A l’occasion de ses 84 ans, le pape a reçu mardi soir un groupe de Polonais conduit par le Président Aleksander Kwasniewski et son épouse. Mercredi, lors de l’audience, il a reçu un grand nombre ses compatriotes, ainsi qu’un orchestre et un chœur de l’armée polonaise venus pour la célébration de cet anniversaire et aussi pour souhaiter au pape un joyeux anniversaire. Mais dans les paroles du pape aucune allusion à cet événement personnel.
Jean-Paul II a rappelé mardi soir que cette visite correspond au 60e anniversaire de la Bataille du Mont-Cassin, lors de la libération de l’Italie, en 1944. La colline que couronne le fameux monastère bénédictin, mis à mal par les bombardements alliés, n’a pu être reprise aux troupes nazies que par l’intervention courageuse des soldats polonais. Tous les autres assauts avaient été repoussés.
« L’héroïsme des troupes polonaises commandées par le Général Anders, a percé le front, rappelait Jean-Paul II, permettant aux Alliés de libérer l’Italie et d’engager la déroute de l’occupant nazi ».
Le pape faisait allusion au cimetière militaire de Cassino où se côtoient des tombes surmontées de la croix latine, de la croix grecque, de l’étoile de David, du croissant de lune musulman.
« Ces héros reposent là après être tombés ensemble pour la liberté, la nôtre et celle d’autrui », souligne Jean-Paul II.
« La liberté comprend en soi, non seulement l’amour de sa propre patrie, mais aussi la sollicitude pour l’indépendance politique et spirituelle d’autres nations », rappelait le pape.
Tous ont ressenti le devoir de s’opposer à tout prix à l’oppression de ces pays et de leurs citoyens, mais aussi à la politique de destruction de leur culture nationale et de leur identité spirituelle ».
« Je dis ceci, avertissait le pape, pour rappeler qu’au long des siècles l’héritage culturel et spirituel de l’Europe s’est formé et a été parfois défendu jusqu’au sacrifice de la vie de ceux qui confessaient la foi dans le Christ, ou de ceux dont la religion se référait à Abraham ». Et cela, joutait-il, est un argument fort dans la discussion sur la forme spirituelle à donner à l’Europe ».
Le pape faisait ainsi allusion clairement aux débats sur la constitution européenne en affirmant: « Il semble opportun de rappeler cela dans le contexte des fondements constitutionnels de l’Union Européenne, à laquelle la Pologne vient d’adhérer ».
Là encore le pape voit le rôle que peuvent jouer les Polonais; « La Pologne ne saurait oublier cela et elle doit même le rappeler à ceux qui, au nom de la laïcité des sociétés démocratiques, semblent oublier la contribution du christianisme à la construction de leur propre identité ».
A propos des « difficultés politiques » que traverse sa patrie, Jean-Paul II a dit espérer qu’elles soient promptement résolues, et ceci de façon à ce que « les plus pauvres, les familles nombreuses, les chômeurs, les malades et les personnes âgées puissent se sentir en sécurité dans leur patrie ».
Jean-Paul II a évoqué à nouveau la bataille du Mont-Cassin ce matin place Saint-Pierre en disant: « Cet événement est un sujet de fierté pour plusieurs générations, car il est devenu le symbole des plus hautes valeurs de l’âme polonaise, et avant de tout de sa disponibilité à sacrifier sa vie pour notre liberté et celle d’autrui. Comme l’amour de la patrie devait être grand chez ces jeunes qui ont été jusqu’à verser leur sang sur un sol étranger, dans l’espérance de la libération nationale ! ».
« Après la guerre, soulignait le pape, nous avons tant espéré que cet espoir s’accomplisse. Aujourd’hui, nous pouvons remercier Dieu de cette si grande grâce, d’avoir libéré le peuple polonais, et les jeunes générations doivent s’en souvenir elles aussi ».