Qu’est-ce qui a fait de Mère Teresa une femme aussi spéciale ? (3ème partie)

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Entretien avec le père Brian Kolodiejchuk, Missionnaire de la Charité

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ROME, Dimanche 19 octobre 2003 (ZENIT.org) – Mère Teresa aimait les pauvres. Elle aimait aussi la prière.

Les Missionnaires de la Charité sont supposés prier environ quatre heures chaque jour, explique le père Brian Kolodiejchuk, l’un des trois premiers membres de la branche masculine des Missionnaires de la Charité, et le postulateur de la cause de béatification de Mère Teresa.

Voici la troisième et dernière partie de l’entretien que le père Kolodiejchuk a accordé à Zenit. La première partie a été publiée le 13 octobre (cf. Zenit, 13 octobre) et la deuxième partie, le 17 octobre (cf. Zenit, 17 octobre).

Q : Comment Mère Teresa a-t-elle réussi à concilier la vie contemplative et la vie de service ?

Père Kolodiejchuk : Mère Teresa a réussi à concilier la contemplation et le service en gardant continuellement à l’esprit le but et la raison ultime de l’existence de sa congrégation.

En 1947 elle l’avait déjà clairement défini : « Le but des Missionnaires de la Charité est d’assouvir la soif infinie d’amour et d’âmes de Jésus sur la croix en travaillant au salut et à la sanctification des plus pauvres parmi les pauvres ».

Assouvir la soif d’amour et d’âmes de Jésus était la raison ultime de tout ce qu’elle faisait. Cet objectif n’a jamais quitté son cœur et son esprit. Toutes ces énergies allaient dans ce sens. La soif de Jésus imprégnait tous les aspects de sa vie, dans la prière comme dans le service. C’était le charisme qu’elle avait reçu, et tout tournait naturellement autour de ce charisme.

Pour concilier la prière et l’action, la vie des Missionnaires de la Charité prévoit environ quatre heures de prière par jour. Mère Teresa est restée exceptionnellement fidèle à ses temps de prière. Elle commençait sa journée par la prière, la méditation et la messe, qu’elle considérait comme les moments les plus importants de sa journée.

Après avoir reçu Jésus dans l’Eucharistie elle allait Le servir dans les plus pauvres parmi les pauvres. La prière était le moment où elle était unie à Jésus, où elle l’écoutait, où elle s’abandonnait à lui, où elle cherchait Sa volonté dans tout ce qu’elle faisait.

Le deuxième moment le plus important de sa journée était une heure d’adoration eucharistique. Elle ne manquait ce rendez-vous que pour des raisons extrêmement graves. Cela supposait parfois un effort extraordinaire. Elle passait du temps en prière même après un voyage long et fatigant ou lorsqu’elle était malade.

Mère Teresa accordait une grande importance à la prière du chapelet. Marie était sa compagne inséparable, celle qui l’aidait à vivre en présence de Dieu et à vivre les mystères du Christ. Elle priait le chapelet dans la chapelle, dans la rue, dans le bus ou dans l’avion. C’était pour elle un moyen essentiel pour méditer les mystères de la vie de Jésus et Marie et pour prier continuellement. On la voyait souvent tenir son chapelet dans la main. Elle voulait ainsi rappeler la présence de la Vierge et le lien étroit qui existait entre elle et la Mère de Dieu.

Q : Mère Teresa était une mystique. Pensez-vous qu’elle soit, de ce fait, un modèle ?

Père Kolodiejchuk : Oui, absolument. Même si son expérience mystique des ténèbres n’est pas de la même nature que notre expérience des ténèbres qui est souvent due à un manque de ferveur ou de vertu, à la médiocrité ou l’égoïsme, elle nous montre tout de même comment vivre notre propre expérience de ténèbres.

Elle l’a accepté dans un abandon total à la volonté de Dieu et en faisant confiance à son attention amoureuse même lorsqu’elle ne sentait pas sa proximité. En définitive, c’est son amour pour Dieu et pour son prochain qui l’a poussée à accepter les ténèbres intérieures comme un don.

Vivre dans les ténèbres signifiait d’une part partager les souffrances du Christ et d’autre part partager la pauvreté des pauvres. Elle répétait souvent que la plus grande pauvreté est de ne pas être aimé, voulu, de ne recevoir aucune attention, et c’était ce qu’elle vivait sur le plan spirituel.

Elle avait dit un jour que la situation physique des pauvres était l’image de son état intérieur. Elle vivait la pauvreté matérielle en solidarité avec les personnes pauvres matériellement et elle vivait la pauvreté spirituelle, à travers les ténèbres, comme nous l’avons découvert au cours du procès de béatification, en solidarité avec tous ceux qui vivaient la pauvreté spirituelle.

Elle a pu toucher cette pauvreté intérieure très profonde car elle en avait elle-même fait l’expérience. C’est la dimension mystique de son service aux pauvres.

Sa façon de partager la croix du Christ est un exemple pour nous tous. Elle nous montre comment porter nos croix avec amour et offrir nos souffrances pour le salut et la sanctification des autres. C’est pour cette raison que le thème choisi pour la cérémonie de béatification est : « Viens, sois ma lumière ». La lumière que sa vie nous transmet n’est pas seulement la lumière de la charité envers les pauvres mais aussi la lumière qui vient de la manière dont elle a porté sa propre croix, particulièrement ses souffrances intérieures.

Q : Selon vous, quel est le message central de Mère Teresa pour le monde ? Pour les chrétiens ?

Père Kolodiejchuk : Mère Teresa rappelle au monde que « Dieu est ». Elle est un témoin d’une solide foi en Dieu et du bonheur et de l’accomplissement personnel qui découlent d’une vie centrée sur Dieu. Cette foi en Dieu était la base de son amour pour chaque être humain, qu’elle considérait comme « un frère, une sœur ».

Elle insistait continuellement sur la valeur de chaque vie humaine dès le moment de sa conception jusqu’au moment de sa mort naturelle, et soulignait la dignité de toute personne humaine en tant qu’enfant de Dieu créé pour quelque chose de grand, pour aimer et être aimé.

Mère Teresa rappelle aux chrétiens qu’ils ne peuvent porter du fruit, aussi bien dans leur propre vie que dans le service aux autres, que s’ils sont unis au Christ. « La sainteté n’est pas un luxe pour quelques uns mais un simple devoir pour vous et moi », aimait répéter Mère Teresa. C’est le message qu’elle nous laisse à tous.

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ZENIT Staff

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