Apocalypse 19 : Les noces de l'Agneau, audience du 10 décembre

CITE DU VATICAN, Mercredi 17 Décembre 2003 (ZENIT.org) – « Les noces de l’Agneau » étaient le thème de l’allocution de Jean-Paul II au cours de l’audience générale de mercredi dernier, 10 décembre 2003, dont voici la traduction intégrale de l’italien par L’Osservatore Romano en langue française du 16 décembre.

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Deuxièmes Vêpres –
Dimanche de la 1 semaine
Lecture: Ap 19, 1-2.5.7

1. En suivant la série des Psaumes et des Cantiques qui constituent la prière ecclésiale des Vêpres, nous nous trouvons face à un passage sous forme d’hymne, tiré du chapitre 19 de l’Apocalypse et composé par une séquence d’alleluia et d’acclamations.

Avant ces joyeuses invocations se trouve la plainte dramatique entonnée dans le chapitre précédent par les rois, les marchands et les navigateurs face à l’effondrement de la Babylone impériale, la ville du mal et de l’oppression, symbole de la persécution déchaînée à l’égard de l’Eglise.

2. En antithèse de ce cri qui s’élève de la terre, retentit dans les cieux un choeur joyeux à caractère liturgique qui, outre l’alleluia, répète également l’amen. Les diverses acclamations, semblables à des antiennes, que la Liturgie des Vêpres unit à présent en un unique cantique, sont en réalité placées, dans le texte de l’Apocalypse, sur les lèvres de divers personnages. Nous trouvons tout d’abord une « foule immense », constituée par l’assemblée des anges et des saints (cf. vv. 1-3). On distingue ensuite la voix des « vingt-quatre Anciens » et des « Quatre Vivants », figures symboliques qui semblent les prêtres de cette liturgie céleste de louange et d’action de grâce (cf. v. 4). Une voix de soliste s’élève enfin (cf. v. 5), faisant participer à son tour au chant la « foule immense » dont on était parti (cf. vv. 6-7).

3. Nous aurons l’occasion, lors des futures étapes de notre itinéraire de prière, d’illustrer chaque antienne de ce grandiose et joyeux hymne de louange à plusieurs voix. A présent, nous nous contenterons de deux remarques. La première concerne l’acclamation d’ouverture qui retentit ainsi: « Salut et gloire et puissance à notre Dieu, car ses jugements sont vrais et justes » (v. 1-2).

Au coeur de cette invocation joyeuse se trouve la représentation de l’intervention décisive de Dieu dans l’histoire: le Seigneur n’est pas indifférent, comme un empereur impassible et isolé, à l’égard des événements humains. Comme le dit le Psalmiste, « Le Seigneur dans son palais de sainteté, le Seigneur dans les cieux est son trône; ses yeux contemplent le monde, ses paupières éprouvent les fils d’Adam » (Ps 10, 4).

4. Son regard est au contraire source d’action de grâce, car il intervient et détruit les empires tyranniques et opprimants, il abat les orgueilleux qui le défient, il juge ceux qui accomplissent le mal. C’est encore le Psalmiste qui décrit avec des images pittoresques (cf. Ps 10, 7) cette irruption de Dieu dans l’histoire, de même que l’auteur de l’Apocalypse avait évoqué dans le chapitre précédent (cf. Ap 18, 1-24) la terrible intervention divine à l’égard de Babylone, arrachée de son siège et jetée à la mer. Notre hymne mentionne cette intervention dans un passage qui n’est pas repris dans la célébration des Vêpres (cf. Ap 19, 2-3).

Notre prière doit alors surtout invoquer et louer l’action divine, la justice efficace du Seigneur, sa gloire obtenue par le triomphe sur le mal. Dieu se rend présent dans l’histoire, en se rangeant du côté des justes et des victimes, précisément comme le déclare l’acclamation brève et concise de l’Apocalypse et comme on le répète souvent dans le chant des Psaumes (cf. Ps 145, 6-9).

