Le P. Cantalamessa a en effet choisi comme thème de ses réflexions pour l’Avent « la sainteté chrétienne à la lumière de l’expérience de Mère Teresa ».
« Jusqu’à sa mort, faisait-il remarquer, personne n’a su ce qui se passait en elle ».
« Elle écrivait : ‘Il y tant de contradictions dans mon âme. Une aspiration à Dieu profonde, si profonde qu’elle fait mal. Une souffrance continue et avec cela, le sentiment de ne pas être voulue par Dieu, d’être rejetée, vide, sans foi, sans amour et sans zèle. Le ciel ne signifie rien pour moi, il m’apparaît comme un lieu vide ».
C’est pour les théologiens spirituels un « cas classique » de la « nuit obscure de l’esprit », observait le P. Cantalamessa.
Après les lumières des débuts, cette obscurité accompagnera Mère Teresa toute sa vie, à l’insu du monde : ce fut la révélation du procès de béatification. Or, elle reconnaissait dans cette épreuve une grâce extraordinaire.
« J’ai commencé à aimer mon obscurité, écrivait-elle encore. Parce que je crois que maintenant elle est comme une partie, une toute petite partie, de l’obscurité et de la souffrance que Jésus a vécue sur la terre ».
Ne voulant pas attirer l’attention sur elle, elle a toujours caché cela derrière un sourire, soulignait le prédicateur.
« Elle sourit tout le temps, disent de moi les sœurs aux gens, écrivait-elle encore. Ils pensent que mon cœur est habité par la foi, la confiance, l’amour. Si seulement ils savaient comment ma façon d’être joyeuse n’est qu’un manteau grâce auquel je couvre mon vide et ma misère ».
Le P. Cantalamessa mettait en lumière cette « admirable sainteté moderne », d’une « mystique qui a su unir une très haute contemplation à une action très intense », et c’est ce qui la rapproche « d’un autre mystique de notre temps, le Padre Pio », qui a vécu toute sa vie la même nuit obscure. « Pour répandre la lumière, ces deux saints ont dû passer leur vie dans le noir », constatait le prédicateur.
Cette expérience, observait le Capucin, rapproche les mystiques, les saints les plus modernes, des athées de bonne foi, ceux qui se sentent rejetés par Dieu, font l’expérience de l’angoisse existentielle, et vivent à leur façon une nuit obscure de l’esprit ».
Dans la nuit de l’esprit, les mystiques aussi, concluait le P. Cantalamessa, sont des athées sans Dieu. Et c’est pour cela qu’ils sont les évangélisateurs idéaux du monde post-moderne, où l’on vit comme si Dieu n’existait pas. Nous apprenons d’eux comment nous comporter dans l’aridité.