"Un pape poète"? Le cardinal Ratzinger relit le "Triptyque romain"

Comment s’allient poésie, philosophie et théologie

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CITE DU VATICAN, Vendredi 7 mars 2003 (ZENIT.org) – Le cardinal Joseph Ratzinger qui présentait hier la première oeuvre poétique du pape Jean-Paul II, le « Triptyque romain », a répondu à ce sujet aux questions de Radio Vatican aujourd’hui.

Un pontife poète: le pape a-t-il écrit ces pages pour lui-même ou pour livrer un message au monde?

Je dirais qu’un poète veut toujours délivrer un message, il ne parle jamais seulement pour lui-même. La poésie naît de sa vision, de son intuition, mais toujours avec la conviction qu’il s’agit d’une vision qui parle à l’homme, au monde, à l’histoire, même si c’est d’une façon différente de la façon habituelle, à travers les encycliques, etc. Ce n’est pas une annonce officielle, en tant que pape, mais de façon personnelle, d’une personne, qui a eu une vision et a voulu la communiquer au monde, pour que les lecteurs puissent percevoir le contenu de la vision.

Eminence, comment s’allient poésie, philosophie et théologie?

Ce n’est certainement pas facile. Cependant la philosophie, la théologie, et la poésie ne sont pas des réalités qui s’excluent, parce que toute poésie vraie est aussi en un certain sens une philosophie, exprimée par d’autres instruments. L’instrument de la philosophie est le concept, la structure conceptuelle. L’instrument de la poésie est la vision, un langage qui transmet une vision. Mais d’autre part, une philosophie qui ne procèderait pas d’une vision serait vide. Et une vision poétique qui ne chercherait pas à pénétrer dans la profondeur de l’être, d’entrer dans la réalité du monde, et de notre vie, serait du pur « esthétisme ». C’est ainsi que les instruments expressifs sont évidemment différents, mais le fond, c’est-à-dire l’entrée dans la profondeur de l’être, la compréhension de ce que sont l’homme, la réalité, est le but commun de la poésie, de la philosophie et de la théologie. La théologie aussi est une forme de philosophie. Les Pères de l’Eglise ont appelé la théologie « notre philosophie ». Ils ont considéré que la foi comme la sagesse était recherchée par toutes les philosophies. Par conséquent, entre philosophie et théologie il existe certainement cette distinction: l’une procède du raisonnement et l’autre de la révélation. Mais il s’agit cependant toujours du même objectif: comprendre le pourquoi de notre être, et trouver, percevoir, le message de la réalité et de notre propre existence. Plus grande est la poésie, plus elle pré-suppose une vision de sagesse, et donc de philosophie: on pense à Goethe, à Dante. Tous les grands poètes ont eu une vision du tout, de la totalité, ils l’ont exprimée non par des concepts, mais par un langage symbolique imaginaire, visionnaire, et toujours dans le même dessein. D’autre part, la grande philosophie passe toujours par la poésie: pensons à Platon, surtout, mais aussi à saint Augustin. Peut-être moins à l’époque moderne, mais cependant le langage de Heidegger – souvent étrange – voulait avoir quelque chose de poétique. Ainsi, elles se compénètrent. Le pape, philosophe et théologien, n’utilise pas ici l’instrument du concept, de l’étude conceptuelle, ou historique, mais l’instrument visionnaire, et il transmet de façon différente, dans un certain sens, plus riche, le message qui lui tient à coeur, et qui est l’essentiel de sa mission.

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ZENIT Staff

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