Les nouveaux défis mondiaux du développement et du travail, par Mgr Martin

Bilan de deux ans de mission

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CITE DU VATICAN, Lundi 16 juin 2003 (ZENIT.org) – Dans cet entretien avec Radio Vatican, Mgr Diarmuid Martin souligne les nouveaux défis mondiaux du développement et du travail.

Mgr Martin a été reçu ce matin au Vatican par Jean-Paul II qui vient de le nommer archevêque coadjuteur de Dublin. Mais Mgr Martin a été pendant deux ans Observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU, à Genève, et il a eu des relations avec les différentes agences de l’ONU, dont l’Organisation mondiale du travail (WTO). Il fait ce bilan de sa mission.

RV – Avez-vous constaté des changements au cours de votre mandat?

Mgr M. – Il y a des changements, il y a certainement plus d’attention à la dimension sociale de la globalisation, au moins en parole. Par exemple, l’Organisation internationale du travail a institué une commission au plus haut niveau pour examiner les dimensions sociales de la globalisation. Lorsque je suis arrivé à Genève, l’Organisation mondiale du commerce insistait beaucoup sur le fait de ne pas être une organisation pour le développement, mais d’avoir pour seule tâche de trouver et de formuler les règles de la liberté du commerce. Se préoccuper du développement, c’aurait été, en somme, la tâche des autres. Au contraire, à la conférence de Doha, en novembre 2001, on a présenté le document final comme un « agenda du développement », et maintenant, on commence à comprendre qu’un système de commerce international libre ne fonctionnera que s’il y a des personnes capables de bien le faire fonctionner et de la manière juste. En d’autres termes, il est nécessaire d’investir sur les capacités des personnes dans les pays en voie de développement.

RV – Beaucoup se demandent comment il se fait que le Vatican fasse partie du WTO en tant qu’Observateur: quelle contribution avez-vous cherché à apporter au cours de ces deux ans?

Mgr M. – Au WTO, la première chose à chercher est d’élaborer un système multilatéral de règles pour le commerce, qui donne les mêmes possibilités aux pays pauvres et aux pays riches. Hélas, il existe une asymétrie au point de départ. Pour moi, il a été très important de souligner l’importance de l’assistance technique aux pays pauvres, pour les rendre capables de profiter de l’occasion que le commerce offre. Il faut aussi convaincre les pays riches qu’il ne suffit pas de prêcher le libre échange, mais il faut aussi ouvrir les marchés aux produits dont pays pauvres tirent profit. Donc, il ne faut pas chercher à bloquer cela par des subsides ou le protectionnisme.

RV – A Doha, il y a un an et demi, il semblait qu’on avait trouvé un accord historique, et que finalement les médicaments pour les maladies graves et pour les épidémies seraient garantis à tous gratuitement. Désormais, 19 mois ont passés et nous sommes encore à la case départ…

Mgr M.– Tous ont crié victoire, disant que cet accord aurait créé une nouvelle situation, et maintenant, un an et demi après, nous sommes bloqués et nous n’avons pas accompli le progrès espéré. Cela crée des problèmes aussi en ce qui concerne la crédibilité des organismes. L’autre jour, en prenant congé du directeur de l’organisation mondiale du commerce, j’ai rappelé que – si des engagements ont été pris par les ministres de différents gouvernements – les promesses, en revanche, avaient été faites aux pauvres, et la communauté internationale ne peut décevoir les pauvres en faisant des promesses qui ne sont pas maintenues ensuite. C’est exactement le contraire du « développement ».

RV – En étant à Genève, vous avez aussi vu le « côté sale » de la politique: au-delà des bonnes intentions on s’affronte – également l’Europe et les Etats-Unis s’affrontent sur ce point presque chaque semaine – sur les barrières à mettre ou à ne pas mettre, sur les subsides à accorder ou pas… Cela décourage un peu le travail?

Mgr M. – Certainement, c’est parfois décourageant, de voir cette lenteur des tractations. Mais il faut considérer que les négociations ont un rythme et un temps qui leur est propre. Et il y a parfois des « incidents de parcours ». L’important est de se rendre compte qu’en général, on va dans la bonne direction, et de veiller à ce qu’on ne revienne plus en arrière. Mon expérience m’a enseigné à ne pas perdre patience, à savoir dire aux personnes une parole un peu forte lorsqu’il le faut, pour éviter que des intérêts économiques locaux ne l’emportent sur la nécessité première: la création d’un système non seulement de libre échange, mais de rapports honnêtes, justes et pacifiques entre les populations.

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ZENIT Staff

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