Monsieur l’Ambassadeur,
1. J’accueille avec plaisir Votre Excellence au Vatican à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Tunisienne près le Saint-Siège.
Je vous remercie des paroles aimables que vous m’avez transmises de la part de Son Excellence Monsieur Zine Le Abidine Ben Ali, Président de la République, et je vous saurais gré de lui exprimer en retour mes vœux cordiaux pour sa personne et pour ses compatriotes. Je demande au Très-Haut de soutenir les efforts de tous les Tunisiens pour édifier une société toujours plus fraternelle et solidaire, où chaque citoyen puisse bénéficier du progrès et réaliser ses justes aspirations à vivre dans la justice et dans la paix.
2. Vous avez rappelé, Monsieur l’Ambassadeur, la longue tradition de tolérance et d’accueil qui caractérise la Tunisie ainsi que le profond attachement de votre pays à la cause de la paix. Devant la situation internationale actuelle, marquée par la violence intolérable du terrorisme et ébranlée par l’instabilité de plusieurs régions du monde, notamment celle du Moyen-Orient, il est urgent d’unir les efforts des hommes de bonne volonté en faveur de la paix. Le Saint-Siège ne ménage aucune peine pour y parvenir, rappelant notamment à chacun des membres de la communauté internationale ses propres responsabilités en la matière. Comme je l’ai souvent affirmé, seul le recours aux négociations, dans un dialogue franc et exigeant, pourra permettre aux adversaires et aux belligérants de trouver des chemins nouveaux pour résoudre les conflits et pour restaurer une situation de justice et de respect mutuel. J’en appelle donc une nouvelle fois aux personnes qui ont une autorité dans le processus de la guerre. Elles doivent se rappeler que leur première mission est de faire aux hommes et aux peuples le don de la paix, pour que chacun puisse envisager son avenir et celui de sa famille avec confiance et sérénité. La violence et la guerre, nous ne le savons que trop, ne peuvent pas résoudre les conflits. Au contraire, elles engendrent le plus souvent des blessures et des dommages tels qu’ils suscitent des haines durables entre les personnes et les peuples et ruinent, parfois pour longtemps, toute possibilité de dialogue et de respect.
Je me réjouis de la large convergence de vues, que vous avez vous-même soulignée, entre votre pays et le Saint-Siège sur cette question, et je souhaite que nos efforts mutuels soient la source d’avancées significatives pour la paix du monde, car il n’est pas possible de rester passifs devant les drames qui déchirent le monde présent et qui pèsent si lourdement sur les générations à venir. Je pense particulièrement au conflit qui dure depuis tant d’années en Terre sainte et qui blesse gravement la conscience de tous les croyants.
3. La longue expérience de la foi chrétienne dans son dialogue avec les sociétés humaines au long de l’histoire lui a appris que la religion, dans sa véritable essence, est un puissant vecteur d’humanisation pour l’homme. Elle l’invite au respect du Créateur et de sa création ; elle lui découvre sa dignité de créature appelée à soumettre le monde, en orientant son histoire selon les desseins de Dieu, en cherchant toujours la vérité et en se conduisant selon les exigences de la justice et du droit. Ces caractéristiques d’un comportement « humain » s’appliquent aux relations entre les personnes et entre les groupes, au sein de la société, mais elles valent aussi pour les rapports entre les nations, dans l’ordre international. Comme je l’ai rappelé dans mon dernier Message pour la Journée mondiale de la paix, « le droit est la première route à suivre pour atteindre la paix. Les peuples doivent être éduqués au respect de ce droit. Mais on n’arrivera pas au terme du chemin si la justice n’est pas complétée par l’amour. Justice et amour apparaissent parfois comme des forces antagonistes. Ils ne sont en vérité que les deux faces d’une même réalité » (n. 10).
4. Nul doute que les différentes religions, en particulier le christianisme et l’islam, aient beaucoup à faire encore, à la place qui est la leur, pour établir entre elles un vrai dialogue, respectueux et fécond, pour dénoncer toute manipulation de la religion au service de la violence, et pour convaincre les hommes, et notamment les responsables politiques, de s’engager dans des perspectives nouvelles pour édifier la fraternité et une paix juste et durable entre tous. Je me réjouis donc de l’engagement de votre pays en faveur de l’instauration d’un dialogue sincère entre les cultures et entre les religions. C’est là un objectif important, qui doit permettre l’établissement de relations plus solidaires entre les communautés humaines et religieuses.
5. À sa place, la modeste communauté catholique qui vit en Tunisie n’a pas d’autre ambition que de témoigner de la dignité de l’homme, créé à l’image de Dieu, et de se mettre fraternellement à son service. Permettez-moi, Monsieur l’Ambassadeur, de saluer, par votre intermédiaire, son pasteur, l’Évêque de Tunis, et tous les fidèles catholiques qui la composent. Engagés notamment dans des tâches d’éducation mais aussi de santé, ils travaillent et veulent continuer à travailler avec cœur au développement du pays, et ils s’attachent à poursuivre un dialogue de la vie, ouvert et loyal, avec les croyants musulmans. Je les encourage à grandir dans l’amour mutuel, à se montrer accueillants à leurs frères qui viennent d’autres Églises, témoignant ainsi de leur sens de la fraternité et de leur amour pour la paix.
6. Au moment où vous inaugurez votre noble mission au service de la paix et des bonnes relations entre votre pays et le Saint-Siège, je veux vous assurer, Monsieur l’Ambassadeur, de mes vœux chaleureux et du soutien de mes collaborateurs. Vous serez toujours le bienvenu au Vatican, où vous trouverez auprès d’eux l’aide dont vous pourrez avoir besoin. Sur votre personne, sur votre famille et sur tout le personnel de votre Ambassade, j’invoque l’abondance des Bénédictions divines.
[Texte original: Français]