Neuf Coréens sur dix sont favorables à l'avortement

Trois catholiques sur dix croient que la vie commence à la naissance

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CITE DU VATICAN, Jeudi 6 mai 2004 (ZENIT.org) – Selon une récente étude, les positions des catholiques coréens sur les questions liées au respect de la vie sont éloignées de l’enseignement de l’Eglise et assez semblables à celles des non-catholiques, indique « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris, dans son édition de début mai, n. 396 (eglasie.mepasie.org).

Une récente étude d’opinion commandée par l’Eglise catholique montre que les positions des catholiques coréens sur des sujets tels que l’avortement ou la contraception sont assez semblables à celles des non-catholiques et plutôt éloignées de l’enseignement de l’Eglise en la matière. Pour le P. Paul Lee Chang-young, sous-secrétaire de la Conférence des évêques catholiques de Corée, les résultats de cette étude indiquent que l’Eglise n’est pas écoutée par ses fidèles sur ces questions et que la politique du gouvernement, « qui a orienté toute son action pour le développement de l’économie », a empêché les Coréens de prendre conscience de l’importance des questions liées à la vie et à la famille.

Menée du 18 novembre au 19 décembre 2003 auprès de 2 000 Coréens âgés de plus de 15 ans, pour moitié catholiques et pour moitié non-catholiques, l’étude portait sur huit thèmes principaux : la vie, la vieillesse, la famille, la naissance, le mariage, la vie sexuelle, la jeunesse et des actes tels que le suicide, l’euthanasie et la peine de mort. Elle a été commandée en préparation de la huitième Assemblée plénière de la FABC (Fédération des Conférences épiscopales d’Asie) qui doit se tenir en août prochain en Corée du Sud et dont le thème est : « La famille en Asie vers une culture de la vie ». Les résultats de l’étude serviront également aux évêques coréens pour la rédaction d’une Lettre pastorale sur la famille dont la publication est prévue d’ici à la fin de l’année.

Sur de nombreux sujets, les pratiques ou les opinions des catholiques et des non-catholiques ne sont pas très différentes et assez éloignées de l’enseignement de l’Eglise. Ainsi, 14,6 % des catholiques déclarent pratiquer la régulation naturelle des naissances – un pourcentage très proche et même légèrement inférieur à celui des non-catholiques (15,2 %). S’agissant du recours aux méthodes artificielles de contraception, 28,6 % des non-catholiques sont d’accord avec l’affirmation que ces méthodes sont « contraires à la vie ». Ce pourcentage monte à 35,8 % pour les catholiques.

Au sujet de l’avortement, neuf personnes interrogées sur dix, quelle que soit leur appartenance religieuse, disent qu’il doit être autorisé, que ce soit avec ou sans conditions. L’avortement volontaire est défini comme un crime par le Code pénal (article 135), mais la loi spéciale dite « Loi de santé de la mère et de l’enfant » votée en 1973, modifiée en en 1986 et 1989, permet l’interruption volontaire de grossesse dans un grand nombre de cas. Sur le recours effectif à l’avortement, l’étude confirme des études menées antérieurement (1). En 2000, un sondage indiquait que 38,7 % des femmes catholiques avaient au moins une fois avorté ; le chiffre était de 44,0 % pour l’ensemble de la population. L’étude menée l’an dernier donne les chiffres de 34,2 % et 40,0 %, respectivement. On peut noter que les catholiques sont plus nombreuses que les non-catholiques à déclarer avoir subi plus de trois avortements. L’étude indique encore que trois catholiques sur dix croient que la vie commence à la naissance.

Selon Elizabeth Kim Mi-sook, responsable d’un centre de conseil pour les femmes sexuellement harcelées, l’Eglise a certes mené un nombre certain de campagnes d’information et de sensibilisation au respect de la vie mais elle a adopté une approche « trop idéaliste » et, par conséquent, n’a pas été entendue par une bonne partie de ses fidèles (2). Elle cite en exemple le cas des jeunes filles enceintes avant le mariage. D’un côté, l’Eglise enseigne que l’avortement est interdit et n’est pas une solution mais, de l’autre côté, « les conséquences sociales et économiques pour les jeunes filles qui choisissent de ne pas avorter sont trop lourdes ».

Pour le P. Paul Lee Chang-young, spécialiste de théologie morale, l’Eglise, face à de tels résultats, doit centrer son travail pastoral sur le ministère de la famille. La famille en elle-même doit devenir « un objet et un sujet » du travail pastoral et, pour contribuer à cette évolution, chaque paroisse doit prendre cette responsabilité à cœur. En mars dernier, lors de la 37e assemblée du Conseil de l’apostolat des laïcs coréens, organisée à Séoul, les responsables laïques avaient insisté sur la nécessité pour les laïcs coréens de s’engager en faveur de la famille.

Pour les responsables de l’Eglise, le seul véritable objet de satisfaction ressortant de l’étude est l’attitude des catholiques à l’égard de la peine de mort. Là où 40,4 % des non-catholiques se disent contre la peine capitale, le pourcentage monte à 64 % pour les catholiques. Selon des sources gouvernementales, cinquante-cinq condamnés à mort sont actuellement détenus dans les prisons du pays ; depuis 1998, date de l’arrivée au pouvoir du président Thomas More Kim Dae-jung, un catholique, aucune exécution capitale n’a cependant eu lieu.

(1) Voir EDA 310
(2) A propos des nombreuses initiatives de la l’Eglise catholique de Corée pour défendre « une culture de la vie », voir EDA 142, 177, 187, 224, 306, 321, 323, 334, 336, 343, 363, 364, 366, 386

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ZENIT Staff

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