5. Nous voulons placer l’accent sur un autre thème de notre Cantique. Il est développé dans l’acclamation finale et constitue l’un des motifs dominants de l’Apocalypse elle-même: « Voici les noces de l’Agneau, et son épouse s’est faite belle » (Ap 19, 7). Le Christ et l’Eglise, l’Agneau et l’épouse, sont en profonde communion d’amour.

Nous chercherons à faire resplendir ce caractère sponsal mystique à travers le témoignage poétique d’un éminent Père de l’Eglise syrienne, saint Ephrem, qui vécut au IV siècle. En utilisant de façon symbolique le signe des noces de Cana (cf. Jn 2, 1-11), il fait parler la ville elle-même, personnifiée, pour louer le Christ pour le grand don reçu:
« Avec mes hôtes je le remercierai car il m’a jugée digne de l’inviter: / Lui qui est l’Epoux céleste, qui est descendu et qui a invité chacun; / et moi aussi j’ai été invitée à participer à sa pure fête de noces. / Devant les peuples je le reconnaîtrai comme l’Epoux, comme lui il n’en existe aucun autre. / Sa chambre nuptiale est préparée depuis des siècles, / et sa chambre nuptiale est pleine de richesses et ne manque de rien: / ce n’est pas comme lors de la fête à Cana, où il a dû s’occuper de ce qui manquait » (Hymnes sur la virginité, 33, 3: La Harpe de l’Esprit, Rome 1999, pp. 73-74).

6. Dans un autre hymne, qui chante également les noces de Cana, saint Ephrem souligne comment le Christ, envoyé aux noces d’autres personnes (précisément les époux de Cana), a voulu célébrer sa propre fête de noces: les noces avec son épouse, qui est chaque âme fidèle. « Jésus, tu as été invité à une fête de noces d’autres personnes, les époux de Cana, / ici, en revanche, se déroule ta fête, pure et belle: elle réjouit notre vie, / car tes hôtes aussi, Seigneur, ont besoin / de tes chants: laisse ta harpe tout remplir! / Seigneur, l’âme est ton épouse, le corps est ta chambre nuptiale, / tes invités sont les sens et les pensées. / Et si un seul corps est pour toi une fête de noces, / l’Eglise tout entière est ton banquet nuptial! » (Hymnes sur la foi, 14, 4-5: op. cit., p. 27).

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’Audience générale du 10 décembre 2003, se trouvaient des groupes de pèlerins provenant de divers pays, ainsi que des pèlerins de langue française, auxquels le Saint-Père s’est adressé en français:

Salut en langue française

Chers frères et soeurs,
L’hymne joyeuse que nous venons d’entendre fait intervenir, dans le livre de l’Apocalypse, divers personnages de la liturgie céleste: la foule immense, les vingt-quatre Anciens, les Quatre Vivants et la voix qui vient du trône, tous rassemblés dans la louange reconnaissante: « Le salut, la puissance, la gloire à notre Dieu! », lui qui est intervenu dans l’histoire pour sauver son peuple.

Le cantique chante également la communion d’amour qui unit désormais le Seigneur et son Eglise: « Elles sont venues les Noces de l’Agneau et pour lui son épouse a revêtu sa parure ». Saint Ephrem écrit à ce propos: « Seigneur, l’âme est ton épouse, le corps est ta chambre nuptiale, tes invités sont les sens et les pensées. Et si un seul corps est pour toi une fête de noces, l’Eglise tout entière est ton banquet nuptial! »

Je vous salue cordialement, pèlerins de langue française présents aujourd’hui et je vous souhaite une bonne route vers la joie de Noël. Que l’appel de Jean-Baptiste vous conduise sur les chemins de la conversion, à la rencontre de l’Epoux qui vient!

(©L’Osservatore Romano – 16 décembre 2003)

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ZENIT Staff

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