CITE DU VATICAN, Jeudi 13 mars 2003 (ZENIT.org) – A Bethléem, Dieu est pauvre, et c’est un signe du don total de soi qu’il fait aux hommes, disait en substance Mgr Angelo Comastri lors de sa prédication au Vatican (cf. la synthèse de Radio Vatican).
Le visage paternel de Dieu: l’archevêque prélat de Lorette a continué d’explorer à ce sujet les paraboles évangéliques mercredi après-midi. Et le don que le Père fait de son Fils à Noël a constitué le fil directeur des méditations de jeudi matin.
« Si les paroles de Jésus sont comme un portrait du visage de Dieu (et c’est un portrait extraordinaire parce que fait par Jésus lui-même), le vrai portait de Dieu cependant, la vraie toile, ce ne sont pas seulement les paroles, c’est la vie de Jésus. C’est Jésus lui-même, avec tous ses gestes: Jésus est la révélation de Dieu. Jésus est la théophanie. Le buisson ardent qui brûle à l’intérieur de l’histoire humaine, c’est Jésus. Alors, regardons Jésus. Regardons ses gestes, son comportement, parce que chaque geste de Jésus manifeste Dieu, raconte le mystère de Dieu. Partons de Bethléem, c’est le premier pas de Dieu dans l’histoire. Le premier pas du Verbe Incarné, et il est clair qu’il a un potentiel de lumière immense. Qu’est ce qui s’est passé à Bethléem?
« A Bethléem, Dieu est entré dans notre histoire avec les pas du pauvre, du doux, du miséricordieux. Pourquoi? Pourquoi Dieu a-t-il choisi la pauvreté? Pourquoi Jésus s’est-il présenté dans l’habit du pauvre? Marie, la Mère, l’Immaculée, va de Nazareth à Bethléem et une fois arrivée, comme le dit l’Evangéliste, il n’y avait pas de place pour eux. Comment cela? Il n’y a pas de place pour le Fils de Dieu qui naît dans ce monde? Et lui, le Créateur du monde, il n’y a pas de place pour lui? L’Evangéliste le souligne. « Il n’y avait pas de place pour eux ». Pas de place. Pourquoi? Après avoir noté cela, l’Evangéliste a le souci de nous faire comprendre. Il raconte qu’un ange est apparu aux bergers en leur disant: « Regardez, n’ayez pas peur, je vous annonce une grande joie: dans la ville de David, vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur ». Alors « un Sauveur » veut dire « le vrai Sauveur ». Beaucoup se présentaient comme des sauveurs. Mais celui-ci, c’est le « vrai »! »
« Et l’ange donne un signe de reconnaissance: le mot grec utilisé par l’Evangéliste est « semeion », un mot très dense, qui annonce un signe à déchiffrer, comme un panneau indicateur à comprendre. Donc: « Soyez attentifs! » Et voilà le signe: « Vous trouverez un enfant, enveloppé de langes, dans une mangeoire ». Une mangeoire, dans une grotte, là où se trouve le foin. Mais est-ce possible? C’est une énigme pour nous aussi!
« Pourquoi la pauvreté fait-elle partie de la théophanie? Pourquoi à Bethléem? La première lettre de saint Jean peut éclairer cette révélation (ch. 4, vv. 8 et 16): « Dieu est Amour ». Si Dieu est Amour, cela veut dire que le mystère de Bethléem est à l’intérieur du mystère de l’amour. Comment est-ce possible? Cherchons donc à comprendre. Dieu est Amour, mais l’Amour est don. Il est dit dans la Parole de Dieu que l’Amour est don. Ce n’est que lorsqu’il y a don qu’il y a amour. Il est dit à plusieurs reprises: « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné »… Saint Paul, dans l’Epître aux Galates (Ch. 2, v. 20) « Le Christ m’a aimé et il a donné… » Donc, l’amour se conjugue toujours au don de soi. Comme cette vérité est importante! Parce que l’on perd le sens de l’amour en tant que don, on mystifie l’amour et on ne comprend plus le mystère de l’amour. Alors, Dieu est amour infini, mais l’amour est don, donc Dieu, est don infini de soi. Mais qui se donne ne possède pas, parce qu’il donne. Le mystère est tout un mystère de donation. A l’intérieur de Dieu, on ne conjugue que le verbe « donner ». Le Père se donne au Fils, et le Fils est don du Père, et il se restitue au Père dans l’embrassement de l’Esprit Saint qui est la Personne-don, comme le pape l’a écrit dans son encyclique sur l’Esprit Saint (« Dominum et vivificantem »).
« Tel est le mystère de Dieu: c’est quelque chose de vraiment très impressionnant, on en a le vertige. Dieu connaît seulement une action, l’action de donner.
« Et comme celui qui donne ne possède pas, qui ne possède pas est pauvre. Dieu qui est l’amour infini, le don infini, est aussi infiniment pauvre. Bethléem, alors, manifeste ce mystère de Dieu. Saint François d’Assise, qui a été le grand chantre de Bethléem, comme le montre cette page de la crèche de Greccio, racontée par Thomas da Celano.
« A Noël 1223, saint François veut vivre le mystère de Bethléem de façon à s’approprier cette belle et consolante nouvelle que Dieu est amour. Et alors que François cherche à revivre avec les pauvres la pauvreté de Bethléem un miracle se produit. « Il sembla à beaucoup de témoins que l’Enfant Jésus cette nuit-là, endormi sur la paille, ait été réveillé par l’amour de saint François ».
« Thomas ajoute: « Il en fut vraiment ainsi: la présence de Dieu qui était comme endormie dans le cœur de tant de personnes se réveilla cette nuit-là, et nombreux furent ceux qui rendirent comptent qu’à Bethléem commence la grande révélation du Dieu amour ».