Notre époque a besoin du "génie" de la femme

Béatification de Marija Petkovic

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CITE DU VATICAN, Jeudi 12 juin 2003 (ZENIT.org) – A l’occasion de la béatification de Marija Petkovic à Dubrovnik, Jean-Paul II a déclaré que « notre époque a plus que jamais besoin du « génie » de la femme », comme le rappelle l’Osservatore Romano en langue française du 10 juin, dans cette traduction de l’homélie de Jean-Paul II.

Dans la matinée du vendredi 6 juin 2003, le Pape Jean-Paul II a présidé la concélébration eucharistique de béatification sur la grande place du port de plaisance de Dubrovnik. Après les rites d’introduction, il a élevé aux honneurs des autels Soeur Marija Propetoga Isusa Petkovic. Après la proclamation de l’Evangile, le Saint-Père a prononcé l’homélie que nous publions ci-dessous:

1. « Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? » (Mc 10, 17), demanda le jeune homme qui se présenta ce jour-là devant Jésus, en s’agenouillant.
Très chers frères et soeurs, nous aussi, en cette assemblée liturgique qui nous voit réunis en tant que disciples du « Bon maître », nous lui adressons aujourd’hui la même question pour savoir quelle est la route qui nous conduit à la vie qui ne connaît pas la mort.
La réponse est simple et immédiate: « Observe les commandements! ». Et elle vient de celui qui est la véritable source de la vérité et de la vie. Rassemblée pour cette joyeuse célébration, la population de Dubrovnik, au côté des pèlerins venus du reste de la Croatie, de la Bosnie et Herzégovine, du Monténegro et des autres pays, accueille avec impatience l’invitation du « Bon maître », et implore son aide et sa grâce pour pouvoir y répondre avec générosité et application.

2. Je vous salue avec affection, très chers frères et soeurs, en même temps que vos évêques, les prêtres, les religieux et les religieuses qui vous accompagnent sur votre chemin de témoignage chrétien. Ma pensée cordiale s’adresse en particulier à l’Evêque de ce diocèse, Mgr Zelimir Puljic, que je remercie des paroles aimables qu’il m’a adressées, aux Cardinaux Joachim Meisner et Vinko Puljic et de façon particulière au Soeurs Filles de la Miséricorde, fondées par la nouvelle bienheureuse. Je salue également avec respect les Autorités civiles et militaires et je les remercie, ainsi que tous ceux qui ont oeuvré pour rendre ma visite possible.
Me rappelant mon prédécesseur Pie IV, qui fut Archevêque ici, je suis venu avec joie dans cette antique et glorieuse ville de Dubrovnik, fière de son histoire et de ses traditions de liberté, de justice et de promotion du bien commun, témoignées par les paroles de style lapidaire gravées dans la pierre de la forteresse Saint-Laurent: Non bene pro toto libertas venditur auro (« La liberté ne se vend pas pour tout l’or du monde ») et sur la porte de la salle du Conseil du Palais du Gouverneur: Obliti privatorum, publica curate (« Oubliant les intérêts privés, souciez-vous de l’intérêt public »).
Je souhaite que le patrimoine de valeurs humaines et chrétiennes, accumulé au cours des siècles, continue à constituer, avec l’aide de Dieu et de votre protecteur saint Blaise, le trésor le plus précieux du peuple de ce pays.

3. « Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? » (Mc 10, 17). Telle est la question que Soeur Marija de Jésus Crucifié posa également au Seigneur dès le moment où, dans sa jeunesse, à Blato, dans l’Ile de Korcula, elle travailla en paroisse et se prodigua au service de son prochain, dans les Associations du Bon Pasteur et des Mères catholiques, ainsi que dans les Soupes populaires.
La réponse retentit de façon distincte dans son coeur: « Viens et suis-moi! » Conquise par l’amour de Dieu, elle choisit ainsi de se consacrer pour toujours à Lui, réalisant l’aspiration de se donner totalement au bien spirituel et matériel des plus pauvres. Elle fonda ensuite la Congrégation des Filles de la Miséricorde du Tiers Ordre régulier de Saint-François, ayant pour tâche précise de « diffuser et communiquer, à travers les oeuvres de miséricorde spirituelles et corporelles, la connaissance de l’amour divin ». Les difficultés ne manquèrent pas, mais soeur Marija alla de l’avant avec un courage indomptable offrant ses souffrances comme autant d’actes de foi et soutenant ses consoeurs par la parole et par l’exemple. Pendant quarante ans, elle gouverna avec une sagesse maternelle son Institut, l’ouvrant à l’engagement missionnaire dans divers pays de l’Amérique latine.

