Monsieur l’Ambassadeur,
1. C’est avec joie que je souhaite la bienvenue à Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Mali près le Saint-Siège.
Je vous remercie de vos aimables paroles, par lesquelles vous me transmettez l’hommage respectueux du Président de la République et du peuple malien. Je vous saurais gré d’exprimer en retour à Son Excellence Monsieur Amadou Toumani Touré, Chef de l’État, les vœux courtois que je forme pour sa personne et pour l’accomplissement de sa charge au service de tous les habitants du pays. Ma pensée rejoint aussi les Responsables et tous les habitants de la nation.
2. Vous soulignez, Monsieur l’Ambassadeur, la ferme volonté des Autorités de votre pays de travailler activement à l’établissement de relations toujours plus pacifiques et plus fraternelles entre les hommes, non seulement à l’intérieur de vos frontières, mais également dans la sous-région à laquelle vous appartenez, ainsi qu’à l’échelle du Continent africain. C’est une tâche noble qui honore votre nation, malgré les soucis auxquelles les Autorités ont à faire face pour permettre à tous les habitants du pays de jouir de conditions d’existence qui respectent leur dignité et leurs droits fondamentaux. La persistance de conflits ouverts ou larvés, en particulier en Afrique de l’Ouest, rend nécessaire un tel engagement, afin que tous les habitants de la région puissent vivre en sécurité et envisager l’avenir plus sereinement. Je ne doute pas que les instances compétentes, sur le plan régional, mais aussi au niveau continental, ne négligent aucun effort pour travailler, avec le soutien d’un partenariat toujours plus audacieux, à faire reculer l’instabilité qui règne encore en de nombreuses régions et à rechercher des voies et des moyens pour que l’Afrique soit toujours mieux intégrée dans le processus de la mondialisation.
La désertification croissante du Mali constitue également un défi urgent à relever. Liée aux conditions climatiques extrêmes de la zone sahélienne, elle engendre précarité et misère pour un grand nombre de vos compatriotes, souvent contraints à choisir l’exil dans d’autres pays ou d’autres continents afin de subvenir à leurs besoins élémentaires et à ceux de leurs proches. Je souhaite en ce jour lancer un appel à la Communauté internationale, l’invitant à exprimer de manière toujours plus significative sa solidarité et son soutien aux pays qui requièrent son aide. Cet engagement inclut nécessairement le respect des promesses faites par les pays industrialisés aux pays pauvres, en particulier dans les domaines des investissements, des subventions publiques et de l’allégement de la dette, avec l’objectif constant de rendre les personnes toujours plus actrices et promotrices de leur propre développement.
Comme vous le rappelez, le Mali est une nation dont l’histoire, la culture, les valeurs et les traditions religieuses peuvent constituer des atouts pour préserver l’harmonie et la convivialité au sein de la nation, en créant les conditions nécessaires à une paix durable et en suscitant l’établissement de relations sociales toujours plus solides. Les efforts réalisés pour faire progresser la société vers la démocratie et le pluralisme doivent être encouragés, afin que tous les Maliens puissent bénéficier des avantages d’une croissance qui ne se limite pas à l’augmentation légitime du bien-être matériel, mais qui permette un véritable épanouissement des personnes et de la société, dans toutes leurs dimensions humaines et spirituelles.
3. L’éducation des jeunes générations, par la transmission des valeurs fondamentales de la vie humaine, par l’alphabétisation et la possibilité de suivre un cursus scolaire, par l’initiation au sens de l’effort, par la formation des consciences aux sens moral et civique, est un élément essentiel et incontournable de ce développement durable que toute nation se doit d’encourager et de promouvoir. Cette éducation se réalise par un système scolaire adapté, duquel nul ne doit être exclu, mais aussi par la promotion de politiques familiales audacieuses, donnant aux parents les moyens de remplir leur mission d’éducateurs de leurs enfants. Il est essentiel que les jeunes soient encouragés à donner le meilleur d’eux-mêmes, afin qu’ils puissent devenir demain dans leur propre pays les décideurs et les cadres qui permettront de conduire la nation sur les chemins de l’unité, de la stabilité et de la prospérité. Par votre intermédiaire, je voudrais aussi sensibiliser à nouveau les pays concernés et toute la Communauté internationale aux graves fléaux que constituent le trafic des enfants et le travail des mineurs, qui fournissent une main d’œuvre bon marché à des organisations internationales peu scrupuleuses. Je souhaite qu’un sursaut de conscience fasse naître les coopérations internationales nécessaires pour que soit mis un terme à ces pratiques inadmissibles qui bafouent la dignité primordiale d’êtres fragiles, créés à l’image de Dieu, et qui sont contraires aux droits les plus fondamentaux des enfants.
4. Le dialogue respectueux et les relations constructives entre les membres des diverses communautés religieuses qui composent une nation sont un puissant soutien au renforcement de la paix et de la concorde entre tous les citoyens. Il importe cependant, pour maintenir et développer un esprit de confiance et de collaboration entre tous, que les responsables civils et religieux contribuent sans cesse à renforcer les conditions d’exercice d’une véritable liberté religieuse. Les croyants sont invités à manifester que Dieu les a faits membres d’une même famille, les a revêtus d’une même dignité et les appellent à s’engager toujours plus dans le service du bien commun. Il est notamment capital «d’enseigner aux jeunes le chemin du respect et de la compréhension, afin qu’ils ne soient pas conduits à faire un mauvais usage de la religion elle-même pour promouvoir ou pour justifier la haine et la violence» (Discours à la Mosquée des Omeyyades, Damas, 6 mai 2001, n. 3). J’encourage les croyants, unis à tous les hommes de bonne volonté, à poursuivre le dialogue de la vie, ciment de la connaissance et de la confiance, nécessaires au bien de la famille humaine tout entière.
5. Vous rappelez, Monsieur l’Ambassadeur, que la Communauté catholique au Mali, qui contribue de bien des manières au développement de la nation ainsi qu’à sa cohésion, est respectée et appréciée par les responsables de la vie civile. Je m’en réjouis. Dans un esprit de confiance réciproque, il paraît souhaitable qu’un véritable dialogue se poursuive entre les diverses instances ecclésiales et l’État pour permettre à l’Église catholique au Mali de bénéficier d’une reconnaissance effective et stable comme institution à part entière dans la société. Ainsi, elle pourra accomplir sa mission spirituelle auprès de ses membres et, à travers ses œuvres, se mettre toujours plus efficacement au service de tous les Maliens, sans distinction. Aux Évêques du Mali et à tous les membres de la communauté catholique, j’adresse, par votre intermédiaire, des vœux chaleureux, les invitant à être des témoins généreux de l’amour de Dieu et à contribuer à l’édification d’une nation unie et fraternelle où chacun se sente pleinement uni et respecté.
6. Au moment où commence votre mission, je vous offre, Monsieur l’Ambassadeur, mes souhaits les meilleurs pour la noble tâche qui vous attend, vous assurant que vous trouverez toujours ici un accueil attentif et une compréhension cordiale auprès de mes collaborateurs.
J’invoque de grand cœur sur Votre Excellence, sur le peuple malien et sur ses dirigeants, l’abondance des B
énédictions divines.
[Texte original: Français]