et d’Europe, et particulièrement vous les jeunes avenir de nos continents et du monde, avec vos Evêques, prenez conscience que vous êtes le « peuple de la promesse », Eglise famille de Dieu engagée dans l’histoire à la suite de son Sauveur, animée de la force de l’Esprit, serviteurs de l’espérance, guetteurs d’aurore, prêts à relever les défis « des signes des temps ! ».

Parmi eux, en proposant à l’Eglise universelle une année particulière consacrée à l’Eucharistie, le Saint Père nous rappelle que l’Eucharistie construit l’Eglise, notre communion et notre unité ecclésiale y trouvent « leur source et leur sommet ». Nous sommes donc invités par Jean-Paul II à nous engager sur la voie de la solidarité : « l’Eucharistie n’est pas simplement une expression de communion dans la vie de l’Eglise
; elle est aussi un projet de solidarité pour l’humanité toute entière » (Mane Nobiscum Domine, n°27).

Notre terre en travail gémit et attend. Dieu fidèle nous espère. Christ marche avec nous. L’Esprit nous accorde sa force. Que Marie, Mère de l’Eglise, chantée dans toutes nos langues nous accompagne sur le chemin de la communion et de la solidarité entre l’Afrique et l’Europe ! »

Une note relative au Symposium affirme: « Il n’est pas exagéré de qualifier cette rencontre d’historique. C’est la première fois que les conférences épiscopales d’Afrique et d’Europe organisent une terre rencontre au niveau continental. Il n’est pas non plus exagéré de voir en cette assemblée un signe prophétique à travers lequel le Seigneur parle et réveille nos cœurs et nos consciences, dans une réelle volonté de réciprocité entre les évêques d’Afrique et d’Europe. Les évêques constitueront un groupe de réflexion pour faire suite au travail entamé avec ce symposium ».

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ZENIT Staff

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