4. La figure de la bienheureuse Marija Propetoga Isusa me conduit à pen-ser à toutes les femmes de Croatie, à celles qui sont des épouses et des mères comblées, tout comme à celles qui ont été marquées pour toujours par la douleur de la perte d’un parent, au cours de la guerre cruelle des années 90, ou par les autres malheurs qu’elles ont subis.
Je pense à toi, femme, car avec ta sensibilité, ta générosité et ta force « tu enrichis la compréhension du monde et contribues à la pleine vérité des rapports humains » (Lettre aux femmes, n. 2). C’est à toi que Dieu a confié les hommes de façon spécifique; ainsi, tu es appelée à devenir un soutien important dans l’existence de chaque personne, en particulier dans le domaine de la famille.
Le déroulement frénétique de la vie moderne peut conduire à l’obscurcissement, voire à la perte de ce qui est humain. Peut-être plus qu’à d’autres moments de l’histoire, notre époque a besoin « du « génie » de la femme pour affermir l’attention à l’homme en toute circonstance » (Mulieris dignitatem, n. 30).
Femmes croates, conscientes de votre très haute vocation d' »épouses » et de « mères », continuez à considérer chaque personne avec les yeux du coeur, à aller à la rencontre de tous et à rester à leurs côtés avec la sensibilité propre à l’instinct maternel. Votre présence est indispensable dans la famille, dans la société, dans la communauté ecclésiale.

5. Je pense en particulier à vous, femmes consacrées comme Marija Petkovic, qui avez accueilli l’invitation à suivre d’un coeur indivis le Christ, chaste, pauvre et obéissant.
Ne vous lassez pas de répondre fidèlement à l’unique Amour de votre existence. La vie consacrée, en effet, n’est pas seulement l’engagement généreux d’un être humain; elle est tout d’abord une réponse à un don qui vient d’En-haut et elle demande à être accueillie avec une totale disponibilité. Que l’expérience quotidienne de l’amour gratuit de Dieu à votre égard, vous pousse à donner sans réserve votre vie au service de l’Eglise et de vos frères, en remettant toute chose, présent et avenir, entre ses mains.

6. « Alors Jésus fixa sur lui son regard et l’aima » (Mc 10, 21). Dieu adresse un regard plein de tendresse à qui désire accomplir sa volonté et marcher dans ses traces (cf. Ps 1, 1-3). Chacun, en effet, selon la vocation qui lui est propre, est appelé à réaliser en lui et autour de lui le projet de Dieu. Dans ce but, l’Esprit du Seigneur revêt l’homme fidèle à Dieu « de sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience » (Col 3, 12). Ce n’est qu’ainsi, en effet, que l’on peut édifier la cité terrestre à l’image de la cité céleste.
Que dans le pardon réciproque, dans la charité et dans la paix s’accroisse et se fortifie votre communauté chrétienne: telle est aujourd’hui la prière que le Pape élève au Seigneur pour chacun de vous.
« Et quoi que vous puissiez dire ou faire, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant par lui grâces au Dieu père » (Col 3, 17).
A Lui, gloire pour les siècles des siècles!

Au terme de la célébration, le Pape a adressé aux fidèles présents les paroles suivantes:

J’ai toujours souhaité visiter Dubrovnik. Cela s’est réalisé aujourd’hui. Je rends grâce à Dieu! Et je vous remercie pour ce merveilleux accueil, pour cette liturgie, pour cette beauté naturelle. Je vous bénis
tous, je bénis vos familles. Je bénis les jeunes en leur disant: « Courage! ». Je bénis les enfants et les personnes malades. Que Dieu bénisse le pays natal de la nouvelle bienheureuse, la ville de Dubrovnik et toute la Croatie!

(©L’Osservatore Romano – 10 juin 2003)

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ZENIT Staff

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