Le port de Dubrovnik, sur l'Adriatique, au sud du pays, une ville de quelque 50.000 habitants, au riche passé historique et classée patrimoine mondial de l'Unesco, était pris d'assaut par des dizaines de milliers de pèlerins venus de Croatie mais aussi de Bosnie ou du Monténégro. La veille, les jeunes s'étaient préparés à la rencontre avec Jean-Paul II par une longue veillée de prière.

Le pape est arrivé de Rijeka en avion, après un parcours de 416 km, pour présider la messe de béatification de Marija de Jésus-Crucifié Petkovic. Le pape a gagné le port en papamobile. Sur l'esplanade, il était attendu par une foule chaleureuse et par les autorités croates, dont le président Mesic.

Issue d'une famille aisée et fervente catholique, Marija Petkovic est née en 1892 dans l'île de Korcula. Elle répondit à l'appel intérieur à la vie consacré en embrassant la vie religieuse à l'âge de 14 ans.

C'est en 1920, qu'elle fonda la congrégation des "Filles de la Miséricorde", au service des plus pauvres. Elle fondera des orphelinats et centres d'accueil pour enfants à travers toute l'ex-Yougoslavie et, une quinzaine d'années plus tard, en Amérique latine.

Sr Marija Petkovic supervisa elle-même les nouvelles fondations et alla servir les pauvres des hôpitaux en Argentine et au Paraguay entre 1940 et 1952, avant de rentrer à Rome, où elle s'est éteinte en 1966.

Dans son homélie, le pape soulignait que Sr Marija, a été "conquise par l'amour de Dieu, ce qui l'a décidée à se donner à lui pour toujours en se consacrant totalement au bien spirituel et matériel des plus pauvres".

"Pour eux, continuait le pape, elle a fondé la Congrégation des Filles de la Miséricorde, du tiers-ordre régulier franciscain, avec pour tâche précise de "diffuser et propager la connaissance de l'amour divin par la pratique de la miséricorde spirituelle et matérielle". "

La bienheureuse a aussi "offert ses souffrances", soutenant ses consoeurs "par la parole et par l'exemple". Elle dirigea en effet l'institut elle-même pendant quarante ans "avec une sagesse toute maternelle, en l'ouvrant à la Mission en Amérique latine", rappelait Jean-Paul II

"La figure de la nouvelle bienheureuse, confiait Jean-Paul II me porte à penser à toutes les femmes de la Croatie, aux épouses et mères heureuses, mais aussi à celles qui sont à jamais marquées par la douleur d'avoir perdu un parent durant la cruelle guerre des années 90, ou par les cuisantes désillusions subies".

En même temps, Jean-Paul II mettait en garde contre les leurres de "la frénésie de la vie moderne qui peut conduire à l'oubli voire à la perte de notre humanité". "Peut-être plus qu'à d'autres périodes de l'histoire, disait-il, avons-nous besoin "du génie de la femme, capable de rendre l'homme plus sensible, quelles que soient les circonstances"."

Le pape exhortait les mères de familles: "Femmes de Croatie, conscientes de votre haute vocation d'épouses et de mères, continuez à regarder chacun avec l'oeil du coeur, à le rencontrer et lui être proche par la sensibilité de votre instinct féminin. Votre présence est indispensable dans la famille, dans la société, dans la communauté ecclésiale".

Jean-Paul II encourageait aussi les femmes consacrées à Dieu en disant: "Je pense aussi aux femmes consacrées comme Marija Petkovic, qui ont répondu à l'invitation à suivre sans réserve le Christ chaste, pauvre et obéissant. Ne cessez pas de répondre fidèlement à l'unique amour de votre existence, car la vie consacrée n'est pas seulement un engagement généreux envers l'homme, mais avant tout une réponse au don venu d'En-Haut qui doit être accueilli avec une disponibilité complète. Que l'expérience quotidienne de l'amour gratuit de Dieu vous pousse à offrir votre vie sans réserve au service de l'Eglise et de vos frères, en lui confiant le présent et l'avenir".