CITE DU VATICAN, Jeudi 13 mars 2003 (ZENIT.org) – « Il existe un lien étroit entre le jeûne et la prière. Prier c’est se mettre à l’écoute de Dieu et le jeûne favorise cette ouverture du cœur », expliquait Jean-Paul II lors de l’audience générale du 5 mars, en développent la signification du Mercredi des Cendres.
Voici la traduction de cette allocution de Jean-Paul II, dans la traduction de L’Osservatore Romano en français du 11 mars (www.vatican.va).
1. Aujourd’hui, Mercredi des Cendres, la liturgie adresse à tous les fidèles une puissante invitation à la conversion à travers les paroles de l’Apôtre Paul: « Nous vous en supplions au nom du Christ: laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20). Le Carême est le temps le plus propice d’un point de vue spirituel pour répondre à cette exhortation, parce qu’il s’agit d’un temps de prière plus intense, de pénitence et d’attention plus grande aux besoins de nos frères.
A travers le rite de l’imposition des cendres d’aujourd’hui, l’on se reconnaît pécheurs, on invoque le pardon de Dieu, en manifestant un désir sincère de conversion. Nous commençons ainsi un chemin d’ascèse austère, qui nous conduira au Triduum pascal, cœur de l’Année liturgique.
2. Selon l’antique tradition de l’Eglise, tous les fidèles sont tenus aujourd’hui à l’abstinence de viande et au jeûne, à la seule exception de ceux qui en sont raisonnablement empêchés pour des raisons de santé ou d’âge. Le jeûne revêt une grande valeur dans la vie des chrétiens, il est une exigence de l’esprit pour mieux s’adresser à Dieu. En effet, les aspects extérieurs du jeûne, même s’ils sont importants, ne recouvrent pas tout le sens de cette pratique. A ceux-ci, il faut unir un désir sincère de purification intérieure, de disponibilité à obéir à la volonté divine et de solidarité attentive envers nos frères, en particulier les plus pauvres.
Il existe par ailleurs un lien étroit entre le jeûne et la prière. Prier c’est se mettre à l’écoute de Dieu et le jeûne favorise cette ouverture du cœur.
3. Tandis que nous entrons dans le temps du Carême, nous ne pouvons pas ne pas tenir compte de l’actuel contexte international, sur lequel planent de menaçantes tensions de guerre. Il faut de la part de chacun une prise de responsabilité consciente et un effort commun pour éviter à l’humanité un autre conflit dramatique. C’est pourquoi j’ai voulu que le Mercredi des Cendres d’aujourd’hui soit une Journée de prière et de jeûne pour implorer la paix dans le monde. Nous devons demander à Dieu avant tout la conversion de notre cœur dans lequel s’enracine toute forme de mal et toute inclination au péché; nous devons prier et jeûner pour la cœxistence pacifique entre les peuples et les nations.
Au début de notre rencontre, nous avons écouté les paroles encourageantes du prophète: « On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre » (Is 2, 4). Et encore: « Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes » (ibid.). Au-delà des transformations de l’histoire, il y a la présence souveraine de Dieu, qui juge les choix des hommes. Vers lui, « juge entre les nations » et « arbitre de peuples nombreux » (cf. ibid.), nous tournons notre cœur pour implorer un avenir de justice et de paix pour tous. Cette pensée doit encourager chacun de nous à persévérer dans une prière incessante et dans un engagement concret pour édifier un monde où l’égoïsme cède la place à la solidarité et à l’amour.
4. J’ai voulu re-proposer l’invitation pressante à la conversion, à la pénitence et à la solidarité également dans le Message pour le Carême, publié il y a quelques jours et qui a pour thème la belle phrase tirée des Actes des Apôtres: « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (cf. 20, 35).
A bien y voir, ce n’est qu’en se convertissant à cette logique que l’on peut édifier un ordre social marqué non pas par un équilibre précaire d’intérêts en conflit, mais par une recherche équitable et solidaire du bien commun. Les chrétiens, comme un ferment, sont appelés à vivre et à diffuser un style de gratuité dans chaque milieu de vie, promouvant ainsi l’authentique développement moral et civil de la société. J’ai écrit à ce propos: « Se priver non seulement du superflu, mais aussi de quelque chose de plus pour le donner à celui qui est dans le besoin, contribue au renoncement sans lequel il n’y a pas de pratique authentique de la vie chrétienne » (Message pour le Carême, cf. ORLF n. 6 du 11 février 2003).
5. Puisse cette Journée de prière et de jeûne pour la paix, par laquelle nous ouvrons le Carême, se traduire en gestes concrets de réconciliation. En famille comme au niveau international, que chacun se sente et devienne co-responsable de la construction de la paix. Et le Dieu de la paix, qui sonde les intentions des cœurs et appelle ses fils les artisans de paix (cf. Mt 5, 9), ne fera pas manquer sa récompense (cf. Mt 6, 4.6.18).
Nous confions nos vœux à l’intercession de la Vierge Marie, Reine du Rosaire et Mère de la Paix. Qu’Elle nous prenne par la main et nous accompagne au cours des quarante prochains jours, vers la Pâque pour contempler le Seigneur Ressuscité.
Je souhaite à tous un bon et un fécond Carême!
© L’Osservatore Romano