Le 97e voyage de Jean-Paul II ou la vivante Eglise des Indiens

Des modèles de sainteté, « sel et lumière de la terre »!

Share this Entry

CITE DU VATICAN, Mercredi 31 juillet 2002 (ZENIT.org) – Le 97e voyage de Jean-Paul II a été la mise en évidence de la place des Indiens du continent américain dans l’Eglise catholique comme « sel et lumière de la terre »: à Mexico, il s’est en effet adressé à ceux qu’il appelle: « Frères et sœurs bien-aimés de toutes les ethnies du Mexique et d’Amérique ».

Ainsi, non seulement « l’Eglise est avec les Indiens », comme le titrait en Italie le « Corriere della Sera » de mercredi, et défend leurs droits inaliénables, mais les Indiens sont dans l’Eglise, avec la richesse culturelle de leurs ethnies, ils sont l’Eglise, et ils offrent aux fidèles de l’Eglise universelle des modèles de sainteté à imiter.

« Frères et sœurs bien-aimés de toutes les ethnies du Mexique et d’Amérique, disait le pape dans son homélie, au pied de l’image de la Vierge de Gadalupe avec ses traits de jeune métisse, de « Morenita », en exaltant aujourd’hui la figure de l’Indien Juan Diego, je désire vous exprimer à tous la proximité de l’Eglise et du pape, en vous embrassant avec affection, et en vous exhortant à surmonter avec espérance les difficiles situations que vous traversez ».

De Kateri, la bienheureuse du Canada, donnée en modèle aux jeunes de la JMJ à saint Juan Diego Cuauhtlatoatzin – « Aigle qui parle », en Náhuatl – offert en exemple à toute l’Eglise, en passant pas les « Indios » du Guatemala, Jean-Paul II a tourné les yeux de tous les membres de l’Eglise, de la société civile et des autorités politiques sur la réalité de ces peuples indigènes. Enfin, le pape présidera jeudi 1er août, en la basilique de Guadalupe, la béatification de Juan Bautista et Jacinto de los Ángeles, pères de famille, et chrétiens indigènes martyrs, assassinés en 1700.

A Toronto, au terme de la JMJ, dimanche 28 juillet, Jean-Paul II a redonné la Bienheureuse Kateri Tekakwitha comme modèle aux jeunes indigènes d’Amérique du Nord qu’il a reçu en fin d’après-midi. Il leur a remis un souvenir à déposer sur la tombe de la jeune Iroquoise qu’il a béatifiée en 1980.

« Je salue le groupe de jeunes indigènes qui proviennent de la région de la Bienheureuse Kateri Tekakwitha, disait Jean-Paul II. Avec justesse, vous l’appelez « kaiatano » (« très noble et très digne personne »): qu’elle soit pour vous un modèle, vous montrant comment les chrétiens peuvent être sel et lumière de la terre! »

Au Guatemala et au Mexique, ces cultures ont eu une place importante au sein même de la liturgie.

Mardi 30 juillet, lors de la canonisation de Pedro de San José de Betancur, l’Evangile (Mt 25) a été lu à la fois en espagnol et dans la langue locale.

Au Guatemala, terre maya, le pape disait son « estime » et sa « proximité » aux peuples indigènes: « Le pape ne vous oublie pas », disait-il.

Jean-Paul II a insisté sur la façon dont le nouveau saint a lui-même « traversé les océans » pour venir se mettre au service des populations indigènes.

Jean-Paul II affirmait, en présence des responsables politiques de huit pays d’Amérique centrale et devant les télévisions et les radios du monde, le droit des peuples indigènes à la justice, au développement intégral et à la paix, et appelait à « la reconnaissance effective des droits inaliénables » et de la dignité de la personne.

« Je désire aussi exprimer mon estime et ma proximité aux nombreux indigènes, affirmait Jean-Paul II. Le pape ne vous oublie pas et, admirant les valeurs de votre culture, vous encourage à surmonter avec espérance les situations, parfois difficiles que vous traversez. Construisez l’avenir avec responsabilité, travaillez au progrès harmonieux de vos peuples! Vous méritez le respect et vous avez le droit de vous réaliser pleinement dans la justice, le développement intégral et la paix ».

Au Mexique, le pape donnait son premier saint indien en la personne de Juan Diego. La ville de Mexico même, l’antique Tenochtitlán (« Ville de la Lumière ») a été fondée en 1325 par la tribu Mexica.

La ville occupe en effet l’emplacement d’un lac, à 2.240 m d’altitude. Les Aztèques avaient relié plusieurs îlots pour former une seule assiette bâtie, puis il asséchèrent la lagune et rattachèrent les habitations à la terre.

Lorsque Cortes la détruisit, en 1521, elle était la capitale de l’empire aztèque.

Or, dix ans plus tard, en 1531, la Vierge Marie elle même n’a-t-elle pas choisi de faire de Juan Diego son messager, au point que l’image du saint est encore visible aujourd’hui dans l’œil de la Vierge imprimée miraculeusement sur la cape de l’Indien, précieusement conservée – intacte! – dans la nouvelle basilique de Guadalupe.

La liturgie de canonisation laissait la place aux danses, aux chants et aux musiques des Indiens, à leur culture. Le pape y évoquait aussi tous les « Indios » du continent américain.

« Le Mexique a besoin de ses indigènes et les indigènes ont besoin du Mexique », affirmait Jean-Paul II en présence du président de la République, Vicente Fox: des acclamations lui répondait, dans une assemblée pourtant plus réservée que celle des JMJ.

Le pape expliquait en citant le Ps 32: « Le Seigneur regarde du haut du ciel et voit tous les hommes, avons-nous proclamé avec le psalmiste, confessant encore une fois notre foi en Dieu qui ne fait pas de distinction de race ou de culture. Juan Diego, en accueillant le message chrétien sans renoncer à son identité indigène, a découvert la profonde vérité de son humanité, dans laquelle tous sont appelés à être des fils de Dieu. De cette façon, il a facilité la rencontre féconde de deux mondes et il est devenu le protagoniste de la nouvelle identité mexicaine, intimement unie à la Vierge de Guadalupe, dont le visage métisse exprime la maternité spirituelle qui embrasse tous les Mexicains. A travers lui, le témoignage de sa vie doit continuer à donner vigueur à la construction de la nation mexicaine, à promouvoir le fraternité entre tous ses enfants, et à favoriser toujours davantage la réconciliation du Mexique avec ses origines, ses valeurs et ses traditions ».

Juan Diego, un saint pour un « Mexique meilleur », insistait le pape: « Cette noble tâche d’édifier un Mexique meilleur, plus juste et solidaire, continuait Jean-Paul II, requiert la collaboration de chacun. Il est en particulier nécessaire de soutenir aujourd’hui les indigènes dans leurs aspirations légitimes, en respectant et en défendant les valeurs authentiques de chaque groupe ethnique. Le Mexique a besoin de ses indigènes et les indigènes ont besoin du Mexique ».

Le cardinal Norberto Rivera Carrera, archevêque de Mexico, avait auparavant demandé au pape sa bénédiction pour les populations indigènes, lançant lui aussi un appel à la reconnaissance de leurs droits.

Dans leur analyse du message des apparitions, les évêques du Mexique notent: « Le message du Christ, par sa mère, a repris les éléments centraux de la culture indigène, les a purifiés et leur a donné la signification définitive du salut « .

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel