Daniel 3 : « Chaque créature loue le Seigneur”

Audience générale du 19 février

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CITE DU VATICAN, Mercredi 26 février 2003 (ZENIT.org) – “Chaque créature loue le Seigneur”: c’est le titre choisi par L’Osservatore Romano en français du 25 février (cf. www.vatican.va) le commentaire du cantique de Daniel (ch. 3) proposé par le pape Jean-Paul II lors de l’audience général du 19 février. Voici cette traduction intégrale de l’italien.

Lecture: Dn 3 52-57

1. « Alors tous trois, d’une seule voix, se mirent à chanter, glorifiant et bénissant Dieu dans la fournaise » (Dn 3, 51). Cette phrase introduit le célèbre Cantique dont nous venons d’entendre un passage fondamental. Il se trouve à l’intérieur du Livre de Daniel, dans la partie qui ne nous est parvenue qu’en langue grecque, et il est entonné par des témoins courageux de la foi, qui n’ont pas voulu se plier à l’adoration de la statue du roi et qui ont préféré affronter une mort tragique, le martyre dans la fournaise ardente.

Il s’agit de trois jeunes Hébreux, placés par l’auteur saint dans le contexte historique du règne de Nabuchodonosor, le terrible souverain babylonien qui anéantit la ville sainte de Jérusalem en 586 av. J.-C. et qui déporta les Israélites « au bord des fleuves de Babylone » (cf. Ps 136). Même face au danger le plus extrême, lorsque les flammes lèchent désormais leurs corps, ils trouvent la force de « chanter, glorifier et bénir Dieu », certains que le Seigneur de l’univers et de l’histoire ne les abandonnera pas à la mort et au néant.

2. L’auteur biblique, qui écrivait quelques siècles plus tard, évoque cet événement héroïque pour inciter ses contemporains à porter haut l’étendard de la foi au cours des persécutions des rois syro-hellénistiques du deuxième siècle av. J.-C. C’est précisément alors que l’on enregistre la réaction courageuse des Maccabées, qui combattent pour la liberté de la foi et de la tradition juive.

Le cantique, traditionnellement appelé « des trois enfants », est semblable à un flambeau qui dissipe les ténèbres du temps de l’oppression et de la persécution, une époque qui s’est souvent répétée au cours de l’histoire d’Israël et au cours même de l’histoire du christianisme. Et nous savons que le persécuteur n’assume pas toujours le visage violent et macabre de l’oppresseur, mais qu’il se complait souvent à isoler le juste, au moyen de la dérision et de l’ironie, en lui demandant avec sarcasme: « Où est-il, ton Dieu? » (Ps 41, 4.11).

3. Dans la bénédiction que les trois enfants élèvent au Seigneur Tout-Puissant du creuset de leur épreuve, apparaissent toutes les créatures. Ils tissent une sorte de tapisserie multicolore où les astres brillent, les saisons se succèdent, les animaux s’animent, les anges se montrent et où, surtout, chantent les « serviteurs du Seigneur », les « saints » et les « humbles de cœur » (cf. Dn 3, 85.87).

Le passage qui a été tout d’abord proclamé précède cette magnifique évocation de toutes les créatures. Il constitue la première partie du Cantique, qui évoque en revanche la présence glorieuse du Seigneur, transcendant et pourtant proche. Oui, car Dieu est dans les cieux, où « il sonde les abîmes » (cf. 3, 55), mais il est également « dans le temple de sa sainte gloire » de Sion (cf. 3, 53). Il est assis « sur le trône de son Royaume » éternel et infini (cf. 3, 54), mais est également celui qui « siège sur les chérubins » (cf. 3, 55), dans l’arche de l’alliance placée dans le Saint des Saints du temple de Jérusalem.

4. Un Dieu situé au-dessus de nous, capable de nous sauver par sa puissance; mais également un Dieu proche de son peuple, parmi lequel il a voulu habiter dans le « temple de sa sainte gloire », manifestant ainsi son amour. Un amour qu’Il révélera en plénitude en faisant « demeurer parmi nous », son Fils Jésus-Christ « plein de grâce et de vérité » (cf. Jn 1, 14). Il révélera pleinement son amour en envoyant son Fils parmi nous pour partager en tout, hormis le péché, notre condition marquée par les épreuves, l’oppression, la solitude et la mort.

La louange des trois jeunes gens au Dieu Sauveur se poursuit de diverses façons dans l’Eglise. Par exemple, saint Clément Romain, au terme de son Epître aux Corinthiens, insère une longue prière de louange et de confiance, entièrement remplie de réminiscences bibliques et qui est peut-être l’écho de l’antique liturgie romaine. Il s’agit d’une prière de gratitude au Seigneur qui, malgré le triomphe apparent du mal, guide l’histoire à bon port.

5. En voici un passage:
« Tu ouvris les yeux de notre cœur (cf. Ep 1, 18)
afin que nous ne connaissions que toi (cf. Jn 17, 3)
très haut au plus haut des cieux
le Saint qui repose parmi les saints
qui met fin à l’arrogance des superbes (cf. Is 13, 11)
qui empêche les pensées des peuples (cf. Ps 32, 10)
qui relève les humbles
et abaisse les superbes (cf. Jb 5, 11).
Toi qui enrichis et appauvris
qui fais mourir et qui fais vivre (cf. Dt 32, 39)
le seul bienfaiteur des esprits
et Dieu de toute chair
qui sonde les abîmes (cf. Dn 3, 55)
qui observe les oeuvres humaines
qui secours les opprimés
et qui sauve les désespérés (cf. Jdt 9, 11)
créateur et gardien de tout esprit
qui multiplies les peuples sur la terre
et qui entre tous a choisi ceux qui t’aiment
au moyen de Jésus-Christ
ton Fils bien-aimé
à travers lequel tu nous a éduqués,
tu nous a sanctifiés et tu nous as honorés »
(Clément Romain, Epître aux Corinthiens, 59, 3:
Les Pères apostoliques, Rome 1976, pp. 88-89).

© L’Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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