CITE DU VATICAN, Mercredi 29ctobre 2003 (ZENIT.org) – La croix du Christ est « source de lumière, de réconfort et d’espoir » pour tous: sans citer le cas et sans entrer dans la polémique, le pape Jean Paul II a défendu mercredi la valeur de la croix, au moment où une décision de justice ordonnant le retrait du crucifix d’une école italienne provoque une enquête du ministère de la justice.
S’adressant aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés, comme c’est son habitude à la fin de l’audience du mercredi, le pape les a invités à être des « bâtisseurs de la civilisation de l’amour ». Or, disait le pape, « la croix du Christ » en est un « symbole éloquent, source de lumière, de réconfort et d’espoir pour les hommes de tous les temps ».
Les media n’ont pas manqué de faire le rapprochement entre cette phase du pape et la polémique qui secoue l’Italie. Le juge Mario Montanaro a en effet ordonné le retrait des crucifix des salles de classe d’une école publique « Antonio Silveri », à Ofena, près de L’Aquila, dans les Abruzzes.
Le magistrat semblait renvoyer dos à dos catholiques et musulmans: un Italien converti à l’Islam, Adel Smith, président des quelque 5000 membres de l’Union des Musulmans d’Italie, avait en effet demandé que des versets du Coran apparaissent aussi aux murs des classes.
Dimanche dernier, les premières protestations de la conférence épiscopale italienne étaient relayées par Radio Vatican (cf. ZF031026).
Hier, le président de la Conférence épiscopale italienne lui-même, le cardinal Camillo Ruini, vicaire du pape pour Rome, a à son tour dénoncé la décision. Celle-ci a également été condamnée par des personnalités politiques et certains musulmans d’Italie eux-mêmes.
De plus, selon les accords du Latran, signés entre l’Italie de Mussolini et le Saint-Siège sous Pie XI, le 11 février 1929 – mettant fin à la situation créée en 1871 lorsque les troupes italiennes avaient envahi les Etats pontificaux – la présence des crucifix dans les classes est garantie.
Le ministre italien de la Justice, Roberto Castelli, a ainsi ouvert une procédure d’enquête administrative contre la décision du juge.
Pour le moment donc, les crucifix ne seront pas ôtés, comme l’a affirmé aujourd’hui le maire de la petite ville, Mme Annarita Coletti.
La sentence, de 30 pages, émise par le juge Montanaro et publiée samedi dernier, contredit une « loi de l’Etat en vigueur qu’aucun Parlement n’a jamais changée ni même la Cour constitutionnelle » avait déclaré dès dimanche matin le secrétaire de la CEI, Mgr Giuseppe Betori, au cours de l’émission de la télévision nationale RAI UNO, « A sua immagine ». La décision du tribunal risque de rouvrir la route aux « fondamentalismes les plus extrêmes », craignait l’évêque italien.
Au cours de la messe célébrée dans l’église romaine du « Divin Maestro », retransmise à la télévision, Mgr Betori avait auparavant souligné que le crucifix n’est pas seulement un symbole religieux, mais aussi « l’image dans laquelle le peuple italien reconnaît les racines de sa civilisation ».
Pour le juge Montanaro, au contraire, rapportait Radio Vatican, « la présence du crucifix dans les salles des écoles communique une adhésion implicite aux valeurs qui ne sont pas réellement le patrimoine commun de tous les citoyens » et présuppose une « homogénéité qui, en vérité, n’a jamais existé, et surtout, ne peut sûrement pas être déclarée comme subsistant aujourd’hui ».