Benedictus : Commentaire de Jean-Paul II à l’audience du 1er octobre

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Catéchèse en italien

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CITE DU VATICAN, Mardi 8 octobre 2003 (ZENIT.org) – Voici la traduction de L’Osservatore Romano en langue française du 7 octobre du commentaire du « Benedictus » offert par Jean-Paul II en italien lors de l’audience du 1er octobre : le pape concluait ainsi ses commentaires des psaumes et des cantiques de la liturgie des laudes.

Commentaire de Jean-Paul II

1. Parvenus au terme du long itinéraire à travers les Psaumes et les Cantiques de la Liturgie des Laudes, nous désirons nous arrêter sur la prière qui, chaque matin, rythme le moment de prière de la louange. Il s’agit du Benedictus, le Cantique entonné par le père de Jean-Baptiste, Zacharie, alors que la naissance de ce fils avait changé sa vie, effaçant le doute qui l’avait rendu muet, une punition significative pour son manque de foi et de louange.
A présent, en revanche, Zacharie peut célébrer Dieu qui sauve et il le fait à travers cet hymne, rapporté par l’évangéliste Luc sous une forme qui en reflète certainement l’usage liturgique au sein de la communauté chrétienne des origines (cf. Lc 1, 68-79).

L’évangéliste lui-même le définit comme un chant prophétique, né à travers le souffle de l’Esprit Saint (cf. 1, 67). Nous sommes, en effet, face à une bénédiction qui proclame les actions salvifiques et la libération offerte par le Seigneur à son peuple. Il s’agit donc d’une lecture « prophétique » de l’histoire, c’est-à-dire la découverte du sens intime et profond de toute l’existence humaine, guidée par la main cachée mais active du Seigneur, qui se mêle à celle plus faible et incertaine de l’homme.

2. Le texte est solennel et, dans l’original grec, se compose seulement de deux phrases (cf. vv. 68-75; 76-79). Après l’introduction, marquée par la bénédiction de louange, nous pouvons identifier dans le corps du Cantique environ trois strophes, qui évoquent autant de thèmes, destinés à rythmer toute l’histoire du salut: l’alliance avec David (cf. vv. 68-71), l’alliance avec Abraham (cf. vv. 72-75), le Baptiste, qui nous introduit dans la nouvelle alliance en Christ (cf. vv. 76-79). La tension de toute la prière est, en effet, dirigée vers cet objectif que David et Abraham indiquent à travers leur présence.

Le sommet se trouve précisément dans une phrase qui est presque à la conclusion: « D’en haut viendra nous visiter un soleil naissant » (cf. v. 78). L’expression, à première vue paradoxale parce qu’elle unit « d’en haut » et « naissant », est en réalité significative.
3. En effet, dans l’original grec « le soleil qui surgit » est anatolè, un terme qui signifie à lui seul la lumière solaire qui brille sur notre planète et le germe qui naît. Dans la tradition biblique, ces deux images ont une valeur messianique.

D’un côté, Isaïe nous rappelle, en parlant de l’Emmanuel, que « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur les habitants du sombre pays, une lumière a resplendi » (9, 1). De l’autre, en se référant encore au roi-Emmanuel, il le représente comme le « rejeton qui surgira de la souche de Jessé », c’est-à-dire de la dynastie de David, un surgeon sur qui reposera l’Esprit de Yahvé (cf. Is 11, 1-2).

Avec le Christ, apparaît donc la lumière qui illumine chaque créature (cf. Jn 1, 9) et la vie fleurit, comme le dira l’évangéliste Jean, en unissant précisément ces deux réalités: « Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (1, 4).

4. L’humanité, qui est enveloppée « dans les ténèbres et l’ombre de la mort », est éclairée par cette révélation fulgurante (cf. Lc 1, 79). Comme l’avait annoncé le prophète Malachie « pour vous qui craignez mon Nom, le soleil de justice brillera » (3, 20). Ce soleil « guidera nos pas dans le chemin de la paix » (Lc 1, 79).

Nous avançons en ayant alors cette lumière comme point de référence; et nos pas incertains, qui souvent au cours de la journée dévient sur des routes obscures et glissantes, sont soutenus par la clarté de la vérité que le Christ diffuse dans le monde et dans l’histoire.

Nous voudrions donc, à ce point, laisser la parole à un maître de l’Eglise, à un de ses Docteurs, le britannique Bède le Vénérable (VII-VIII siècle), qui, dans son Homélie pour la naissance de saint Jean-Baptiste, commentait ainsi le Cantique de Zacharie: « Le Seigneur… nous a visités comme un médecin ses malades, car pour guérir la maladie invétérée de notre orgueil, il nous a offert le nouvel exemple de son humilité; il a racheté son peuple, car il nous a libérés au prix de son sang, nous qui étions devenus les serviteurs du péché et les esclaves de l’antique ennemi… Le Christ nous a trouvés alors que nous gisions « dans les ténèbres et l’ombre de la mort », c’est-à-dire opprimés par le long aveuglement du péché et de l’ignorance… Il nous a apporté la véritable lumière de sa connaissance et, ayant fait disparaître les ténèbres de l’erreur, il nous a montré le chemin sûr pour la patrie céleste. Il a dirigé les pas de nos oeuvres pour nous faire marcher sur la voie de la vérité, qu’il nous a montrée, et pour nous faire entrer dans la maison de la paix éternelle, qu’il nous a promise ».

5. Enfin, en puisant à d’autres textes bibliques, le Vénérable Bède concluait ainsi, en rendant grâce pour les dons reçus: « Etant donné que nous sommes en possession de ces dons de la bonté éternelle, très chers frères, …bénissons nous aussi le Seigneur à chaque instant (cf. Ps 33, 2), car il « a visité et racheté son peuple ». Ayons toujours sa louange sur notre bouche, con-servons son souvenir et, à notre tour, proclamons la vertu de celui qui « nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2, 9). Demandons sans cesse son aide, afin qu’il conserve en nous la lumière de la connaissance qu’il nous a apportée, et qu’il nous conduise jusqu’au jour de la perfection » (Homélie sur l’Evangile, Rome 1990, pp. 464-465).

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’Audience générale du mercredi 1 octobre 2003, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s’est adressé en français:
De France: Association « Aquitaine » de l’Institut des Hautes études de Défense nationale; Ecole normale catholique Blomet, de Paris; groupe de pèlerins de Trebons; groupe du Rosaire de Guadeloupe.
De Suisse: Ecole supérieure de Commerce, de Saint-Imier.

© L’Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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