CITE DU VATICAN, Mardi 30 juillet 2002 (ZENIT.org) – Une jonchée de tapis multicolore, mis bout à bout tout au long des cinq kilomètres séparant l’aéroport de la ville de Guatemala à la nonciature: les enfants de toutes les écoles du pays avaient préparé pour Jean-Paul II ce signe bariolé de leur « merci »! « Merci d’être venu ». D’emblée, lundi soir, Jean-Paul II plaidait pour la « paix et la réconciliation » et pour le respect de la « dignité » humaine.
Longtemps en effet, les media avaient annoncé que la santé de Jean-Paul II ne lui permettrait pas de venir. Alors, sur le trajet de la « papamobile », lundi soir, la foule était en liesse et le dispositif de sécurité imposant. Une colombe blanche juchée sur le capot de la « papamobile » accompagnait le lent cortège.
Les enfants des écoles de tout le pays avaient en effet préparé pour Jean-Paul II ce petit tapis de bienvenue et de gratitude.
Pour les populations indigènes, ce geste constitue aussi une « forme de prière », « d’action de grâce à Dieu » pour la visite du Successeur de Pierre.
Et la fanfare militaire exécutait pour le cortège papal l’hymne qui se joue sur le passage du Saint-Sacrement.
La foule était nombreuse: la journée avait été décrétée chômée dans tout le pays, au moins jusqu’au départ de Jean-Paul II pour Mexico.
L’accueil des autorités n’avait pas été moins chaleureux, auparavant à l’aéroport.
Jean-Paul II y était arrivé de Toronto à 15 heures, heure locale, après cinq heures de vol, soit un parcours de 3 398 km.
Jean-Paul II a été accueilli par le Président de la République du Guatemala, M. Alfonso Portillo Cabrera, et sa femme, mais aussi par les plus grandes autorités des pays d’Amérique centrale: les présidents du Salvador, du Honduras, du Nicaragua, du Costa Rica, du Panama, et de la République dominicaine, ainsi que par le Premier Ministre du Belize, et une délégation du gouvernement autonome des Canaries, d’où venait le saint, et du gouvernement espagnol. Tous assisteront à la canonisation du frère Pedro de San José, lui conférant une dimension internationale.
Les évêques du Guatemala, dont l’archevêque de Guatemala, Mgr Rodolfo Quezada Toruño, et le Nonce apostolique Mgr Ramiro Moliner Inglés, le corps diplomatique et des personnalités telles que le maire de la ville, étaient présents à l’arrivée de Jean-Paul II.
Le président actuel, diplômé en sciences politiques, en droit et en sciences sociales, a été journaliste et professeur à l’université. Il est politiquement issu de la Démocratie chrétienne et assume la charge de la présidence depuis le 1er janvier 2000.
Pour répondre à l’appel de Jean-Paul II il a imposé une suspension des exécutions capitales et annoncé une nouvelle législation en vue de l’abolition de la peine de mort dans le pays.
Dans son discours, il insistait sur la dimension sociale du « pardon » et de la « réconciliation », sur le désir du gouvernement de faire avancer le pays sur le chemin de la « démocratie » et de la « solidarité », dans un pays à la fois multi-ethnique et multi-culturel.
Il saluait la venue du pape comme signe par excellence de cette « réconciliation » et « don de Dieu » pour le pays. Il disait sa volonté de combattre les « inégalités », de promouvoir la distribution de terre aux paysans pauvres, et le « travail responsable » de la part des autorités.
Il achevait son discours en affirmant: « Ce peuple vous aime fortement. Merci ».
Il s’agit de la troisième visite de Jean-Paul II au Guatemala, après celles de 1983 et 1996. D’emblée, Jean-Paul II a évoqué la situation des indigènes, des paysans pauvres, mais aussi des malades, des marginaux, de tous ceux qui souffrent, moralement ou physiquement.
« Demain, je proclamerai saint le frère Pedro de Betancur, qui a été l’expression de l’amour de Dieu pour son peuple, déclarait Jean-Paul II. Cette célébration sera un vrai moment de grâce et de renouveau pour le Guatemala. En effet, l’exemple de sa vie et l’éloquence de son message constituent un apport important à la construction de la société qui s’ouvre maintenant aux défis du IIIe millénaire. Je souhaite ardemment que le noble peuple guatémaltèque, assoiffé de Dieu et de valeurs spirituelles, aspirant à la paix et à la réconciliation, en son sein comme avec les peuples voisins et frères, de solidarité et de justice, puisse vivre et jouir de la dignité qui lui revient ».
Le pape s’est aussi d’emblée recommandé « à la protection du Christ d’Esquipulas », vénéré comme « miraculeux » dans la basilique du même nom, près de la frontière du Honduras, et dont la fête, le 15 janvier est une festivité nationale.
Le pape accordait sa bénédiction à tous, en « en particulier, disait-il, aux pauvres, aux indigènes et aux paysans, aux malades et aux marginaux, et de façon toute spéciale à ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur esprit ».
Rappelons que le Guatemala a été au cœur de la civilisation des Mayas, qui connut son apogée entre le Xe et le XIIe siècle.
Conquis en 1523 par Cortès, le pays demeura sous la domination espagnole jusqu’à son indépendance en 1821. Proclamée République en 1839, le pays subit le coup d’Etat militaire de1954 contre le président Arbenz Guzmán et sa politique de réforme agraire. Jusqu’en 1985, les régimes militaires ne purent venir à bout de la guérilla indigène. Ce n’est que depuis 1996, que le gouvernement et l’Union révolutionnaire nationale ont signé un accord de paix.
Touchée par divers séismes, la ville de Guatemala a été rebâtie en 1917 et 1918. Parmi les principaux monuments, dans la partie la plus ancienne de la ville, « Guatemala Antigua », se trouve l’église Saint-François, où repose le nouveau saint.
Le diocèse de Guatemala compte près de trois millions d’habitants dont 70% de catholiques, 125 paroisses et 47 missions, 96 prêtres diocésains et 325 prêtres religieux, 579 religieux non prêtres et 1 128 religieuses, 92 écoles et 89 centres d’aide.