CITE DU VATICAN, Mardi 16 Décembre 2003 (ZENIT.org) – La personne handicapée est un « facteur d’unité d’autant plus grand que notre société se morcelle », affirme Philippe de Lachapelle, directeur de l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH), dans cet entretien réalisé pour Zenit par Pierre Durieux.
– Philippe de Lachapelle, bonjour ! Vous assistiez hier à la clôture de l’année européenne des personnes handicapées. Premier bilan.
– L’initiative a eu un certain succès et un réel retentissement. L’année européenne a donné lieu à beaucoup d’initiatives associatives et ça franchement, c’est rassérénant ! Côté discours, les propos sont réellement bien intentionnés. Cependant on évite soigneusement des sujets difficiles. Par exemple, lutter contre les discriminations a du sens. Mais, mesure-t-on que cela n’aura aucun impact tant que les personnes handicapées sauront que, si on avait découvert leur handicap avant leur naissance, elles ne seraient pas là pour en parler ? Cette discrimination initiale est violente. Elle est lourde de présupposés comme de conséquences.
Le forum européen des personnes handicapées à Athènes a tenté d’attirer l’attention sur ce paradoxe.
– Le débat sur la laïcité a-t-il des incidences relatives aux personnes handicapées ?
– Nous l’espérons !
Les personnes handicapées en établissement de vie sont les seules à ne pas avoir accès à la vie spirituelle ! Savez-vous pourquoi ? Parce qu’à l’époque où il a fallu légiférer, la plupart des personnes handicapées étaient accueillies dans des structures tenues par des congrégations religieuses. Leur accès à la vie spirituelle ne posait donc pas question. Tandis qu’on instituait des aumôneries dans l’armée, dans les hôpitaux, etc… Les personnes handicapées, elles, ne se voyaient pas proposer de tels services. Voilà pourquoi il faut remédier à cette grave injustice, à l’heure où la plupart de ces structures ne sont plus gérées par des congrégations religieuses.
Un espoir : « la charte des droits et libertés de la personne accueillie » spécifie le droit à la pratique religieuse. Reste à ce que ce droit soit reconnu !
Autre remarque en passant : les personnes handicapées nous disent mieux que d’autres que la vie spirituelle est un besoin naturel inscrit au plus profond de notre humanité.
– Vous avez terminez récemment votre tour de France ? Alors ?
– Trois choses pour terminer ce tour.
Je crois que l’OCH s’est vu conforté dans sa vocation à fédérer des initiatives, à unifier.
La personne handicapée nous appelle à la communion. A l’heure où chacun s’interroge pour savoir comment mieux l’intégrer, nous posons la question inverse : comment peut-elle nous intégrer ? Elle est facteur d’unité d’autant plus grand que notre société se morcelle.
Enfin, j’aimerais comprendre pourquoi 10.000 personnes ont choisi de se rendre à l’une des six grandes fêtes autour des personnes handicapées. C’est un mystère auquel nous n’osions pas croire. Mais le Seigneur nous comble au-delà de nos espérances.
Pour toute information, rendez-vous au site Internet : www.och.asso.fr
ou par téléphone : ++ 33 (0)1 53 69 44 30