Card. Poupard : Au Soudan "les chrétiens sont toujours persécutés"

Conférence de carême à Notre-Dame de Paris

Share this Entry

CITE DU VATICAN, Dimanche 30 mars 2003 (ZENIT.org) – Au Soudan, « les chrétiens sont toujours persécutés », disait le cardinal Paul Poupard, ministre de la Culture de Jean-Paul II, lors de sa quatrième conférence de carême à Notre-Dame de Paris, ce dimanche 30 mars. Il présentait l’itinéraire de cette sainte, « de l’esclavage à la liberté » et insistait sur ce droit humain fondamental qu’est le droit à la liberté religieuse.

Au moment où Jean-Paul II s’apprête à canoniser un missionnaire italien « Apôtre du Soudan », Mgr Daniel Comboni, le cardinal Poupard rappelle le témoignage de Mgr Wako sur la situation des chrétiens, et en particulier des catholiques du Soudan (www.cef.fr).

Le cardinal Poupard dénonçait: « Le pays natal de Bakhita l’Africaine est connu aujourd’hui sous le nom de République indépendante du Soudan, et les chrétiens y sont toujours persécutés, bien qu’ils soient pourtant nombreux à Khartoum : sur une population de vingt millions d’habitants, quasi un million de catholiques, dont l’archevêque Mgr Gabriel Zubeir Wako est venu rappeler les souffrances à l’assemblée plénière des évêques français à Lourdes.

« Le Soudan, cette immense région qui englobe presque tout le bassin du Nil, fut convoité déjà par les Romains, devenus souverains de l’Égypte voisine. Mais les envoyés de Néron déclarèrent le pays « trop pauvre pour être digne d’une conquête ». Les Arabes ne furent pas du même avis et, au VIIe siècle, après s’être emparés de l’Égypte, poussèrent jusqu’à la Nubie, commencèrent des razzias et un commerce régulier d’esclaves.

« Au XIXe siècle, Mohammed Aly Khédive, vice-roi d’Égypte, et son fils Ibrahim, éliminèrent les vieilles principautés. Et alors que la Grande-Bretagne s’apprêtait à intervenir depuis l’Égypte, un soi-disant envoyé de Dieu ou Madhi, Mohamed Ahmed, de victoire en victoire, pilla et détruisit les missions catholiques, imposant à tous la loi islamique et mettant les missionnaires et les sœurs faits prisonniers devant l’alternative : l’islam ou la mort.

« Tous se déclarèrent prêts à mourir plutôt que de renier la foi catholique. Et ils moururent, de fait, de misère et de maladie au cours de leur captivité ».

Le cardinal Poupard insistait sur la défense des droits de l’homme, et en particulier le droit fondamental à la liberté religieuse: « Depuis le début de son pontificat, le pape Jean-Paul II ne cesse d’appeler tous les membres de la communauté internationale à respecter tous les droits de l’homme. Et, dès sa première encyclique « Redemptor hominis », il s’exprime à cet égard avec la force de conviction qui lui vient de son expérience polonaise tragique vécue sous un régime totalitaire : « Parmi ces droits, écrit-il, on compte à juste titre le droit à la « liberté religieuse » à côté du droit à la liberté de conscience. »

« Le Concile Vatican II a estimé particulièrement nécessaire l’élaboration d’une déclaration plus étendue sur ce thème. C’est le document qui s’intitule « Dignitatis humanae » : on y trouve exprimées, non seulement la conception théologique du problème, mais encore la conception qui part du « droit naturel », c’est-à-dire, d’un point de vue purement humain, sur la base des prémices dictées par « l’expérience » même de l’homme, par sa « raison » et par le sens de sa dignité.

« Certes, la limitation de la liberté religieuse des personnes et des communautés n’est pas seulement une douloureuse expérience pour elles, mais elle atteint avant tout la dignité même de l’homme, indépendamment de la religion que ces personnes ou ces communautés professent ou de la conception du monde qu’elles ont. La limitation de la liberté religieuse et sa violation sont en contradiction avec la dignité de l’homme et avec ses droits objectifs ».

« La petite Bakhita a dû quitter son pays natal pour trouver la liberté de croire, et la liberté tout court. Pensons à tous nos frères – ils sont encore légion à travers le monde, de l’Afrique à l’Asie – qui sont privés de cette liberté, et dont beaucoup encore demeurent en attente de Dieu, vers lequel ils vont « comme à tâtons », selon le mot de l’apôtre Paul, en suivant leur conscience droite avec générosité et amour.

« Vraiment, la vie étonnante de Bakhita jette une lumière merveilleuse sur les êtres innombrables qui ne connaissent pas le bon Dieu, comme elle le dit, mais Lui sont fidèles en suivant leur conscience droite, et qui trouvent en Lui la joie dans sa plénitude quand ils L’ont rencontré.

« Bakhita n’avait pas besoin d’aller à la recherche de Dieu, Il était déjà dans son cœur : « Tu ne me rechercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé. » Devenue religieuse, à qui lui demande comment elle connut Dieu, elle répond : « À vrai dire, je ne le sais pas, c’est Lui qui a tout fait. »

« Mystères joyeux de sa première enfance africaine, mystères douloureux de son esclavage, mystères lumineux de sa vie de baptisée et de religieuse, mystères glorieux de sa sainteté. Appelée à la liberté par le Christ, avant même de Le connaître, elle consume sa vie à Le faire aimer : « Soyez bons, aimez le Seigneur, priez pour ces pauvres malheureux qui ne le connaissent pas. Si vous saviez quelle grâce c’est que de connaître le bon Dieu, une grâce infinie. « Oui, le Seigneur est bon, éternel est son amour. »

« Et c’est sa prière pour sa famille, pour les siens, pour l’Afrique, sa patrie :
« Ô Seigneur, si je pouvais voler là-bas, auprès de mes gens, et prêcher à tous, à grands cris, ta bonté. Oh, combien d’âmes seraient attirées vers toi ! D’abord ma mère et mon frère, ma sœur encore esclave, tous, tous les pauvres gens de l’Afrique. Ô Jésus, fais qu’eux aussi te connaissent et t’aiment ! ». »

Rappelons que les « Presses de la Renaissance » (http://www.presses-renaissance.fr/) publient les conférences de carême du cardinal Paul Poupard à Notre-Dame de Paris sous le titre:  » La sainteté au défi de l’histoire » (252 pages – 16 euros).

Le cardinal Poupard a déjà tenu quatre de ces conférences: « La sainteté au défi de l’histoire: Robert Schuman, une âme pour l’Europe(9 mars), Mère Teresa , le Christ pour les pauvres (16 mars), Maurice Blondel, l’intelligence de la foi (23 mars); sainte Bakhita, « de l’esclavage à la liberté » (30 mars).

Dimanche prochain, le cardinal présentera le bienheureux Pier Giorgio Frassati, mort à vingt-quatre ans de la poliomyélite, alors qu’il était élève ingénieur, skieur et alpiniste, ami des pauvres de Turin, et ami de la paix en Europe – « l’homme des huit béatitudes », disait Jean-Paul II.

Le bienheureux pape Jean XXIII, ancien nonce apostolique à Paris au temps d’Edouard Herriot, conclura cette brillante série de témoins.

Les conférences sont retransmises à la radio, en direct par France Culture à 16 h 30, en différé, à 20 h sur Radio Notre-Dame (100.7, suivies d’un débat), à la télévision sur Kto (en léger différé à 19 h 10). Kto propose aussi une série de rencontres autour des thèmes des conférences (cf. www.ktotv.com).

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel