CITE DU VATICAN, Mardi 14 octobre 2003 (ZENIT.org) – Pour marquer le 25e anniversaire du pontificat de Jean-Paul II, le bimestriel français « Histoire du christianisme magazine » (HCM) publie cette semaine un numéro de référence. Plus de 80 pages en couleurs pour dresser un premier bilan d’un pontificat hors du commun. Le directeur de la publication, Jean-Yves Riou, en donne la primeur aux lecteurs de Zenit.
Z- HCM consacre un n° spécial aux 25 ans du pontificat de Jean-Paul II, pourquoi ce choix… un peu « limite » pour une revue d’histoire, non ?
JYR – Mais parce que Jean-Paul II est déjà entré dans l’Histoire. On peut dire sans crainte de se tromper qu’il a profondément marqué l’histoire de l’Eglise et l’histoire du monde. Bref, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’un magazine d’histoire cherche à dresser un premier bilan d’un pontificat, à tout point de vue extraordinaire. Nous avons voulu bâtir un numéro de référence, utile à tous ceux qui cherchent, et chercheront, à comprendre ce pontificat dans sa dynamique propre. En ce sens, nous avons voulu libérer le pape…
Z- Vous voulez libérer le pape…
JYR – Oui, nous avons voulu contribuer à lui restituer son véritable visage. Pas les visages, généralement caricaturaux et contradictoires, des prismes médiatiques ou idéologiques, de droite comme de gauche. Le problème n’est pas, d’abord, de savoir si l’on est d’accord, ou pas, avec Jean-Paul II. Le problème est : qui est-il vraiment et que dit-il vraiment ?
Z – Et comment fait-on pour libérer le pape de ses caricatures ?
JYR – On fait deux choses. D’abord, on applique la méthode historique. Cela signifie qu’avant de porter des jugements, il faut remonter aux sources pour chercher à saisir une réalité par définition toujours complexe. D’une part, il faut chercher à comprendre en quoi Karol Wojtyla avait « programmé » Jean-Paul II. D’autre part, il faut chercher la cohérence de ce pontificat en s’appuyant sur les écrits du pape, notamment sa première encyclique, programmatique, « Redemptor hominis ».
Ensuite, on travaille avec les meilleurs spécialistes. C’est ce que nous faisons depuis deux ans.
Nous avons bien sûr fait appel à des historiens, mais, pas seulement : des témoins et des théologiens peuvent aussi nous apporter leur part de vérité sur le pape. Je pense à George Weigel, le biographe américain du pape, Stefan Wilkanowicz, ancien rédacteur en chef de « Znak » à Cracovie, Stefan Swiezawski , ancien professeur à Lublin, Roland Minnerath, Joseph Vandrisse, Alain Pierret, ancien ambassadeur de France près le Saint-Siège… et puis, bien sûr, des historiens : Yves-Marie Hilaire, auteur d’ « Histoire de la papauté » (Tallandier), Yves Bruley, auteur de « La papauté de Simon-Pierre à Jean-Paul II », CLD, octobre 2003, Guy Bedouelle…
Z – Bref, quelle image de Jean-Paul II nous proposez-vous ?
JYR – Un Jean-Paul II parfaitement cohérent. Ni « de droite » ni « de gauche », ni « conservateur » ni « progressiste », Jean-Paul II nous est apparu comme un héritier et un résistant. Fils de la Pologne et de l’Eglise catholique – version Vatican II – il a trouvé dans cet héritage les raisons – et la force – de résister à tout ce qu’il appelle « la culture de mort ». En clair, tout ce qui, selon lui, menace l’avenir de l’homme. En ce sens, on peut se demander, aussi, si Jean-Paul II n’a pas été un prophète.
Z – Vous avez dit que ce pontificat était extraordinaire, en quoi ?
JYR – Mais en tout… Il a radicalement transformé le visage de la papauté. Il a contribué à la chute du communisme. Il a eu l’intuition de l’importance du dialogue interreligieux à l’aube d’un siècle qui voit le retour du religieux sous des formes pas toujours recommandables… Mais pour répondre à votre question, j’aurais tendance à conseiller la lecture d’HCM …
« Histoire du christianisme magazine », n° 18, « Jean-Paul II, 25 ans pour l’Histoire ». Disponible à partir de ce mardi 14 octobre, chez les marchands de journaux, en librairie ou à défaut, Editions CLD, BP 203, 37 172 Chambray-lès-Tours – France (13,50 euros port compris).